Un instant
solligansaden
Aujourd’hui, je me suis baigné dans le gris.
Le gris-brun de la plage, le gris-vert de la mer, le gris-bleu du ciel, le gris-noir des rochers.
La brume m’environnait et avec elle le silence.
Même les vagues se faisaient silencieuses, s’échouant le plus discrètement possible sur le sable. Quelque fois l’une d’elle, plus impétueuse que les autres, rompait se calme et comme surprise par son propre bruit, semblait se retirer plus loin, voulant se faire oublier.
Je plongeais dans une douce tristesse comme je plongeais dans ce gris.
L’eau était limpide, le ressac de la mer peu violent laissant le sable en paix. On voyait les roches et les algues danser mollement.
Je regardais ce va et vient avec l’envie d’y participer, de me laisser porter moi aussi, de m’y dissoudre, de n’être plus que ce calme, ce silence humide, cotonneux.
Un instant. Une éternité suspendue.
Rester à tout jamais dans le jour qui n’est plus et la nuit qui n’est pas encore.