un jeune homme, mais tout nu
My Martin
L'ordre de Sainte-Ursule est un ordre religieux catholique fondé en novembre 1535 à Brescia en Lombardie (Italie) par sainte Angèle Mérici (1474-1540). Il se consacre principalement à l'éducation des filles, ainsi qu'aux soins des malades et des nécessiteux dans de nombreuses maisons -les couvents des Ursulines
Au XVIIe siècle, le rayonnement des ursulines se répand en Amérique du Nord, puis rapidement au monde entier
Vague de possessions démoniaques dans les couvents des Ursulines
1609 à 1611. Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône)
1632-1637. Loudun (Vienne)
1642 à 1647. Louviers (Eure)
1658 à 1663. Auxonne (Côte-d'Or)
La sorcellerie est plutôt un phénomène rural
Les affaires célèbres concernent des cas de possession urbaine, sur des religieuses du même ordre, les ursulines
Contre-Réforme. Reconquête de l'Église catholique romaine
Des hommes s'opposent à la chasse aux sorcières
Les " anti-possessionnistes". Les médecins anti-possessionnistes ne nient pas le diable, mais ils allèguent à « l'agitation des nonnes », des causes naturelles
Les juges, qui ne croient plus en l'omnipotence de Satan
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1609 à 1611. Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône, à 32 kilomètres au nord de Marseille)
Louis Gaufridy, curé des Accoules (quartier de Marseille) 1572-1611
Il loge en ville. Un homme fort enjoué, aimant la bonne chère
Madeleine de Demandolx de la Palud 1596-1670 fait partie de ses filles spirituelles, qui le rejoignent chaque soir. Le prêtre abuse de ses jeunes recrues
1609. Bientôt, les religieuses ursulines Madeleine de Demandolx de la Palud et Louise Capeau se déclarent ensorcelées par la faute de Louis Gaufridy, moine bénédictin de Saint-Victor de Marseille et curé des Accoules
Trois autres religieuses se déclarent possédées par des démons. A la fin de l'année 1609, huit religieuses
Enquête, procès, torture. Louis Gaufridy signe des aveux
Le prêtre se rétracte. La confession signée et le pacte d'allégeance sont des preuves suffisantes. Pour le Parlement d'Aix-en-Provence, il n'est plus temps de tergiverser. 1611. Coupable de magie, sorcellerie, impiété, abominable luxure, le prêtre (39 ans) est condamné au bûcher
30 avril 1611. Exécution de l'arrêt du Parlement de Provence
Tête et pieds nus, une corde autour du cou, Gaufridy demande pardon à Dieu. Il est livré à ses bourreaux
30 avril 1611. Escorté par les archers, pendant cinq heures, Gaufridy est traîné par les rues d'Aix. Place des Prêcheurs, le lieu d'exécution. Au moment où il monte sur le bûcher, la grâce d'être étranglé lui est accordée
Madeleine et Louise Capeau sont exclues du couvent. Madeleine reste sous la surveillance de l'Inquisition. Exilée loin de Marseille, assignée à résidence à Châteauvieux (Var), à 28 km de Castellane (Alpes-de-Haute-Provence)
1642 puis 1652. Des décennies après le supplice de Gaufridy, Madeleine est de nouveau accusée de sorcellerie. Elle se défend avec énergie. Au cours de son second procès, la marque du diable est trouvée sur son corps
Madeleine est condamnée à la prison perpétuelle
Elle est libérée à un âge avancé. Confiée à la garde d'un parent
Elle meurt à Châteauvieux en 1670, à l'âge de 74 ans
Contagieuse, la folie des ursulines d'Aix gagne en Provence, nombre de couvents de filles. Pleines de diables, les nonnes se livrent à d'étranges convulsions
Contexte de foi chrétienne intense. Persistance des superstitions
1614. Cassis (Bouches-du-Rhône)
Trois femmes vivent en marge. Des "masques" ("masco", sorcière)
Donne Figonnière, Donne Tripière et la Grosse Coiffe
Condamnées au bûcher (devant l'actuel office du tourisme)
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1632-1637. Loudun (au nord du département de la Vienne. Poitou-Charentes)
Entre 1630 et 1634. Les possédées de Loudun
Fin XVIe siècle - début XVIIe siècle. Place protestante, Loudun connaît l'une des périodes les plus fastes de son histoire
Catholiques et protestants se partagent la cité et œuvrent à sa prospérité
Urbain Grandier naît autour de 1590 à Bouère, en Anjou (Mayenne, Bas-Maine)
1615. Il est ordonné novice chez les Jésuites
A vingt-sept ans, Urbain Grandier obtient sa première cure. L'église Saint-Pierre-du-Marché, à Loudun
En même temps, nommé chanoine de l'église royale et collégiale de Sainte-Croix de Loudun. Le poste échappe au carme Jean Mignon -ennemi d'Urbain Grandier
Marqués par sa liberté de ton, les sermons d'Urbain Grandier attirent les foules à l'église Saint-Pierre-du-Marché
Le poète Scévole de Sainte-Marthe, le journaliste Théophraste Renaudot, l'astronome Ismaël Boulliau, sont proches du prêtre Urbain Grandier
Probable vicaire d'Urbain Grandier pour la paroisse de Saint-Pierre-du-Marché, Ismaël Boulliau. Grandier est un homme « qui a de grandes vertus mais accompagnées de grands vices, humains et néanmoins naturels à l'homme »
Le poète Scévole de Sainte-Marthe introduit le prêtre dans la bonne société loudunaise
29 mars 1623. Urbain Grandier écrit l'oraison funèbre de Scévole de Sainte-Marthe, remarquée par les érudits
Libertin, Urbain Grandier collectionne les conquêtes féminines. Il séduit Philippe, la fille du procureur du roi, Louis Trincant 1571-1644. La rumeur publique prétend qu'elle est enceinte. Louis Trincant hait Grandier
Grandier séduit Madeleine de Brou (née en 1594), orpheline de bonne naissance
Il écrit un traité du célibat des prêtres. Fortement inspiré par les théories protestantes sur le mariage
Jeanne de Belcier (1602-1665). Jeanne des Anges, la prieure des ursulines, propose la direction de conscience de son couvent à Grandier. Il décline la proposition
Le chanoine Jean Mignon accepte la charge
Jeanne des Anges. Les ursulines sont possédées par le diable
Pendant leurs crises de délire, elles évoquent le nom de Grandier, il a pactisé avec le diable
Octobre 1633. Le chanoine Jean Mignon conduit les premiers exorcismes. Urbain Grandier est le sorcier
Tous les jours, les séances se tiennent dans les églises de Loudun. Convulsions, langues inconnues, blasphèmes
1633. Parent de Jeanne des Anges, le sinistre Jean Martin de Laubardemont 1590-1656 est à Loudun
Précédemment, campagne menée par Pierre de Rosteguy de Lancre. « Purger le pays de tous les sorciers et sorcières sous l'emprise des démons ». Conseiller au Parlement de Bordeaux, Jean Martin de Laubardemont a été chargé d'une commission pour faire le procès des sorciers du Béarn. Quelque cent cinquante accusés sont poursuivis. La moitié d'entre eux périssent sur le bûcher
Laubardemont est envoyé par Richelieu pour surveiller le démantèlement du château, en application de la politique royale (l'entretien des forteresses est inutile et coûteux). Urbain Grandier milite contre cette destruction
Laubardemont demande à Richelieu une information contre le prêtre. Faits de sorcellerie
Décembre 1633. Urbain Grandier est emprisonné au château d'Angers
Torture. Avec des aiguilles, piqûres en divers points du corps, à la recherche de marques insensibles -preuve de l'action du démon
Brodequins. Les jambes de Grandier sont broyées, écrasées entre des planches. Les os éclatent, la moelle jaillit
Grandier nie en bloc toutes les accusations
Les ursulines se rétractent. 18 août 1634. Condamnation à mort. Amende honorable. Le même jour, devant six mille personnes, Urbain Grandier est brûlé vif (non préalablement étranglé), à Loudun
Aujourd'hui la place Urbain Grandier, qui jouxte l'ancienne église Sainte-Croix
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Jeanne de Belcier. En religion, sœur Jeanne des Anges 1602 - Loudun, 1665. 63 ans
Famille de la petite noblesse de Saintonge. Fille de Louis de Belcier, baron de Cozes (Charente-Maritime, Royannais) et de Charlotte Goumard
Durant sa jeunesse, Jeanne a un accident entraînant une difformité à vie de sa stature
1622. Elle entame son noviciat au couvent des ursulines de Poitiers, soumises à la règle de saint Augustin
8 septembre 1623. Un an plus tard, elle prononce ses vœux perpétuels. Elle prend le nom religieux de Jeanne des Anges
Conduite inconvenante
« J'ai passé ces trois années en grand libertinage, en sorte que je n'avais aucune application à la présence de Dieu. Il n'y avait point de temps que je trouvasse si long que celui que la Règle nous oblige de passer à l'oraison »
1627. Loudun. Nouveau couvent d'ursulines, Rue du Paquin. Jeanne de Belcier fait partie du groupe des fondatrices de l'établissement. Nommée prieure
Septembre 1632. Chez elle et chez les autres religieuses, divers symptômes spectaculaires. Crises convulsives, fabulations à thèmes érotiques, interprétés comme manifestations de possessions démoniaques
Jeanne est possédée par sept démons, représentant les sept péchés capitaux
Jeanne des Anges accuse Urbain Grandier, le nouveau curé de la paroisse de Saint-Pierre du Marché, d'être un magicien. Il a tenté de la séduire, il est le responsable de la possession des religieuses du couvent
18 août 1634. Urbain Grandier (1590-1634. 44 ans) meurt brûlé vif à Loudun
Après la mort de Grandier, la supérieure des ursulines souffre toujours de signes de « possession »
20 mai 1634. Exorcisme par le père récollet Lactance. Bientôt, mort à a peine
Début 1635. Selon un éminent docteur, Jeanne des Anges présente les signes d'une grossesse. Œuvres du diable. « Jeanne des Anges expulse par son vagin les amas de sang que le Diable y a déposé »
Exorcisme. Certains démons sont expulsés. 29 novembre 1635. Pour preuve, sur le dos de la main gauche de Jeanne, l'impression en lettres écarlates du nom de « Joseph »
Exorcisme. 6 juin 1637. Sur la main gauche de Jeanne, au-dessus de celui de Joseph, le nom de « Maria »
Février 1637 et décembre 1639. Jeanne fait l'expérience d'une apparition de saint Joseph. Il laisse sur la chemise de Jeanne, des gouttes d'huile sainte parfumées. « L'onction de saint Joseph »
Jeanne est guérie. Accomplissant un vœu, elle fait un pèlerinage à Annecy. Meaux, Paris, Lyon. Prier devant le tombeau de saint François de Sales 1567-1622 au monastère de la Visitation, à Annecy
La chemise portant " l'onction de saint Joseph " opère des guérisons miraculeuses
La réputation de la sœur Jeanne s'accroît
À Meaux, Jeanne est présentée au cardinal de Richelieu. Le cardinal teste la chemise miraculeuse, pour traiter ses hémorroïdes. Sans succès
A Paris, Jeanne est présentée au roi Louis XIII et à la reine Anne d'Autriche
Tant que Jeanne en est la supérieure, la protection royale assure la prospérité du couvent des ursulines de Loudun
A Loudun « En communication avec le ciel grâce à son ange gardien », la mère supérieure dispense conseils et prophétise
Devenir sainte. 1653. Jeanne se rapproche de Madame du Houx 1616-1677 sœur Jeanne Marie Pinczon. "L'Épouse de la Croix". Saintes liaisons, influente religieuse. Pour faire avancer son dossier de béatification, Jeanne compte sur son réseau
Jusqu'en 1661. Les stigmates périodiques persistent sur les mains de Jeanne
1661. Jeanne est victime d'une attaque. Aphasique et hémiplégique du côté droit
29 janvier 1665. Quatre ans plus tard, à l'âge de 63 ans, Jeanne de Belcier meurt à Loudun. Complications infectieuses respiratoires
« Selon une coutume de l'époque, son cadavre est décapité. Avec la chemise miraculeuse, sa tête est placée dans un coffret vitré, pour qu'on puisse les honorer. Les reliques disparaissent à la Révolution »
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1642 à 1647. Louviers, Normandie, Eure
Couvent Saint-Louis et Sainte-Élisabeth des Ursulines
Au sein du couvent, à l'instigation du confesseur Pierre David, règne un climat particulier
Illuminisme. Les « illuminés du St-Esprit » ne peuvent pas pécher. XVIIIᵉ siècle en Europe. Courant de pensée philosophique et religieux. L'illumination -l'inspiration intérieure directe de la divinité ou de ce qui en émane
Adamisme. Mouvement religieux intermittent inspiré par la nostalgie de l'Éden. Connu dès le IIᵉ siècle, le mouvement atteint une relative apogée entre le XIIIᵉ et le XVᵉ siècles. « L'homme doit être aussi heureux ici-bas qu'il sera un jour dans le ciel »
Le père David. « Faire mourir le péché par le péché, pour rentrer en innocence, et ressembler à nos premiers parents, qui étaient sans aucune honte de leur nudité »
Vers 1622. 21 ans, Magdelaine Bavent (1602-1652) entre au monastère, juste fondé. 1628, sœur tourière. Elle devient la maîtresse de Pierre David
1628. Lors d'un retour de voyage à Paris, le père Pierre David décède
Remplacé par le curé Mathurin Le Picard, curé d'Acquigny, puis curé du Mesnil-Jourdain 1595-1642 qui poursuit les pratiques antérieures. Amant de Magdelaine
1623. Il publie "Le Fouet des Paillards", classification des diverses espèces de paillardises
8 septembre 1642. Mathurin Le Picard décède
1643. Les sœurs se disent possédées
L'une « tombe dans de violentes convulsions, faisant de tout son corps un arc, ayant les doigts des pieds et des mains recourbés en dedans et en dehors. Elle se roule sur le plancher, se met à péter, et rend par les parties inférieures toutes sortes d'excréments tant inutiles que nécessaires »
2 mars 1643. En la présence de l'évêque d'Évreux, les sœurs parlent en langues inconnues, blasphèment, convulsent
Des exorcismes sont pratiqués. Magdelaine
« Si j'ai péché, ce n'est que par ignorance et non par malice »
« Soit par mon peu d'esprit, soit par mon libertinage »
La vie et les actes de Magdelaine ressemblent à ceux de sœur Jeanne des Anges, dix ans auparavant (les possédées de Loudun 1632-1637). Troubles de comportement, hystérie, fabulations à thèmes érotiques, en rapport avec le contexte religieux. « Érotisme chrétien ésotérique »
1647. Condamnation, emprisonnement à perpétuité pour sorcellerie
Dans un premier temps, Magdelaine est emprisonnée à la prison d'Évreux
22 juillet 1646. A la suite du décès de l'évêque d'Évreux, François de Péricard, son confesseur, elle est dirigée vers la prison de Rouen
1652. Magdelaine Bavent meurt à Rouen, âgée de cinquante ans
Les ursulines de Louviers sont transférées dans d'autres monastères
Mathurin Le Picard, curé d'Acquigny, puis curé du Mesnil-Jourdain (Eure). Comme Urbain Grandier, considéré comme sorcier. Crimes de magie, sortilège, sacrilèges. Accusé d'actes de débauche et de profanation
Après sa mort, un procès est intenté à sa mémoire. 21 août 1647. Par arrêt du Parlement, son corps est exhumé, brûlé à Rouen sur la place du Vieux-Marché
Condamné à mort et brûlé, Thomas Boullay, vicaire du Mesnil-Jourdain
Contre-Réforme, chasse aux sorcières. Affirmation de l'État central. Lutte contre le paganisme
La sorcellerie rurale est réprimée. Justice expéditive. Pour les sorcières du petit peuple, le bûcher
En ville. Pour les religieuses de la bonne société, prison. Possibilité de rémission -Jeanne des Anges
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Les filles de bonne famille entrent au couvent à la suite d'une décision de leur famille
Pas de mariage, pas de dot
Pas d'enfants, le patrimoine familial n'est pas partagé
1658 à 1663. Auxonne, sur les rives de la Saône. Côte-d'Or, arrondissement de Dijon
Couvent des Ursulines
Autoritaire, sœur Sainte-Colombe, Barbe Buvée (45 ans) connaît Auxonne et revient au couvent
1658. Âgées de seize à vingt ans, de jeunes religieuses sont prises de convulsions. Un sorcier ou une sorcière leur a jeté un sort
Sœur Barbe Buvée est soupçonnée. Dure, peu connue. La mère supérieure du couvent la désigne comme coupable. Barbe Buvée est enfermée dans l'une des cellules du couvent
Les sœurs font des bonds prodigieux, se contorsionnent. Avec lascivité, se dévêtent. Les possédées d'Auxonne. La foule accourt de partout
Séances d'exorcisme. A l'extérieur, trois jeunes femmes vendent des légumes. Des sorcières. La foule s'échauffe. Les marchandes sont lynchées
L'officialité, le tribunal ecclésiastique, engage une procédure
Le Parlement de Dijon. Bénigne Legoux mène l'enquête. Il questionne, recoupe, note. Dans les cellules des religieuses, des livres narrent par le menu, l'affaire des possédées de Loudun. Bénigne Legoux rédige un rapport de cinq cents pages, conservé à Dijon
Conclusion. Les sœurs sont des affabulatrices. Pas de possession diabolique
Protestations. Ordre de Versailles, contre-enquête
L'évêque de Chalon-sur-Saône est requis. Conclusion. Possession diabolique
Parlement de Paris. Scepticisme
Barbe Buvée quitte Auxonne pour un autre monastère. Les religieuses sont transférées dans différents couvents
1663. L'affaire traîne. Les esprits s'apaisent
Les jeunes prêtres rendaient visite aux religieuses. Barbe Buvée voulait mettre fin à ces pratiques
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La sorcellerie se définit comme la pratique magique en vue d'exercer une action, généralement néfaste, sur un être humain
Après une longue action juridique du Parlement de Paris, la décriminalisation de la sorcellerie a été permise par l'édit de juillet 1682
1679-1682. Règne de Louis XIV. L'affaire des poisons
Édit pour " la punition des différents crimes, notamment des empoisonneurs, ceux qui se disent devins, magiciens et enchanteurs, et portant règlement pour les épiciers et apothicaires "
Pour la justice française, la sorcellerie n'est plus considérée comme un crime