Un livre ouvert

Il y avait un livre ouvert,

Il fallait l'écrire en vers,

Mais la patience, je la perds.

Il fallait lire les pages,

Ce qui m'enrage,

C'est de courir comme un comique après les nuages.

Et de rêver, romantique, sur la plage.

Il y avait les mots au fond du papier,

Sur lequel, on dirait, j'ai renversé mon sucrier,

D'où le goût je trouve sur ma langue assez mielleux.

Il y avait des brindilles à la page trente-deux où l'on était si amoureux.

Il y avait des mots égarés à la page trente-huit où j'ai pris la fuite.

Il y a une photo à la page du milieu.

Il y avait nos deux coeurs liés à la première page, notre amour sauvage.

Aux pages souriantes, nous nous sommes noyés dans la passion.

Notre rencontre était une évasion.

Il y a tant de chapitres que j'aimerai relire sans te le dire.

Il y a des pages qui ressemblent à des brouillons, où nos coeurs sont encore des maillons.

Il y a tant de pages que tu n'as pas lus, moi non plus.

Il y a des mots que tu n'as pas compris,

Dans mon charabia moi même je n'ai rien appris.

C'était difficile de tourner les pages,

Celles où l'on a mis des mirages.

Dans la page vingt-deux, j'avais déja froid, j'étais sous des nuages brumeux.

Allons à la page soixante-six, j'ai mis tous mes vices.

Racontes-moi la page où j'ai dessiné des paysages.

Celle où on a vogué sur un rayon de soleil.

Celle où dans tes yeux je vois des merveilles.

J'ai fait un bouquet de feuilles blanches sur lesquelles je n'ai rien écris.

Tournes vite les pages, celles qui parlent de colère, de mes rages, de mes bleus à l'âme.

Déchires la page, celle où j'ai écris les mots avec une lame.

Il y a des ratures,

Il y a des blessures,

Même dans le titre de la couverture.

Corinne Fontaine