Un mariage inattendue

Mathilde Gallais

Nouvelle : Un mariage inattendu.

-              C’est toujours non ! s’exclama, soudainement, une voix sortant d’une petite librairie.

-              Mais... S’il te plait ! répondit une autre voix, plus aigüe cependant.

Un jeune homme remontait rapidement la rue, suivie d’une jeune femme lui ressemblant comme deux gouttes d’eau, il se retourna vivement pour la regarder.

-              Tu vas arrêter de me suivre ! tonna-t-il.

-              On habite ensemble et c’est la seule rue je te rappelle. Répondit-elle au tac au tac.

-              Oui ben ... commença le jeune homme. Bref ! ajouta-t-il ne sachant que répondre.

Sa sœur sourit d’un air victorieux sans qu’il ne le voit. Ils arrivèrent rapidement en bas de leur immeuble. Leur dispute reprit de plus belle une fois là-haut.

-              Mais je t’assure que c’est trois fois rien !

-              Trois fois rien ?! Tu te fiche de moi au moins ?

-              Oui ! Enfin ... Je veux dire non ! j’ai besoin de toi Léo … le supplia la jeune femme avec un regard auquel il ne résistait jamais.

-              J’y réfléchirais … Finit-il par avouer. Ne souris pas de cette façon ! grogna Léo après un moment. Je n’ai pas encore dit oui !

Marlène sourit plus largement encore avant de simuler une toux pour cacher ce fameux sourire, très peu modeste qui étirait encore ses lèvres alors que son frère lui jetait un regard noir.

Quelques jours plus tard, les deux jeunes gens se trouvaient dans une immense boutique. Léo ne cessait de soupirer, alors que sa jumelle s’étouffait presque tellement elle riait.

-              J’ai l’air ridicule … soupira Léo en bougeant sans grâce le tissu blanc qui le couvrait.

-              Mais non ! Tu es très belle … BEAU ! Je veux dire, tu es très beau. rectifia rapidement Marlène en riant de plus belle.

Seul un grognement lui répondit. Alors que Léo s’observait dans la glace, une vielle dame entra à son tour dans la petite boutique, elle sourit tendrement en voyant Léo de dos.

-              Elle est  sublime votre robe mademoiselle, dit l’inconnue d’une voix chevrotante.

Le jeune homme se tourna vers la vielle dame et de sa voix grave lui dit qu’il préférait  toujours qu’on l’appelle Monsieur. Ce qui provoqua un nouvel éclat de rire de la part de sa sœur qui réussit quand même à s’exprimer :

-              Ne vous inquiétez pas, c’est juste qu’il n’assume pas encore totalement ! dit-elle, avant de s’écrouler de rire, tant dit que la pauvre vieille femme ouvrait de grand yeux.

Léo leva les yeux au ciel et partie se changer en priant pour que sa sœur s’étouffe de rire et que cette pauvre femme arrête de le regarder comme si il avait la peste. Dans quoi s’était-il encore laissé embarquer ?!

La torture avait assez duré, ainsi le jeune homme laissa à Marlène le soin de ramener les paquets, il disparut ensuite au coin de la rue alors que la jeune femme continuait de déambuler à travers les rues dont l’éclatante lumière blanche illuminait son visage souriant, elle se laissa aller à la rêverie en pensant à l’homme qu’elle aurait dû épouser, elle rit légèrement en pensant que ce pauvre homme ne s’attendait sans doutes pas à ce qu’elle préparait.

Pourquoi ? Pourriez-vous demander. C’est vrai, qu’a fait cet homme pour être ainsi abusé ? Au risque de vous étonner, absolument rien. C’est un homme honnête, sans casier judiciaire, sans aucun défaut apparent, à qui la seule chose que l’on peut reprocher et son manque de danger. L’explication est donc bien plus complexe et se résume à un mot : l’amour.

Marlène n’aime pas cet homme que ses parents lui ont choisi.

-              A l’époque d’aujourd’hui, c’est assez paradoxal, on vit dans un monde ou l’amour n’a plus d’intimité. Et moi, je ne peux même pas choisir ! pensa-t-elle en secouant la tête d’un air triste.

Léo tournait en rond dans l’appartement sans parvenir à penser clairement.

-              Mais qu’est ce qui m’a pris … désespéra-t-il en se laissant lourdement tomber sur une chaise.

C’est le moment précis que choisit sa sœur pour rentrer avec un immense sourire, qui aux yeux du jeune homme n’annonçait rien de bon.

-              J’ai une bonne nouvelle ! s’exclama Marlène.

-              Oh vraiment ? ironisa Léo, laisse-moi deviner, il y a eu un catastrophique accident et ton prétendant a du rapidement être transporter au Pérou pour être soigné par le premier lama médecin ?!

-              Tu as vraiment une drôle d’imagination … enfin bref ! J’ai l’honneur de t’annoncer que ce soir tu as rendez-vous !

-              Avec le lama ?

Marlène leva les yeux en ciel mais resta inlassablement souriante :

-              Aller debout ! Faut qu’on aille … T’arranger un peu.

Sur ce, elle attrapa le bras de son jumeau et le tira en direction de la salle de bain.

Une heure plus tard, on pouvait entendre sur plusieurs arrondissements de nouveau les éclats de rire de la jeune femme.

-              J’ai l’air ridiculement idiot … grogna Léo en se regardant.

Il fallait avouer qu’avec sa longue robe noir, une perruque brune et toutes les autres petite choses … Sa féminité était évidente … Pour quelqu’un d’aveugle sans doutes.

-              Il va tout de suite comprendre ! S’exclama le jeune homme en se retournant d’un geste sec, ce qui eut pour effet de faire tourner la perruque trop violemment, ainsi Léo se retrouva momentanément aveuglé. Bon dieu ! Jura-t-il en retirant la perruque avec rage.

-              La perruque c’est peut-être pas une bonne idée … Exposa Marlène, en se mordant le coin des lèvres pour ne pas sourire de nouveau.

-              Franchement ? Je t’offre l’oscar de la pire idée …

Les rues de Paris étaient bondées, les deux jeunes gens avaient abandonnés leurs taxi et continuait joyeusement leur route vers le lieu de rendez-vous, ce qui dura à peine quelques minutes.

-              Je crois que c’est là … murmura Marlène en plissant les yeux pour lire le nom du restaurant.

-              Tu crois ?! interrogea Léo en ouvrant de grands yeux.

-              Je ne suis jamais venue ! se défendit la jeune femme.

-              Mais t’avais que ça à faire !

-              Ben j’y suis là !

-              Tu crois y être ! Nuance. Rectifia Léo.

Alors que sa jumelle ouvrait la bouche pour riposter de nouveau, un serveur sortit et leurs annonça avec un faux sourire :

-              Bienvenus ! Vous avez une réservation ?

-              Non, grogna Léo. Je veux dire oui. Se reprit-il alors que sa sœur, venait de lui donner un coup de coude.

-              Prend une voix moins grave, tu vas passer pour un travestie la… Murmura Marlène en levant les yeux au ciel.

Le serveur repartit une fois qu’il leur eu montré leurs table.

-              Tiens, tu mets ça dans ton oreille. Commença Marlène en lui donnant un minuscule écouteur. Je ne serai pas loin, à quelques tables a peine. Surtout, ne paniques pas, et pense à prendre une voix un peu aigue ! ajouta rapidement la jeune femme en jetant frénétiquement des regards un peu partout dans la salle, afin de s’assurer que l’homme n’était pas encore là.

Le jeune homme acquiesça et s’assit en prenant une grande inspiration. C’était le moment, un seul faux pas et ils seraient surement tous les deux déshérités. Une bonne dizaine de minutes passa sans que personne n’apparaisse.

-              Si, c’est pas ici. Je te jure que je te torture en rentrant. Murmura Léo.

-              Regarde à ta droite, ton prétendant arrive ! lui répondit une voix sortant de l’écouteur.

-              Eh m..

-              Et ne jure pas ! le coupa Marlène.

Léo n’eut pas le loisir de lui répondre, le serveur amenait déjà l’homme vers lui. Il tenta un doux sourire, tout ce qu’il y a de plus charmant mais :

-              Arrête de sourire tu vas lui faire peur. Ricana la jeune femme juste à son oreille.

Le jeune homme secoua la tête et se leva pour accueillir l’homme

-              Bonsoir. Dit-il avec la même froideur qui fit jadis couler le Titanic.

-              Attention Jack, si tu ne bouges pas, tu vas finir au fond de l’océan ! murmura Marlène.

-              Chut toi ! répondit tout bas Léo.

-              Pardon ? dit l’homme.

-              Mais non pas vous ! s’énerva le jeune homme déguisé.

-              Oh, je vois. Vous parlez toute seule ? Votre mère m’avait dit que vous étiez désespérée mais à ce point ! se moqua l’inconnu.

-              Je vais la tuer ! s’indigna la jeune femme.

L’homme s’assit sans prendre, ne serait-ce que le temps de se présenter.

-              Eh bien, qu’attendez-vous pour vous assoir ?

-              Que vous soyez poli peut-être ? répondit automatiquement Léo.

-              Pardon ?

-              Non. Rien.

Léo s’assit à son tour sans aucune douceur.

-              Léo ? Une femme se doit d’être, un minimum, élégante et ton mouvement était tout … Sauf élégant. Désespéra Marlène.

-              Alors. Puis-je, à présent, connaitre votre nom Monsieur ? Demanda Léo.

-              Carl. Répondit rapidement l’inconnu.

-              On ne peut pas dire que vous soyez des plus loquaces. Rétorqua le jeune homme.

-              Je préfère ne pas m’embarrasser de choses aussi futiles que toutes les banalités qui sortiront sans doute de votre bouche toute la soirée. Vous parlez déjà assez pour deux.

-              Quel homme charmant ! Ironisa Marlène.

Léo haussa les sourcils sans même répondre sous le coup de la surprise. «  Mais quel con ! » pensa-t-il cependant. Le serveur arriva alors pour prendre leurs commandes ce qui les empêcha de continuer leurs discussion, pourtant ô combien sympathique. Après une demi-heure d’intense silence, le serveur revint avec leurs plats.

-              Vous n’avez pas un plat, qui ne me ferai pas penser a de la nourriture pour chien errant par hasard ? s’exclama Carl d’une voix hautaine.

-              Bien sûr Monsieur, veuillez nous excusez. S’empressa de répondre le serveur avant de repartir avec l’un des deux assiettes.

-              Pourquoi vous me regardez comme ça vous ? ajouta l’homme en regardant Léo.

-              Bon. On arrête le massacre, dit lui que … Tu vas te repoudrer le nez tiens ! Lui dit Marlène en se levant discrètement.

-              Mais je me drogue pas … murmura Léo alors que l’homme regardait ailleurs avec un air de profond dégout.

-              Idiot ! Dit lui. Et viens me rejoindre.

-              Bon. Carl ? Je vais … Hm, me prendre une dose. Expliqua Léo avant de se lever et de partir trop rapidement pour que l’homme ne réagisse.

-              Droguée en plus ? Heureusement qu’elle est riche, murmura-t-il cependant.

Léo traversa toute la salle en direction des toilettes pour y retrouver sa jumelle. Alors qu’il se dirigeait vers celles pour hommes, une voix résonna à son oreille :

-              Non, l’autre.

D’un léger mouvement il changea donc sa trajectoire pour rejoindre sa sœur.

-              Comment t’as su ? demanda - t-il en entrant.

-              Tu es Léo. Répondit simplement Marlène en souriant puis elle le poussa dans une des cabines pour continuer la conversation. Trèves de plaisanterie. Cet homme est immonde ! ajouta-t-elle alors.

-              Je ne te le fais pas dire. J’ai l’impression de manger avec Lénine. Grogna Léo.

-              Et encore. C’est une insulte à Lénine. On n’arrivera jamais à lui faire annuler le mariage ! Même à nous deux on est moins exubérant que lui !

-              Faudrait y retourner là non ? demanda Léo en regardant une montre imaginaire.

-              Oui je crois.

Ils sortirent à la suite de la cabine et se retrouvèrent en face des deux femmes qui discutaient joyeusement. En les voyants, elles s’arrêtèrent alors et les regardèrent avec un air dépité.

-              Vous voulez notre photo ? Gronda le jeune homme en sortant rapidement, tandis que, sa sœur elle souriait.

-              Vous savez. Elle est très douée, je vous la conseille ! ajouta-t-elle en sortant rapidement avant d’éclater de rire.

-              Qu’est-ce que tu as encore dit ? Demanda Léo avec un air suspicieux.

-              Rien du tout ! S’indigna la jeune femme.

Ce n’est qu’en voyant les deux femmes ressortirent avec un air choqué qu’il comprit.

-              Mon dieu. Pitié si tu existes, sort moi d’ici ! pria-t-il alors que le jeune homme avec un air dépressif.

-              Je suis désolé, je ne suis pas en service ce soir. Lui répondit Marlène avec un sourire innocent.

Ils retournèrent alors, chacun a leurs places.

-              Vous en avez mis du temps ! J’ai failli attendre. Fit remarquer Carl alors que Léo s’asseyait avec plus d’élégance que précédemment.

Le jeune ne répondit pas et sourit au serveur qui revenait avec le plat de Carl.

-              Je ne payerai pas pour un service aussi médiocre ! lança ce dernier avec un air encore plus arrogant.

-              Mon dieu. Mais c’est une caméra cachée ou quoi ?! murmura rageusement Marlène.

Léo secoua la tête et finit son plat sans un mot, mieux valait-il éviter de parler à l’homme en face de lui. Le repas se passant donc entre les remarquer acerbes de Carl, les excuses du serveur et les remarques sarcastique de Marlène qui ne s’en privait pas, faisait parfois pouffer de rire son jumeau.

Vient enfin le temps des aux revoir au grand soulagement des clients du restaurant et de leurs employés.

-              PLUS JAMAIS ! Tu m’entends ? Plus jamais. Ce type est affreux ! cria presque Léo en arrivant dans l’appartement.

-              Comment elle peut dire que c’est moi qui suis désespérée ?! dit Marlène en même temps que son frère.

-              Hein ? se dirent-ils alors encore à l’unisson avant de se sourire.

Les jumeaux s’assirent sur le canapé d’un même mouvement.

-              Comment on va bien pouvoir faire ? Demande la jeune femme en tournant la tête vers son frère.

-              Je ne sais pas du tout …

-              Et si on le ... Commença-t-elle.

-              Non ! la coupa Léo.

-              Mais juste un …

-              Non j’ai dit !

Marlène soupira rageusement, son idée n’était pas si mal pourtant ! C’est vrai, c’est ainsi que les russes règles leurs problèmes, alors pourquoi pas ?

-              Arrête d’y penser. J’ai dit non. Reprit calmement Léo.

Seul un grognement lui répondit. Il fallait trouver une solution, une vraie, une qui tienne la route, comme dans les romans. Vous savez, ces plans boiteux qui finissent par marcher à merveille ? Mais rien ne venait.

Quelques jours passèrent sans qu’il n’y ait d’autres rendez-vous, seulement on ne peut rester éternellement en paix. Ainsi un samedi matin alors que les deux jeunes gens dormait paisiblement, la sonnerie stridente du téléphone les firent sursauter chacun dans leurs chambre, ce fut Léo qui finit par se lever voyant que sa sœur préférait faire la sourde d’oreille. Seulement ne parvenant pas à répondre par de simple mots il se contenta d'en marmonner quelques un qui ne ressemblait en rien à du français.

-              Léo ? demanda la voix de l’autre côté du fil.

-              Oui ?

-              Ah ! Eh bien, il serait temps. Tu as vu l’heure ?! explosa la voix.

Le jeune homme regarda son poignet, ou il n’y avait aucune montre.

-              Bien sûr ! répondit-il cependant.

-              Ta sœur est levée rassures moi ? Demanda l’interlocutrice.

-              Oui maman. Tiens elle me fait signe de te dire bonjour ! mentit Léo en levant les yeux au ciel.

-              Passe la moi alors. Je dois la prévenir pour cet après-midi.

Le jeune homme ouvrit de grands yeux, pris à son propre jeu.

-              Eh bien … C’est-à-dire … Qu’elle … Euh … Vient de partir prendre sa douche ! Oui voilà ! répondit rapidement, et avec soulagement, Léo.

-              Alors dit lui que je l’attends pour choisir les fleurs, chez la petite fleuriste en bas de chez vous. Et qu’elle soit à l’heure cette fois ! Je ne l’attendrai pas.

Sur ce, elle raccrocha sans même un au revoir.

-              Elle m’a fait me lever pour ça ?! grogna Léo en reposant sans douceur le combiné.

-              C’était qui ? demanda Marlène en baillant alors qu’elle arrivait tranquillement.

-              Maman, elle t’attend chez la fleuriste d’en bas, cet après-midi, l’informa son frère en sortant deux tasses.

La jeune femme descendit les escaliers en vitesse, elle était en retard et sa mère ne manquerait pas de le lui faire remarquer, tant qu’elle pouvait se passer des habituelles remarques elle ne s’en passera pas. Heureusement pour elle, son rendez-vous était à peine dix mètres de son immeuble. Cependant elle arriva quand même après sa mère qui discutait avec la fleuriste. Bien que discuter fut un grand mot, la vieille femme abreuvait de paroles plus qu’il n’en fallait la jeune femme qui écoutait cependant attentivement avec un doux sourire qui en fut sans doutes tomber plus d’un.

-              Bonjour ! dit Marlène en entrant un peu essoufflée.

-              Tu es en retard. Encore. Se contenta de répondre sa mère, sans même lever les yeux des fleurs qu’elle regardait. Alors comment s’est passé ton rendez-vous ?

-              C’était une ho …

-              J’étais sure qu’il te plairait, la coupa sa mère en partant explorer une autre partie du magasin.

Marlène ne s’offusqua pas, se contentant de suivre sa mère. Elle aurai pu dire n’importe quoi que cette dernière ne l’aurait pas écoutée. Quand elle avait une idée en tête, cette fichue idée y restait assez longtemps pour s’y fossiliser, autant dire que vue le nombres d’idées atroce que sa mère avait eu au long de sa vie, son cerveau devait sans doutes ressembler à un site archéologique, souriant a cette pensée la jeune femme se détendit un peu et prit plus de plaisirs à regarder les magnifiques bouquets qui l’entourait, toutes ses couleurs étaient organisés de manière très harmonieuse tout en donner l’impression qu’elles n’auraient jamais dû être mise ensemble. C’était assez étrange.

-              Elles sont belles n’est-ce pas ? lui dit la jeune fleuriste en arrivant à côté d’elle alors qu’elle contemplait un bouquet de lumineuses Lys blanches.

-              Oui ... Splendide. Lui répondit Marlène toujours absorbée par sa vision.

-              Les fleurs ont une signification vous savez ?

-              Que veulent dire celle-ci ? demanda la jeune femme en regardant enfin la fleuriste.

-              «  Je te défies de m’aimer. » Lui répondit la fleuriste en souriant avant de partir doucement vers la plus âgé de ses deux clientes laissant Marlène bouche bée. Devait-elle, en déduire quelques chose ?

Elles passèrent un long moment à choisir les fleurs, finalement la mère des jumeaux réussit à se décider, et choisit d’affreuses fleurs jaune qui selon elle, faisait ressortir son teint.

-              Vous comprenez, dit-elle à la jeune vendeuse, je ne peux décemment ne pas me montrer à mon plus bel avantage pour ce mariage !

Son interlocutrice se contenta d’acquiescer avec douceur tant dit que Marlène levait les yeux aux ciel, se demandant si sa mère ne voulait pas simplement avoir la vedette à ce qui était supposé être SON mariage.

-              Bien, je te revoie la semaine prochaine, pour le mariage donc. Tâche d’être à l’heure cette fois ! fut le seul au revoir décent que Marlène reçut de sa mère.

-              Les mères … Alors vous allez vous mariez ? demanda la fleuriste en croisant les bras, son sourire lumineux devenu un peu plus voilé.

-              Il semblerait … Soupira Marlène en caressant du bout des doigts l'une des Lys.

-              Vous n’avez pas l’air ravie.

-              C’est peu dire … Mais je n'ai pas a vous raconter ma vie …

La jeune fleuriste ne répondit pas et laissa Marlène partir en secouant la tête. Elle la connaissait depuis longtemps, enfin, elle l’avait remarquée dès son arrivé dans le quartier, elle était si belle. Tellement adorable à s’embrouiller dans ses propres paroles. Voilà des mois qu’elle la voyait passer tous les matins en courant de peur d’être en retard, sans jamais oser lui demander quand elle repassait le soir, si elle serait contre le fait d’aller boire un café. Jamais, jamais elle ne l’avait fait et aujourd’hui Marlène allait se marier. La fleuriste soupira en replaçant une mèche de cheveux bruns derrière son oreille avant de se mettre au travail, la composition de fleurs ça n’attend pas !

Le jour tant attendu du mariage arriva, les deux prétendants ayant réussis à s’éviter pour le moment, c’est aujourd’hui qu’il fallait un plan. Aujourd’hui qu’il fallait a tout prix arrêter ça.

-              Alors ! Ton plan ? demanda une voix grave derrière une large porte en chêne qui cachait au monde ce qui se trouvait derrière.

-              Eh bien. Le Pérou ? répondit une autre voix plus aigüe.

-              Ne me dit pas que tu n’en as pas ?! reprocha la première voix.

-              J’ai cherché ! je t’assure ! se défendit la deuxième.

-              Le Pérou ce n’est pas un plan ! il faut que … J’ai une idée. Sort mais laisse-moi la robe. Essaye de passer mon costume et fais toi toute petite.

La lourde porte en chêne s’ouvrit après un moment, laissant sortir Marlène habillée du costume de son frère. Elle ne savait pas ce quel était son plan mais elle le laissait faire. Après tout, en théorie si ça marche dans les romans. Pourquoi pas dans sa vie ?

Elle rejoint rapidement l’assemblée et se trouva une place loin des membres de sa famille qui l’auraient immédiatement reconnue. Elle s’assit donc et regarda l’Eglise, elle sourit «  heureusement que maman a tenu à me faire me marier d’abord à l’Eglise … » pensa-t-elle.

Soudain, la musique retentit et une silhouette dans une robe blanche entra, un voile lui couvrait le visage, cachant ainsi sa véritable identité aux invités.

-              Alors c’était ça son plan ? murmura Marlène de façons à ce que personne ne l’entende.

Léo avança lentement mais inexorablement vers l’autel ou l’attendait déjà ce qui aurai dû être son beau-frère, «  Mais quelle idée … Quelle idée ! » pensa le jeune homme en continuant avancer, «  et ses chaussures, mon Dieu quelle plaie ! Comment les femmes peuvent-elle faire pour marcher avec ça ? C’est du masochisme ! » Ajouta-t-il.

Léo arriva devant l’autel quelques secondes après. Ainsi le prêtre commença son long discour avant d’arriver à la question fatidique :

-              Si quelqu’un est contre cette union, qu’il parle maintenant ou se taise à jamais ! prononça solennellement le prêtre.

-              Moi. Je suis contre. Prononça la mariée. Qui, une fois dévoilée devint un marié ! l’effet de surprise fut immédiat. Plusieurs exclamations choquées résonnèrent dans la nef.

-              Je savais bien qu’elle était folle. S’exclama quant à lui Carl.

-              Je ne veux pas que ma sœur épouse cet homme ! Car … commença Léo en se tournant vers Carl. Je suis profondément amoureux de lui !

Sur ce, et sans que personne n’ai pu le prévoir, Léo embrassa Carl, qui recula très rapidement avec un air horrifié.

-              Non mais ça ne va pas ! Quelle famille de malades ! Je ne supporterai pas cette mascarade plus longuement ! s’écria Carl avec son air indigné, il ne tarda pas à sortir de l’Eglise, suivis des membres de sa famille et du reste des invités qui avaient réussis à reprendre leurs esprits, la mère des jumeaux en tête de pelotons.

Ils avaient réussis ! Le mariage était annulé. Marlène courut vers son frère et se jeta dans ses bras.

-              Bravo ! T’as réussit ! cria-t-elle en sautillant.

-              Je suis merveilleux je sais. Ricanant le jeune homme. En revanche, je t’en prie lâches moi … Faut vraiment que j’aille me brosser les dents là. 

Quelques jours plus tard, nous sommes de nouveau samedi. Et le téléphone sonna encore une fois, réveillant les deux jeunes gens. Seulement cette fois, ce fut Marlène qui se leva. L es yeux à demi ouverts, elle prit le combiné pour entreprendre de répondre. Après quelques secondes elle comprit que c’était finalement la sonnette de la porte qui lui vrillait les tympans. Elle alla donc ouvrir de mauvaise grâce, mais en ouvrant la porte elle ne trouva personne.

D’un rapide geste elle entreprit de refermer la porte mais, une tache blanche attira son regard. Sur le sol était élégamment poser un magnifique bouquet de Lys blanches. La jeune femme le ramassa avec un sourire lumineux, une petite matière cartonnée entra doucement en contact avec sa peau. «  On a laissé une carte visiblement » pensa la jeune femme.

-              C’est de qui ? demanda une voix à peine éveillée derrière elle. Celle de Léo.

-              Je … J’allais lire la carte enfaite. Lui répondit sa sœur en fixant le dit objet.

-              Et ça dit … ?

-              «  Un café, ça vous dit ? ».

-              C’est tout ? Mais … Comment tu peux savoir de qui ça vient, avec juste un bouquet et une question. Tu peux ne même pas lui répondre ! grogna Léo en allant se chercher une tasse.

Marlène ne répondit pas, elle savait exactement de qui le bouquet venait.

-              Et pour la robe ? demanda soudainement la jeune femme.

-              Pardon ? s’étouffa Léo.

-              Oui, la robe de Mariée, elle n’a … Pas vraiment servit. On en fait quoi ? Tu veux la garder en souvenir ? se moqua Marlène.

-              Absolument pas ! On a qu’à … La vendre ? proposa le jeune homme en buvant tranquillement son café.

La jeune femme approuva, n’ayant pas la motivation nécessaire pour sortir et trouver un magasin qui lui reprendrai la robe. Elle s’installa avec sa tasse de café brûlante, préparée par Léo, devant son ordinateur, trouva rapidement le site qu’elle recherchait et tapa avec un sourire :

«  A vendre, robe de mariée n’ayant jamais servie ».

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