Un matin comme les autres

elyne

Le matin, il faut que je vous le dise,  je le déteste ! Non, plus encore, je le hais !  C'est ce moment de la journée qui ne devrait pas exister. Ce temps où mon cerveau n'est pas connecté, où mon corps n'est pas apte à bouger et où tout me dit que je fais une grossière erreur.

Se lever, avant d'avoir suffisamment dormi, quelle idée !

Tout ça, c'est de la faute de ce fichu réveil. Enfin, plutôt des 10 réveils que j'ai enclenchés la veille. Je suis toujours pleine de bonne volonté, la veille du matin, toujours. « Demain, je me lève tôt, je prends un petit déjeuné, je me maquille et me relaxe. » Naïve, que je suis ! Cet instrument infernal me sort de mes rêves à la façon d'une bombe qui explose. Mon cœur fait un arrêt. Mes yeux s'ouvrent en grands et cherchent le danger autour. Mais, non, ce n'est que la première sonnerie du diable instrumentalisé.

Bon, il m'en reste encore 9, j'ai le temps de me détendre. Que néni ! Un œil se referme et puis l'autre, et me voilà tel un zombi à appuyer machinalement sur la touche « ferme-la » du téléphone.

8h30. Un phénomène étrange arrive souvent à cette heure. Mon corps doit sentir que quelque chose cloche,  je jette un regard embrumé à l'horloge : EN RETARD ! Je suis en retard…. Mon train... était il y a 5min. Damnation.

Je me déteste, j'ai encore échoué. Mais tout ça, c'est la faute de mon patron ! Oui,  la sienne ! Lui qui veut que j'arrive à une heure précise.

Qui a eu un jour cette idée idiote ?! Qui a décidé  que l'on devait commencer à travailler à l'aube ? Ce me fait penser à cette phrase qui me met hors de moi : l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt.

Je vous le dis, moi : L'avenir appartient à ceux qui dorment ! Si vous pouviez voir ma tête du réveil vous sauriez, qu'en effet, rien de bon ne peut être fait. Sortez moi du moelleux et de la chaleur de mon lit et vous me retrouverez à lutter toute la matinée pour garder les yeux ouverts.

Il y a pourtant eu un malin. Un qui devait être dans le même état que moi et pour qui matin rimait avec chagrin.

Je voudrais le remercier. Merci, Monsieur Nespresso ! Merci ! Sans vous, et les 10ènes de dosettes que j'utilise, mes journées seraient néant. Certes, à la fin, je deviens légèrement hystérique mais du coup on ne peut pas me reprocher d'être endormie ! Il faut savoir ce que l'on veut !

Revenons donc à mon réveil. Ce satané réveil qui n'a pas fait son boulot ! Je suis en retard !

J'ai alors un début de journée digne d'une athlète de haut niveau. Je me redresse comme une furie dans mon lit. J'attrape mes affaires, je dévale les marches. J'ai appris l'art des multi-mouvements synchronisés : douche, brossage des dents, coiffage, enfilage de pull, de chaussures, de manteau. On peut faire beaucoup de choses avec deux mains.

J'ouvre (me prends) la porte. Dans la rue, on me regarde bizarrement. J'ai du oublier d'étaler correctement ma crème, ou bien c'est parce que la brosse est encore coincée dans mes cheveux ébouriffés. Tant pis, pas le temps de faire attention aux passants, j'ai un train à prendre ! La marche à pied, ça me connaît. J'étire mes jambes au maximum. Le pire dans tout ça c'est que je suis proche de la gare. Je vois donc quand le train arrive et voilà que je me mets à courir. Moi, pas réveillée, habillée avec une jupe pour débardeur et le jean délavé de mes 16ans. Je cours !

Enfin, façon de parler, disons que j'essaie de courir mais mes membres ne sont pas très bien synchronisés. Alors je gigote. J'ai l'air d'une demeurée qui essaie de s'envoler.

Le train est à quai, je vais l'avoir ! Une place libre, je suis sauvée. Je me pose près de personnes qui semblent avoir eu un réveil bien plus simple. Et moi, je souffle tel un bœuf. J'ai le visage déconfit. Je me demande ce que je fous là parmi ces femmes bien coiffées et maquillées et ces hommes habillés en costume. Eux, pensent surement que je sors d'une nuit blanche et me regardent en haussant des sourcils.

Et tout ça pour quoi ? Pour arriver au boulot avec le moins de retard possible. Pour suivre le monde qui veut qu'une journée commence avec un matin. Tout ça pour m'entendre dire : "Tiens, prends un café, t'as une sale tête et en plus t'es en retard !"

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