Un pasito palante Maria (3)

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Cette nouvelle est actuellement présentée au concours "A sa place" dans la catégorie "New Romance" sur Fyctia.com.

Sans que cette catégorie soit ma prédilection, je tente ma chance, car l'amour, en revanche, et les relations humaines sont des sujets sur lesquels j'aime disserter et le thème est intéressant.

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Marie patienta quelques minutes sans que rien n'apparaisse sur l'écran. Elle sourit avec amertume. Voilà, elle avait mordu à l'hameçon, et le magicien2reve allait disparaître dans un écran de fumée, laissant un petit lapin blanc devant son clavier. « Pouf ! » disparu. C'était peut-être juste un site de rencontre... « pour célibataires exigeants » comme dit la pub, le célibataire l'a trouvée trop facile, et il est parti. Ceci dit, il avait parlé d'un travail, alors, il ne devait pas chercher une petite copine. Ou alors.... non ! Ce n'était pas possible. De toutes façons, il ne répondait plus.

Agacée, elle se leva et se dirigea enfin vers la cuisine pour se servir un verre, comme elle l'avait prévu. Elle ouvrit un placard et tendit la main mais s'arrêta dans son geste. Le bip de la messagerie avait retentit. « Je n'irais pas, tant pis pour lui », se dit-elle. Elle saisit un verre, versa du soda en regardant les bulles s'agiter dans le récipient. Elle chercha le bac à glaçons et en fit tomber deux dans le liquide qui réagit immédiatement. Elle poussa un soupir, retourna dans le salon, posa le verre sur la table basse et récupéra son portable en se laissant tomber sur le canapé. Elle consulta l'écran. Rien, aucun message. Elle cliqua sur l'icône Facebook, parcouru quelques statuts invariablement les mêmes, enjoués et hystériques concernant les vacances et les fins d'examens. Finalement, cela l'énerva et elle se retrouva assise devant l'ordinateur. Monsieur le magicien avait enfin répondu.

Demain, ça vous convient ?

Marie eut soudain peur. Et si, finalement, Ginger vendait ses charmes ? Elle avait des atouts. 

Elle pouvait encore reculer, il suffisait de dire non. « Tu peux aussi aller voir, tu verras bien, il ne sait pas qui tu es, ni où tu vis, ça peut être amusant ». La petite Marie polissonne avait parlé, d'une voix douce et malicieuse. « Caramba !  Je deviens vraiment schizophrène », pensa la jeune fille.

- Je suis déjà prise demain, écrivit Marie, histoire de voir.

- Après demain, alors ? Répondit son interlocuteur.

« Ca te laisse le temps de réfléchir » songea-t-elle. 

- D'accord. Quelle heure ?

- 18H

- C'est noté.

- Je vous retrouve à l'endroit habituel ?

« Aaaaah purée ! Mierda ! Pfffff » jura Marie. « Bravo ! Et là je fais quoi, hein ? Merci Ginger ! Merci le magicien. » Elle réfléchit quelques instants et tenta une pirouette.

- Et pourquoi pas changer un peu ? Je n'ai pas envie de croiser des têtes que je connais.

- Ah bon. Est-ce que l'Échiquier, au CNIT de La Défense irait à Mademoiselle Pimentsucré ?

« Non mais il se paie ma tête là, non ? ». Marie se rua sur son smartphone et chercha des informations sur le lieu qu'il lui indiquait. Elle ne trouva que peu de choses, les quelques photos témoignaient d'un endroit assez chic. Visiblement, il était lié à l'Hôtel Hilton, ça ne semblait pas glauque, il y aurait du monde, des hommes d'affaires. Cela lui convenait. Impatient à son tour, magicien2reve ajouta :

- C'est bien payé.

Marie sursauta. Diverses pensées inavouables envers Ginger lui traversa l'esprit.

- C'est à dire ?

- C'est à dire très bien payé. L'Echiquier ?

- Ca ira, écrivit-elle en souriant malgré elle.

- A vendredi, 18h alors.

- A vendredi.

Marie attendit, mais la conversation semblait close. Elle regarda de plus près le logiciel de chat mais n'osa pas le fermer. S'ils devaient se recontacter, elle ne saurait pas le retrouver. Elle songea le mettre en barre des tâches, puis renonça. Ne pas l'éteindre avant vendredi ! Surtout ne pas l'éteindre. Elle vérifia qu'il était branché et le replaça correctement sur la table, pour ne pas qu'il tombe. La conversation n'avait pas avancé. Marie se décida à bouger, elle prit place dans son fauteuil favori et attrapa son soda où les glaçons avaient diminués de moitié. 

A ce moment-là, une petite musique de Salsa se fit entendre en s'amplifiant. Son téléphone ! Elle reconnu la photo de Ginger, magnifique, prise dans une soirée déguisée, où elle avait choisit de se grimer en Lara Croft. 

- Ginger ?

- Marie ! Ça va ?

- Et bien, écoute, depuis environ deux-trois heures, je crois que oui, répondit Marie en essayant de paraître décontractée.

- Je voulais te dire, si tu sors, si tu as envie, n'hésite pas à piquer dans mes fringues. Sauf la petite partie à droite de la housse noire, ça c'est pas à moi. Fais-toi plaisir ! Et pense à arroser mon bégonia, hein !

- Oui, OK. C'est gentil, je verrais pour les fringues, mais c'est chou de ta part. Vous faites quoi alors ?

- Oh, c'est magique ! Il est venu plus tôt pour m'inviter à un vernissage, ensuite c'est resto et théâtre. On s'envole demain ! J'ai hâte !

- Tu m'étonnes. Il est très galant, dis-moi.

- Il est GE-NIAL tu veux-dire ! Il sait parler aux femmes, dit-elle dans un rire guttural. Et tu sais quoi ?

- Quoi ?

- Au lit, c'est tout aussi magique , chuchota-t-elle.

- Ce qui ne gâche rien, répondit Marie en souriant.

- Tout à fait ! Bon je te laisse, sois bien sage, d'accord.

- Tu me connais, fit Marie, mal à l'aise.

- Ouais, bien-sûr, mais qui sait ?

- Bien-sûr..... c'est sympa.

- Oh, aller Marie, tu es la fille la plus raisonnable que je connaisse. Tu suivras ta route quoiqu'il arrive. Je ne te vois pas faire un truc de Ouf, et ça te va bien.

- Mouais.

- C'est comme ça qu'on t'aime.

- Si tu le dis !

- Mais oui ! Bisous ma belle.

- Hasta la vista, guapa !

Marie raccrocha, avec un sentiment mitigé. Le tableau, affectueux certes, mais terne d'elle que venait de lui dresser son amie, lui laissait un goût amer. Etait-elle cette personne fade, trop raisonnable et prévisible qu'elle dépeignait en quelques mots innocemment assassins ? Mais non ! Marie était gaie, drôle, têtue, dotée d'une personnalité certaine, mais aussi de compassion, d'humanité et de rigueur personnelle. Les gens n'en retenaient donc que la part la plus affable et ordinaire ?

Qu'à cela ne tienne, elle allait explorer les ressources les plus inattendues qu'elle possédait. C'était décidé, elle irait, ce vendredi, à « L'Echiquier » et rencontrerait le magicien2reve. Au pire, il était exécrable, vaniteux ou lubrique et elle le remettrait à sa place, au mieux, il était sexy en diable et elle examinerait le « job » de plus près. Du beurre dans les épinards, ça ne ferait pas de mal !

Les glaçons avaient disparu de son soda, qui n'était plus si frais, mais elle le but avec délice, déterminée, s'imaginant déjà avec le récit de vacance le plus original à raconter aux copines à la rentrée. Pour une fois, elle ferait sensation !

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