Un pasito palante Maria (partie 1): Vive les vacances
rainette
Cette nouvelle est actuellement présentée au concours "A sa place" dans la catégorie "New Romance" sur Fyctia.com.
Sans que cette catégorie soit ma prédilection, je tente ma chance, car l'amour, en revanche, et les relations humaines sont des sujets sur lesquels j'aime disserter et le thème est intéressant.
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Partie 1 – Vive les vacances.
Marie remonta à l'appartement lorsqu'elle ne réussit plus à voir l'Audi TT du dénommé Wilfried. Wilfried emmenait avec lui Ginger, sa colocataire, pour un périple de cinq semaines aux Etats-Unis. Il y en avait qui avait de la chance ! Pour sa part, l'été serait partagé entre des révisions et une traduction à rendre. Et du rangement.... enfin peut-être, parce-que le rangement, Marie, elle n'aimait pas cela.
Elle ouvrit la porte fenêtre qui donnait sur un étroit balcon et s'affala largement sur la bain de soleil en plastique qui s'y trouvait. Au moins, elle n'aurait pas à le partager avec Ginger. Ginger... elle sourit en voyant mentalement l'image de cette dernière se mettre en mouvement. Même quand elle n'était pas là, elle restait présente. Elle ne faisait pas partie de celles qu'on oublie facilement. Assez grande, avec une silhouette élancée, de longs cheveux châtains moyens aux reflets clairs, qui ondulaient légèrement. D'un simple coup d'épaule, elle les renvoyait en arrière avec une grâce remarquable. Ses yeux noisettes en forme d'une parfaite amande, qu'elle bordait de khôl noir pailleté, vous transperçaient ou vous enveloppaient selon son humeur et l'intérêt qu'elle vous porte. Elle marchait avec aisance sur des chaussures aussi incroyables que vertigineuses. Ginger adorait le chaussures ! Elle était toujours à l'aise, sûre d'elle, d'une vivacité rafraîchissante. Drôle, impudique, sexy, optimiste, effrontée et entêtée, les qualificatifs ne manquaient pas. Aucun être qui avait croisé sa route ne pouvait l'oublier. Ginger était un tourbillon, un festival de personnalités à elle toute seule.
Cela faisait deux ans maintenant qu'elles partageaient ce petit appartement non loin de l'Université de Paris 10, à Nanterre. Marie terminait sa deuxième année de licence d'Espagnol, alors que Ginger, elle... Ginger suivait la licence Arts, mention cinéma, et elle était douée. Elle venait de s'inscrire au Cours Florent également. Il suffisait de la voir une seule fois dans une soirée, ou n'importe quelle situation où elle pouvait parler, pour savoir qu'elle était vraiment faite pour cette voie. Elle serait actrice, à n'en pas douter. Déjà, elle manipulait autant le verbe que la gestuelle... que les hommes.... Wilfried n'avait mis que quelques semaines pour tomber sous le charme de cette sirène, et les voilà partis pour cinq semaines de rêve. Il ne sera pas déçu. Sauf au retour peut-être. Marie aimait beaucoup sa colocataire, mais elle devait reconnaître que celle-ci avait quelques défauts. Elle utilisait les hommes, leurs faiblesses, et leur incapacité à résister à son charme pour arriver à ses fins, et ce sans la moindre pitié. Manipulatrice « ès Messieurs », option « sans regrets ».
- Il y a bien assez de femmes qui tombent sous leur joug, je ne vais pas pleurer pour quelques-uns, se justifiait-elle.
Marie soupira, peut-être un jour, la pétillante mais implacable Ginger changerait. Pour l'heure, elle était partie, précipitamment d'ailleurs et avait laissé l'appartement un peu en plan, et il fallait faire un brin de rangement. Son Wilfried était arrivé avec six heures d'avance, le sourire aux lèvres, un boîtier de bijouterie dans une main, deux billets pour une pièce de théâtre dans l'autre, le sourire aux lèvres. Blond comme les blés, le teint hâlé, les cheveux parfaitement agencés, en costume de lin beige, il avait tout pour lui. « Et probablement aussi le compte en banque » songea Marie. Car si elle connaissait tout du parcours artistique, ou presque, de Ginger, cette dernière restait beaucoup plus évasive sur sa vie amoureuse et ses nombreuses sorties. Marie voyait très souvent des hommes différents venir la chercher, l'attendre ou la déposer. Elle apercevait régulièrement la jeune fille, le soir ou tôt le matin, avec des tenues sublimes, sexy et coûteuses. D'ailleurs, les rares fois ou elle lui avait emprunté une tenue pour sortir, Marie s'était trouvée encore plus indécise que dans une boutique de prêt à porter, tant elle avait au le choix. Bref, Marie ne savait pas grand-chose sur la « deuxième vie » de Ginger.
Du reste du repas pour fêter les vacances, aux vêtements de la veille que la belle actrice avait nonchalamment laissé sur un vieux fauteuil crapaud que Marie affectionnait, rien n'avait été rangé. Il fallu presque une heure pour en venir à bout. Lorsqu'elle eût fini, Marie regarda autour d'elle. Elle était satisfaite. Du moins tant qu'elle n'allait pas mettre le nez dans sa propre chambre, son armoire ou pire, son bureau et son contenu qui s'étalait jusque sous le lit en passant par la table de chevet, voire même le côté droit du lit. Le salon, la cuisine et la salle de bain, les trois pièces communes, étaient toujours plus ou moins en ordre, c'était la règle de base de leur co-location, et elles s'y étaient toujours tenues. D'ailleurs, dans l'ensemble, elles s'entendaient bien. Elles avaient fait connaissance par les petites annonces de colocation proposées par le bureau des étudiants. Ginger occupait les lieux depuis déjà un an, mais la précédente colocataire était partie. Cela tombait à point nommé pour Marie qui peinait à se loger. Sa mère avait brusquement choisi de partir vivre avec son nouveau compagnon, en Alsace, et d'y ouvrir un gîte. Et si elles ne menaient pas la même vie, si elles ne venaient pas du même milieu, elles avaient noué une forme d'amitié sincère et loyale.
Satisfaite de ses efforts, elle se décida à prendre un petit soda bien frais pour se remettre de ses efforts lorsque son regard s'arrêta sur la petite table située entre les portes de leurs chambres respectives. Sur cette table, se trouvait l'imprimante qu'elles avaient acheté en commun, c'est pour cela qu'elles l'avaient placée là. Et là, juste à côté, l'ordinateur portable de Ginger, ouvert, laissait des photos d'acteurs célèbres défiler en guise d'écran de veille.
- Tu l'éteindras, ok ? Lui avait glissé son amie avant de s'engouffrer dans le véhicule tape à l'oeil de son nouvel ami.
Marie s'approcha du PC et elle agita la souris pour faire disparaître l'écran de veille.
- Bye bye, Humphrey, dit-elle pour elle-même, en faisant disparaître l'acteur mythique de sa vue.
L'écran devint lumineux et se para d'un arrière plan aux dégradés de noirs et violets. Une petite fenêtre blanche se détachait au milieu. Marie dirigea la souris vers la petite croix de fermeture quand elle remarqua que quelques mots étaient écrits :
- Vous êtes toujours là ?
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