Un soir à Trinidad
John Person
Dans la lumière rose presque rouge du soir
La mouillure ronde des pavés
Ventre creux nous avançons vers l’Ouest
Dos tourné à la nuit
Sous la pluie tiède
Au paladar Stela dans le jardin de sève
L’attente du dîner est verte
Les corolles fuchsia ruissellent
Zigzag de briques
Me voici seule sur le toit
Un escalier tourbillonne
Jusqu’aux arcades amarillos
Jusqu’au dédale de pilastres
Qui court parmi les toits
Des fauteuils à bascule
Etoile métallique
Dansent immobiles autour de la table
Un bouquet d’invisibles présences
Qui nuque penchée en arrière se balancent…
Un linge bouge sur le fil
Autour de moi s’étendent
Les terrasses éparpillées
Un horizon rouge de tuile et de douceur
Et plus bas
La tête éclatée d’un cocotier
Sur les tonnelles
Les grelots silencieux sont des enluminures
Le soir palpite comme un baiser
Paysage de silence et de braille
Aux lèvres de l’amour
Erotique hérissé
Qui m’enlace
Le front trempé de pluie
Je suis affamée