Un somme nuit

Luc Himitsu

poème et prose nocturne ouvrant l'esprit et l'âme au repos de l'insomnie



La nuit s'ouvre enfin,

Attendue éperdument,

Tout le jour, mouvement,

Et le repos enfantin.

Mais l'autre est là, il prend tout à coup sa place. Vibrant message non reçu, repousse le sommeil. Et l'autre est là. Et l'esprit bouillonne. Regarde une image, réécoute un mot, soupèse le dernier geste perçu, goûte l'amertume de l'attente déçue.

Je veux dormir ! Mon corps veut dormir ! Mon esprit veut dormir ! Mais la nuit altère le jour, le change. Et l'esprit s'emballe à nouveau ! Court à contre courant, renverse l'image et ses effluves, ne laisse aucun répit par sa transformation frénétique de la réalité.

Étrange sensation

D'un rayon de lune

J'ai mal au dos, j'ai mal aux cheveux, j'ai mal … ou bien est-ce la lourdeur de l'ennuie, la pesanteur de l'ombre, l'effroi de minuit qui sonne l'aube de la nuit blanche. D'où viennent ces tourments, est-ce l'autre ? est-ce la transformation ? D'où viennent ces tourments alors que le noir est enfin victorieux face à une lune qui, de guerre lasse, se couche enfin. Comment suis-je là arrivé ? Mon esprit se glace, tel un héraut mythique vaincu par son orgueil et que personne ne pleur.

Un mouton, deux moutons, trois moutons, … au fait, où vont-ils ? vers quelle prairie d'altitude, vers quelle cime sans nuage ? Je navigue enfin dans le flot de mes pensées, je les laisse surgir du néant, emplir l'espace, construire le chemin. Odeur de pensées, fragrance de rose, musique lascive s'écoute et s'écoule au cœur de cette nuit. Des images maintenant et toujours la terre, tantôt sable chaud, tantôt boue gluante, tantôt fertile humus épanouie de vie. Et les images s'enchaînent, sensations plus fortes même que le message du réel. Sur quel chemin me conduisent-elles ? Vais-je enfin aboutir ? Vais-je enfin … dormir ?

L'aube de la connaissance

Dans l'oubli prend naissance

La mère de toute Révélation

N'est que mise en relation.

Je plonge enfin dans l'oubli. Douces chimères qui me retenez éveillé, vous pouvez prendre votre envol. Je ne crois enfin plus, laissant naître l'espérance. Ce que l'être est compliqué ! Ce qu'être est simple ! L'oublie des croyances, la renonciation aux attachements, la liberté libérée.

Quelle douce sensation

De la paix retrouvée

Et du sommeil qui m'étreint

Quelle merveilleuse image

Vite ! Il me faut la noter !

Oh, et puis, elle sera sûrement encore là demain.

Signaler ce texte