Une armée de mains

etat-de-corps

Agrippées à mes poignets. Acérées. Tachées comme celle des vieux. Elles poussent, palpent, tirent, griffent. Les mains. Appuyées sur mon sternum. Ma taille. Frôlent mon visage. Tirer les cheveux. Fermer les yeux des morts. Les mains. Elles serrent, prennent, rendent. Et moi je tangue. Jusqu’au point de non retour. Ma quille ne relèvera pas le défi. Dans quelques minutes, le navire va chavirer et les tourbillons m’emporteront au fond. Et au fond ? Trouver quoi. Rebondir. A deux pieds sur le sable. Pousser de toutes ses forces. Rejoindre la surface. Mais les mains seront là. A attendre. Pour me garder la tête sous l’eau. A quelques centimètres à peine de l’oxygène. La vie. En plus gros. Qu’a-t-il celui la ? Me picore les pieds. Comme si j’étais déjà morte. Démangeaison. Se transformer en écaille. Je rêve de branchies. Et si je restais sous l’eau ? Ca leur ferait les pieds, aux mains. L’eau ca flétrie. Ne resteraient pas indéfiniment. Peau des doigts en lambeaux. Pour nourrir les poissons. Les mains. Elles plongent. Brouillent la surface. Frétillantes. Remous obsédés. L’air vient à manquer. Petits poumons se recroquevillent. Feuille de papier froissée. La mort ressemble à une poubelle. Etrange…

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