Une histoire de trottoir
M.H Luez
- Hey bébé, tu fais combien ?
C'était devenu une habitude, cette phrase. Depuis un mois qu'il était la ces mots avaient étés répétés 328 fois exactement. Au début il avait été obligé de noter ses prix sur le plat de sa main pour s'en souvenir, mais à présent, après trente nuits passées sur ce petit parking, il connaissait ses tarifs par cœur.
- L'intégrale c'est combien ?
Ces yeux se fermèrent sous le coups des mots et dans une dernière supplique il tenta le tout pour le tout.
- Euh... Quatre cent ma-mais je ne l'ai ja-jamais fais... Je suis nouveau i-ic-ici...
Sa voix roque partait dans les aigus alors que l'homme en face de lui se rapprochait encore plus dans sa voiture. Ses grandes jambes minces tremblais et son cœur battait à cent à l'heure. Voilà il allait y passer, et il avait peur. Tout son corps fût pris d'un frisson de dégoût, heureusement qu'il était adossé au capot de la Mercedes sinon il serait tombé à terre depuis longtemps. L'homme déverrouilla sa voiture, indiquant au garçon de monter à l'intérieur. Il s'en foutait totalement qu'il soit puceau ou non, il voulait le baiser point.
Le bouclé souffla un bon coup, regarda autour de lui à le recherche d'une quelconque aide- divine ou pas- qui ne vint pas, malgré les yeux noisettes qu'il venait de croiser. Désespéré il ouvrit la portière et monta à l'intérieur du véhicule. Il avait par miracle -jusqu'à aujourd'hui- réussi a échapper à l'intégrale. Apprendre à tout ces porcs qu'il était vierge les avait fait fuir. Serte il ne rapportait pas tellement, mais au moins son cul était en sécurité. C'était un record disaient les autres autour de lui. Même une fille un soir de la semaine passé l'avait félicité. Mais pas ce soir, ce soir il n'y arriverais pas et ce soir il ce fera baiser comme un mal propre. En même temps c'était son métier, faire la pute.
*
Elle marchait lentement le long des bars et des boutiques fermées à cause de l'heure. Il devait être 4 heures du matin et le peux de gens qui la croisait la regardait comme si elle allait s'écrouler devant eux. Pourtant -égoïste qu'est le monde d'aujourd'hui- ils ne bougèrent pas, il la laissèrent vomir, il la laissèrent tomber, il la laissèrent hurler contre quelqu'un qui n'est pas là et il partirent en ce disant que la jeunesse d'aujourd'hui se perdait. Mais pour elle ce n'est pas sa jeunesse qui se s'envole, mais son âme, sa force et sa volonté de vivre. Elle marchait encore et encore jusqu'à arriver près d'un immeuble délabré. Elle ne savait pas ou elle se trouvait, en même temps elle ne savait plus qui elle était non plus. C'est quand un mec la regarda de haut en bas, avec un regard mal-sain qu'elle compris ou elle était. Le quartier des putes et des camés.
se redressant un peu, elle tourna la tête vers une voiture qui venait de ce garée pas loin d'elle sur un petit parking. Un jeune homme habillé d'un skinny jeans et d'une chemise transparente s'avança et se pencha sur la voiture. D'où elle était elle n'arrivait pas à le voir correctement mais pût facilement en déduire qu'il avait les cheveux bouclés et qu'il était mince, très mince, trop mince.
Elle continua à les observer jusqu'à ce qu'elle ce rend compte que le jeune homme était mort de trouille. Un bride de conversation arriva jusqu'à ses oreilles et son sang se glaça.
- Je m'en fou que tu sois nouveau ou pas, c'est toi que je veux, et je dois t'avouer que te savoir vierge me donne encore plus envie de te baiser, aller monte.
Le jeune homme tourna la tête, sûrement pour chercher de l'aide, et croisa le regard de la jeune fille. Ça n'avait duré qu'un quart de seconde mais c'était assez pour que ce regard vert apeuré et vide la transperce de part en part. C'était assez pour que son cœur se serre et que l'envie de le sortir de la se fasse aussi forte que son envie de se fracasser la tête contre le bitume. Mais pourtant elle ne bougea pas, elle resta immobile à regarder le garçon aux cheveux bouclés monter dans la voiture et partir. Elle n'avait rien fait et c'est comme si toute la haine qu'elle avait pour elle avant cela n'était rien comparé à maintenant.
Une soudaine envie de vomir la pris. Pas comme tout à l'heure. La c'était de dégoût, ouais elle se dégoûtait de n'avoir rien fait. Elle se dégoûtait d'avoir laissé ce gars aux yeux vert partir. Alors elle se pencha en avant, lit ses doigts au fond de sa gorge et vomi, appuyée contre le mur. Elle vomi l'alcool, la drogue et tout ce qu'il lui restait au plus profond de son estomac. Et quand vint le moment ou elle n'eut plus rien à vomir elle se força encore et encore jusqu'à ce que sa tête ce mette à tourner. Il fallait qu'elle paye pour avoir laisser ses yeux vert partir.
*
Il marche à peine droit, il a mal partout. Il a mal au dos, mal aux bras, mal aux jambes, mal au cul, mal au corps et mal au cœur, et c'est la douleur la plus intense, son mal au cœur. Il revoit l'homme au dessus de lui et il vomi une énième fois contre un buisson sur son chemin. Ce soir la ville avait été éclaboussée de vomi comme jamais. Le dégoût était imprégné dans l'air comme pouvait l'être l'odeur de moisi dans un placard après y avoir laissé trop longtemps un paquet de gâteaux. Il ne savait même pas pourquoi il était la. Son client l'avait déposé devant une supérette miteuse après l'avoir pris sauvagement à l'arrière de sa voiture et de lui avoir balancer cinq cent euros à la gueule comme si il était moins qu'une merde. Et il se sentait moins qu'une merde. Mais au moins il avait eu cent euros de plus, il n'allait pas trop se plaindre. Un haut le cœur le repris mais n'ayant plus rien dans l'estomac, il se contenta de cracher de la bile et de s'essuyer les lèvres avec le dos de sa main pleine de sang. Il ne valait mieux pas savoir d'où il venait se sang.
Il était maintenant arrivé sur la plage enfin sur les falaises au dessus de la plage. il avançait lentement, une bouteille de vodka dans la main. Une jeune fille était déjà là, debout au bord de la falaise, les cheveux au vent et les bras serrés contre sa poitrine. Elle avait l'air frigorifiée. Alors qu'il s'avançait pour s'asseoir à son tour, il ne se doutait pas un seul instant que si il était arrivé une minute plus tard le corps frêle de cette fille serait éclaté par terre contre les rochers, la mer en colère et le sable humide. Il ne savait pas que en croisant une secondes fois ses yeux marron éteint il venait de retarder sa mort d'aux moins quelques heures et qu'elle le détestait encore plus pour ça. Elle le détestait déjà d'être une pute, ensuite elle le détestait de l'avoir regardé avant de partir. Elle le détestait parce qu'elle se haïssait trop elle même et qu'elle n'avait personne d'autre hormis lui a blâmer et elle le détestait par dessus tout de lui faire ressentir toute cette empathie. Alors même si lui ne l'avait sûrement pas reconnu, elle si et elle décida à ce moment même qu'elle ne revivrait pas le même scénario, elle ne laisserait pas ses yeux vert s'enfuir encore.
Le jeune homme s'assit à coté de la brune et ouvrit la bouteille de vodka qu'il avait acheté un peu plus tôt dans la supérette ou il avait été déposé. Rapprochant ses lèvres du goulot il pouvait sentir l'effluve d'alcools qui montait jusque ses narines, Mais alors que les premières gouttes du nectars s'écrasaient contre sa langue, une main maigre lui arrachât la bouteille.
- Hey !
La jeune fille s'assit à son tour et bu petit à petit la bouteille de cinquante centilitre -évidemment un litre coûtait trop cher, il fallait bien qu'il mette son argent de côté- sans même ce soucier du garçon à ses cotés.
La colère pris par du jeune homme et il se mît à aboyer après la fille :
- C'était ma bouteille ! ( Elle lui répondu par un silence) Mais répond moi putain !
La jeune fille ne le regarda pas et lança la bouteille vide dans l'eau, 8 mètres sous elle. Alors plus aucun d'eux ne parla, ils s'écoutaient juste respirer et bouger de temps en temps jusqu'à ce que le soleil commence à ce lever.
- Je suis une pute... Une pute qui vient de ce faire défoncer le cul et toi tu as bu ma bouteille, mon échappatoire ! T'as bu ce qui pouvait me faire oublier ses mains, ses doigts et sa bite ! Putain je me suis fait baiser pour pouvoir payer cette bouteille de merde.
Ça faisait trois heures que le garçon ruminait ses mots et maintenant ils étaient sortit et ça lui faisait du bien. Il ne savait pas pourquoi mais son estomac c'était dénoué légèrement à la prononciation de ses mots. Comme si parler à un inconnu était le remède miracle.
- T'oubliera pas. On oubli jamais rien, c'est juste notre cerveau qui classe les informations, mais on oubli jamais. Un jour ça revient et tu comprend pas pourquoi, mais ça revient. Alors non t'oubliera pas.
Elle avait parlé, d'une voix cassée et pâteuse qui fit frissonner le bouclé.
Malgré le taux d'alcool important qui devait courir dans ses veines son discours était clair et surtout vrai, il n'oublierait jamais mais il voulait s'en convaincre, qu'un jour ce souvenir s'en irait à tout jamais.
- J'ai nul part ou aller en plus.
La jeune fille leva les yeux au ciel voulant du plus profond de son être lui faire fermer sa gueule, mais elle ne savait pourquoi, elle ne fît rien. Elle lui jeta juste un regard en coin, aussi bref qu'il lui fallait de temps pour dire ouf et reporta ses yeux chocolat sur la mer à présent calme et bleu. Le bruit des vagues venant s'écraser contre les rocher était en harmonie avec les battements de son cœur et elle se sentait sereine. L'alcool dans son corps commençait à se dissiper et sa tête tournait de moins en moins mais laissait place à un martèlement presque insupportable. Pourtant elle le supportait, sans broncher.
- Je suis seul et je me fais chier. (La brune se leva laissant le garçon seul, sur l'herbe. Elle fît quelques pas avant de s'arrêter) Bon tu bouge ton cul ou tu as trop mal ? Profite t'en que je me rappel ou je vis.
Le bouclé n'hésita même pas un quart de seconde, ce leva d'un bon et rejoignit la brune en courant. Elle allait devenir sa bouée de sauvetage. Il ne savait pas d'où venait cette confiance en elle, mais il aurait pu la suivre jusqu'au bout du monde.
- Merci...
Elle ne lui répondit pas, se contentant d'accélérer le pas, qu'il était chiant. Elle regrettait déjà de lui avoir proposé son aide.
- Au faite, moi c'est Morgan.
Un petit sourire avait prix place sur le visage du garçon, révélant une fossette sur sa jour droite qui fit fondre légèrement le cœur de glace de la jeune fille, mais plutôt crever de que de le lui révéler.
- Sarah.