Vanesa

My Martin

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Paris (16e). Bois de Boulogne 

Des travailleuses du sexe trans sud-américaines 

Depuis deux ans en France, originaire du Pérou, Vanesa Campos. Sans-papiers 

  

Des voleurs d'origine égyptienne détroussent leurs clients, depuis des années  

  

Afin d'éloigner ces maraudeurs, les femmes engagent des "agents de sécurité"  

 

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Jeudi 16 au vendredi 17 août 2018. Une dizaine d'hommes. Décidés à affrontent les protecteurs        

  

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La nuit. Un endroit isolé du bois. Obscur 

Un groupe d'une dizaine d'agresseurs 

  

Vanesa Campos    

Rouée de coups de bâtons 

Un coup de feu 

  

Vanesa Campos (36 ans) est tuée   

  

  

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11 au 29 janvier 2022. Paris, cour d'assises 

Deux principaux accusés 

Mahmoud Kadri  

Karim Ibrahim 

  

Climat tendu 

Les proches de la victime dénoncent le danger auquel sont confrontées les travailleuses du sexe trans 

Les accusés hurlent, menacent les parties civiles  

  

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Chemise blanche et manteau noir, un homme s'avance à la barre 

Agent de police. Partie civile     

« Le soir du Jeudi 9 août 2018, je sors du travail, je mets mon arme de service et mon chargeur dans un sac, le tout dans mon coffre de voiture. C'est une nuit d'été, il fait beau, je vais au bois de Boulogne. Je me gare dans l'allée la plus éclairée. La dame est de l'autre côté du trottoir. Je discute quinze secondes avec elle. J'entends un gros boum » 

  

Trois personnes sont en train de voler sa voiture. Ils s'emparent de son sac 

  

Une semaine plus tard, l'arme de service est utilisée par le même groupe de voleurs pour tuer Vanesa Campos, travailleuse du sexe au bois de Boulogne 

  

« J'ai du sang sur les mains. Ce n'est pas moi qui ai tiré sur Vanesa Campos, mais j'ai l'impression que c'est moi qui l'ai fait » 

  

Le policier reconnaît ensuite deux de ses agresseurs, dans le box 

  

Mahmoud Kadri, suspecté d'être le tireur  

  

« El Nano » (« le nain »). Karim Ibrahim, considéré comme le chef de la bande. Le commanditaire de la descente des clandestins, qui a coûté la vie à Vanesa Campos 

  

Suspendu pendant trois mois, le policier a repris le service. Il tente de « vivre avec cette mort sur la conscience » 

  

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Lundi 17 et mardi 18 janvier 2022. Takaré B. est entendu, en tant qu' « agent de sécurité » des prostituées du bois 

« Des personnes viennent casser les voitures des personnes qui vont dans les bois avec elles » 

Lorsque Takaré B. est devenu la cible des raids commis par les maraudeurs, il a eu « peur, vraiment trop peur » 

Le soir du meurtre, il a reçu des coups 

« Je fais des cauchemars. Je ne dors plus du tout » 

  

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 L'avocat général, Olivier Auféril. Le soir des faits, Vanesa Campos s'est trouvée  

« Nue, sans défense, face à l'arrivée [d'une] meute » 

Un groupe d'au moins une dizaine d'hommes, « galvanisés par un sentiment de toute-puissance » 

  

Armés de couteaux, matraques, bombes lacrymogènes, branches d'arbres ramassées sur place. Et du pistolet automatique dérobé au policier 

L'objectif, « reprendre la maîtrise du territoire » 

          

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 Au cours des débats, les accusés reconnaissent  

avoir fait partie d'une bande de voleurs qui détroussaient les clients des femmes sud-américaines  

et le soir des faits, avoir voulu « se battre » avec les protecteurs, qu'elles avaient engagés pour se défendre de leurs agissements 

   

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L'avocat général, Olivier Auféril.  Aux portes de Paris, le bois de Boulogne semble être un lieu très criminogène 

En août 2018, le mois du meurtre de Vanesa Campos, 89 mains courantes et 11 plaintes ont été déposées sur la zone 

  

L'avocat général requiert pour Karim Ibrahim, une requalification en « complicité » de meurtre 

  

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Avant que la cour d'assises ne se retire pour délibérer, les accusés expriment leurs « excuses »  

Via un interprète en langue arabe, Mahmoud Kadri,  

« Je m'excuse pour tout ce qui s'est passé. Je suis désolé » 

  

À l'évocation de sa mère, il s'effondre en larmes 

  

À sa suite, en français, Karim Ibrahim. « Je suis désolé pour tout ça. Je suis désolé » 

  

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Neuf heures de délibéré. La cour reconnaît les deux principaux accusés coupables de « meurtre en bande organisée » 

un crime qu'ils ont toujours contesté  

et dont ils se sont renvoyés la responsabilité 

  

Mahmoud Kadri et Karim Ibrahim sont condamnés à 22 ans d'emprisonnement 

Ces peines sont assorties d'une interdiction définitive du territoire français  

  

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Situés à l'extrême opposé dans le box,  

Mahmoud Kadri (24 ans)  

et Karim Ibrahim (29 ans)  

semblent sous le choc, à l'énoncé du verdict 

  

De longues minutes, ils demeurent assis  

  

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Par ailleurs, la cour condamne six autres accusés, jugés à leurs côtés depuis le 11 janvier 2002 

L'un d'eux, également poursuivi pour meurtre, est condamné à six ans d'emprisonnement pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner 

  

Pour leur participation à l'expédition punitive au cours de laquelle Vanesa Campos a été tuée, 

quatre autres accusés sont condamnés à des peines   

allant de trois ans de prison, dont deux avec sursis,  

à six ans d'emprisonnement  

  

Conformément aux réquisitions de l'avocat général, un huitième accusé est condamné à une peine de cinq ans d'emprisonnement,  

pour avoir participé au vol de l'arme du crime, un pistolet dérobé à un policier, une semaine avant les faits 

  

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Les avocats des deux principaux accusés annoncent qu'ils feront appel, ce qui ouvrira la voie à un nouveau procès 

  

  

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Jeudi 30 mars 2023.  Val-de-Marne, Créteil. Cour d'assises       

  

Avec trois autres voleurs, les deux accusés comparaissent en appel, pour  

association de malfaiteurs  

et vol de l'arme du crime 

  

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Me Quentin de Margerie. Avocat, au nom des parties civiles -dont la mère et la sœur de Vanesa Campos, et cinq de ses collègues 

La mort de Vanesa Campos est une véritable "exécution"    

« Tuer, ils étaient parfaitement prêts à le faire  

Lors de cette "expédition punitive", ils l'ont fait »      

  

Devant la cour, l'avocat décrit "l'enfer" du travail, au bois de Boulogne 

Les femmes font face à des voleurs armés, méthodiques. « Très violents » 

Ils exercent une « mise en coupe réglée, une exploitation pure et simple de cet endroit du bois de Boulogne » 

Face à ces violences, les femmes étrangères vulnérables « ne savent pas vers qui se tourner » 

« Elles ont peur de la police, car beaucoup sont en situation irrégulière » 

  

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L'avocat général, Me Olivier Auféril, requiert  

20 ans contre Mahmoud Kadri (25 ans), pour meurtre en bande organisée et vol aggravé  

15 ans contre Karim Ibrahim (30 ans), pour complicité de meurtre en bande organisée 

  

« Dans cette affaire, il y a  

le tireur, qui appuie sur la détente  

et celui que je considère comme un complice. Il a créé les conditions pour que le geste fatal arrive » 

  

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Les peines sont réduites 

Mahmoud Kadri est condamné à 17 ans prison (au lieu de 22 ans) 

  

Karim Ibrahim est condamné à 14 ans prison (au lieu de 22 ans) 

Me Julien Fresnault et Me Fares Aidel, les avocats de Karim Ibrahim 

« En réduisant de huit ans la peine de notre client, la cour, après des débats apaisés, a restitué le juste rôle de sa participation dans cette affaire » 

  

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Trois comparses 

Le premier est condamné à cinq ans, dont deux avec sursis, pour association de malfaiteurs 

  

Le second est condamné à trois ans d'emprisonnement, dont un avec sursis, pour le vol de l'arme du policier  

  

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Après avoir porté plainte pour violences volontaires commises par un policier, Karim Abousheisha est acquitté 

  

Condamné à 6 ans ferme en première instance, il accuse l'un des policiers de l'escorte de l'avoir frappé au visage et insulté, lors d'une suspension d'audience qui s'est tenue le 17 mars 2023 

Selon ses avocats, Me Léa Zimmermann et Me Antoine Aussedat 

  

« La cour d'assises a considéré qu'il n'y avait pas suffisamment de preuves dans le dossier »  

« Nous sommes très satisfaits de cette décision, qui est juste » 

  

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Le policier incriminé a déposé plainte pour violences sur personne dépositaire de l'autorité publique. L'enquête est confiée au commissariat de Créteil 

  

Le parquet de Créteil indique avoir ouvert une enquête et saisi le service de déontologie et de soutien aux effectifs, qui dépend de la préfecture de police 

    

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