Duo en cœur pour Chœur de duos

Stéphan Mary

Ils sont nombreux, correspondent deux par deux avec ce sentiment commun que le rire est le meilleur garde fou. Ils ont tous du cœur et forment un chœur qui bat à l'unisson. Ces mots sont leurs mots.



Je vous écoute. Vous êtes dans le duo, le partage du mot, mot de souffrance et souffrances des maux. Je capte ce que succinctement vous tentez de signifier. Vous vous risquez à nommer ce qui est de l'ordre de l'intime mais qu'il faut rendre public. Je suis dans l'écoute de votre douleur si personnelle mais soyez sûrs que je ne juge pas. Vous ravivez traumatismes, douleurs physiques et souffrances de l'âme. Respect.

Écouter et capter

Enfer, brouillard mais colère qui coupe l'émotion du container de ne rien avoir demandé. Trop de bile avec une issue de secours en bloquant le robinet de la rébellion. Votre sincérité, ce froissement du chœur de l'oppression, est le puzzle d'une souffrance et la plénitude des pétales fanés se recroqueville, le cœur serré. L'apesanteur d'une ouverture méditative amène la torpeur qui pourtant, vous fait sombrer dans l'absence de repères mais vous faites connaissance et allez avoir quelques difficultés pour réintégrer un quotidien impossible. Votre colère est vertigineuse. Vous respirez mal, le souffle suspendu au tonnerre silencieux, troubles de l'équilibre, mal implacable accroché à vos rêves. Le bien fondé de la terre désespoir amène cette sensation d'être mort. Liquide visqueux d'un manque face à vous, liquide vaisselle qui ne lave pas la poupée amnésique et siphonnée au dessus de l'évier. Fatigue et mal être font une bouillabaisse à peine digeste. Cri perçant oublié loin dans un cri, poumon indispensable avec peau brûlante. Rouge du cri de douleur avec l'absence de peur que tout soit partagé. Vous avez l'angoisse du ventre. La culpabilité vous noie mais la panique de vivre est là, impuissante, seule devant l'abandon de ce que vous exprimez. Etiez-vous dans un paradis blanc ? Mais il y a ce cauchemar de l'ouragan qui vous laisse là, en manque de souffle brûlant sans ce cri strident qui ne sort pas. Vomissement des larmes glaciales qui se perdent dans un cri de spasmes. Vous vous effondrez dans ce cri qui ne vient pas. Reste un trou qui serait une purification rouge dans laquelle l'eau souterraine s'égare dans un parcours qui emmène loin de la mort. Et si malgré tout le bain de pied vous revivifie, c'est avec  l'impuissance de la couleur du sang dans une nuit blanche effrayante. Vous vous recroquevillez dans le choc nocturne qui vous donne des spasmes douloureux, raides, durs. La douleur est injustice comme un pneu qui éclate définitivement. La solitude sans parler, encore et encore. Vous êtes perdu, éperdu et irrigué de stupeur. Le noyau de la déliquescence vous glace dans les onomatopées qui s'éparpillent avec l'espoir que le monde reparte. Un tout petit rien, ces balbutiements que l'on entend ou pas, cette envie de tirer l'alarme. Tout bouge dans le manque de connaissance. La chair s'agglutine sur la perte d'équilibre tel un pantin qui ne gère pas ses mots. Le pantin fond comme un beurre creux, cuisiné à cœur. Le creux vous absorbe dans une colère en apnée, inaudible, tremblante. Vous ne voulez pas accepter mais la peur peut-être apaisante. Elle peut vous apaiser. L'envahissement de la perte de la joie de vivre est insupportable. Le chagrin est là, crispant, vidé de tout, surtout de ce désir asphyxiant qui est étouffant comme l'attente car vous ne supportez pas d'être seul. Votre peur de l'abandon est silencieuse, pâle, défaite. Le désespoir crache sur la rage qui envahit l'hébétude, qui manque d'honnêteté mais qui vous écoute et vous laisse dans la tristesse. Le vertige tordu vous force à changer dans la pétrification, prêt à être porté dans le vide de sensations, de couleurs. Vous désirez l'émotionnel fantasmé de la réalité. C'est ce pourquoi vous riez. Vos rires vous soulagent, masquant à autrui ce cri qui ne vient pas.


  • Salut Stephan, En plus d’être un super texte, ça marche parfaitement bien avec la musique.

    · Il y a environ 10 ans ·
    Default user

    Lea Toto

    • Merci de ton commentaire Léa. c'était presque un défi mais je crois qu'il est relevé et ce grâce à toutes et tous. As tu vu l'article sur Perec dans ma page ?https://www.facebook.com/lezebre37

      · Il y a environ 10 ans ·
      La main et la chaussure

      Stéphan Mary

Signaler ce texte