Elle rêve d'un coma éthylique
Mais n'a guère d'envies alcooliques,
Elle rêve de se déconnecter
Mais pas assez pour se droguer.
Devant le miroir elle grimace,
Tu ne peux pas sortir comme ça,
Ainsi travestie en pétasse,
Elle devine son soi qui s'efface.
Dans ses carnets, des élégies,
Dans ses carnets, des poésies,
Personne n'en a jamais rien su,
Au choix les mecs préfèrent le cul.
En douce elle lit Apollinaire,
Venez venez, fillettes
Faut pas rester sur terre,
Et s'en abreuve, de jolis vers
Pas plus luisants qu'un réverbère.
Elle rêve d'un coma éthylique,
Un putain d'attentat psychique,
Elle rêve de se déconnecter,
Trop tard pour tout désamorcer.
Dans le miroir elle se fait face,
Et le rouge à lèvre qui dépasse,
Traçant des lignes sur ses joues
Colorisant en rouge le tout.
Au centre-ville, évaporée,
Elle cherche les ruelles isolées,
Laisse approcher fauves et loups,
Prête à leur exposer son cou.
Elle rêve d'un coma éthylique,
Mais ça n'irait pas assez vite,
Quant à vouloir déconnecter
C'est furtif et vite dissipé.
Des amis parlent de sortir
Elle se sent sur la ligne de mire,
Cherchant la sortie de secours
D'une vie sans nuls contours.
Au fond elle s'est bien amusée,
Sans même boire trop pour exister,
Elle s'est surprise à s'évader,
Sourire et même déconcerter.
Dehors le ciel est nu d'étoiles,
A sa vue son cœur qui s'emballe,
Et le couteau torride et froid
Qui soudain brûle entre ses doigts.
Sur son cou nuls crocs refermés,
Alors elle s'en est occupée,
Sans réfléchir, elle s'est lancée
Et le couteau l'a égorgée.
Elle aurait dû prendre ses pilules
Et dans son sang plus un globule,
Autour d'elle détournent le regard
Des curieux qui n'auraient dû voir.
Là sous les yeux des spectateurs
L'agonie s'est éternisée,
Quand les secours sont arrivés
Elle avait déjà succombé.
T'avais raison, Apollinaire,
Valait mieux pas,
Valait mieux pas rester sur terre,
J'ai poursuivi mon papillon,
Et puis plus rien
Le rêve
Le rêve et le soleil,
Et puis plus rien,
Mon rêve,
Mon rêve et ton soleil.