Vent contraire
minuitxv
Il ne fut pas aisé de distinguer l'absolu du relatif dans les courbures de la nonchalance dont la vulgarité sous-tendait la négligence de l'être aussi parfaitement que l'absentéisme volontaire ignore le moment présent.
Le figuré pouvait contribuer à atténuer l'instant mais insuffisamment pour supporter la situation dans son ensemble.
Il valait mieux rebrousser chemin pour sortir de ce qu'il considérait comme une impasse.
Il tenait l'espoir entre ses dents et chaque fois qu'il les serrait, un filet juteux coulait sur sa langue, dans sa gorge, ravivant ses envies fugaces d'ailleurs insolent.
Aussitôt qu'il tourna le dos un vent frais s'engouffra dans sa chemise, décollant le tissu mouillé de sa peau, et caressa ses aisselles. Une odeur âpre se dégagea, attirant son attention.
Il était donc vivant, s'il le voulait. Ce choix lui convint. Il décida de poursuivre sa route.
A mesure qu'il avançait, il sentait l'obéissance s'éloigner tambour battant, chaque coup allégeant son cœur qui pulsait du mercure.
Il se pencha en avant, mordit sa langue et ouvrit la bouche. Un filet de sang tomba sur le sol poussiéreux, attirant une colonie de fourmis.
Il était heureux de se donner à manger. Il ne l'avait jamais fait auparavant.
Il reprit la route, marchant à contre courant, à la recherche du clown en pleurs.