VERS DES PROFONDEURS...

rocco-souffraulit

Élevé aux hormones, cet homme a voulu voir sa mer
Avant son départ dans les enfers de son cancer,
Cette mer, qui, sans vergogne, lui a pris son père
Un jour de colère, pour de vieilles et vagues histoires
Avant d’être livré par la cigogne dans la cheminée,
A l'âge où l'on pose un coquillage au creux de l'oreille,
Assuré de l'entendre vous susurrer pour vous rassurer
des romans de pirates et ceux qui vous émerveillent.
Après avoir roulé sa bosse, il voulait enfin de celle
Qui de ses rouleaux laisse un petit arrière goût de sel
Parfumé au diesel sur les contours des lèvres,
Pour se faire lécher, par cette langue maternelle,
Que seuls les amoureux de cette mer nourricière
Connaissent, en la regardant droit dans les eaux.

Il a voulu sentir sur sa peau ses courants culturels,
Qui lient par le limon les frontières des îles côtières
Et, son écume, qui a pris le tuteur de sa digne vie,
En l’emprisonnant dans le coffre de ses abysses.
Depuis tout môme, il a voulu voir sa si belle mer,
En se mettant à genoux, à ses pieds, pour baiser
Le chaud plancher des crustacés, s’y enlacer
Entouré de ses écrevisses pleines de vices
Dans les grains de sable qui caressent ses pieds.

C'est assez, à trop y penser il en a souffert,
Avant de partir, pour mourir, il veut en finir
Avec ses démons en s’approchant de sa maison
Qui sert de décharge depuis l’ère de la pollution.
Aussi lointain qu’à perte de vue, ce besoin est grand,
Mer aux couleurs azurs, accorde lui ses prières,
Il va t’aimer j’en suis certains alors fait pas de manière.

Il a fait l’aumône pour voir sa douce putain
En dépensant l'argent pour prendre le train,
Pour voir celle qui, depuis plusieurs générations,
Enivre celles et ceux qui portent le même nom,
En les berçant par ses courants dans les fonds
De son berceau pour en faire leur propre caveau,
Pour aller aussi loin que possible dans sa destinée,
Pour que les prétentieux phares à coup de gyrophare,
aux abords d'un port de porcs ne puissent le voir,
Plus apeurés encore d’y voir l’ombre de la mort
Et qui fendent en larmes, en parlant de son sort,
Pour une marée de pleurs amarrés aux fleurs.

Il veut juste retrouver aux pieds des continents,
En se guidant à l’aide de l'envolée des oiseaux,
En écoutant les sirènes qui filent des paquebots
Pour délivrer une harmonie délicate et solennelle,
La mémoire pour son père, devenu le vestige
Immortel d’une épave sombré avec ses secrets,
Dans le vertigineux désert froid des profondeurs.

Il voulait faire honneur aux odeurs de sa mer
Et toucher les écailles des petits poissons
En vois de disparition d’après la télévision.
Il voulait se planter, se planquer au milieu des planctons,
Remonter en surface pour reprendre sa respiration,
Les années font que ses poumons se sont atrophiés
Pour devenir de plus en plus petit...
Encore plus petit que ça...
Oui c'est ça...
Voilà...
Allez un effort...
Un petit effort plus fort...
La lumière lentement brille à la façon de l'or...
Les poumons pressés par la pression prennent le large,
Un effort encore pour devenir de plus en plus grands,
C'est pas trop tôt le manque d'air lui monte au cerveau
En pensant à ces lignes qu'il aura écrit la vague à l'eau,
Pour remonter au niveau zéro et aller si haut
Pour se laisser éblouir par ces rayons de vérité,
Son monde était ailleurs loin de nos rancœurs,
Loin de sa vie, pour partager avec sa mer
Le bonheur d’avoir une ancre pour s’y attacher,
Pour lui écrire la plus belle des déclarations d’amour
Mais avec le cancer il n’en a jamais eu le temps,
La mort l’a rappelé il y a pas si longtemps.

Signaler ce texte