Vide

maelle-thma

Ton souvenir s'égare au milieu des gens qui m'habitent

Je suis en pleine chute.

Mes jambes ne portent plus mon corps qui est devenu trop lourd, trop encombrant. Je suis un poids, un énorme poids. Mon souffle se coupe brusquement, à intervalle irrégulier.
Je ne sais plus.
En un instant, j'oublie tout. J'oublie notre rencontre, notre amour, notre passion. J'oublie la première fois ou mes yeux se sont posés sur toi. J'oublie tout de toi. Tout ce tu aimes tout ce qui te déchire. J'oublie ton parfum, ton nom. J'oublie cette absence, cette solitude. Je l'oublie pendant quelques secondes.

Avant que tout me revienne.
Je sombre, je ne flotte plus. Je suis entraînée dans les abysses de ma mémoire.
Je n'y arrive plus. Je ne peux pas.
Alors oui, je crie. Pour toi, pour moi, pour nous. Pour notre histoire. Je te vois longer les murs de mon esprit, tu essayes d'ouvrir et de découvrir chaque porte. Mais maintenant sans toi, plus de porte, plus rien. Seule la noirceur est présente.
Je me lève, il pleut encore. J'ai l'impression d'être ce temps. Changeant et instable. Mes émotions me guident, elles me possèdent. Je ne peux les gérer.
Comme le tonnerre, on le sent, on le voit. Petit nuage qui, à la rencontre de son opposé, Se déchire, se brise.
Je suis le ciel noir, l'éclair qui jaillit. Je suis tout et rien à la fois.
Pourquoi suis-je rongée par le doute ? Par le remord ? Pourquoi ai-je peur de moi ? Pourquoi tout se mélange ?
Je vis et je m'éteins.
Je suis heureuse et en même temps la pluie s'abat sur moi.
Par ta faute, je suis devenue une ombre, un souvenir. 

Je ne sais plus ce que je ressens réellement. En moi, tout s'abime tout s'estompe.
J'ai une peur affreuse d'oublier.
De m'oublier, d'être oubliée. Je ne veux pas devenir étrangère au monde. Je veux qu'il m'admire, qu'il me désire, j'ai besoin de lui, j'ai besoin d'elle. Et je sais que jamais je ne pourrai la retrouver. Alors j'écris aussi vite que possible sur ces touches sans jamais m'arrêter, comme un pianiste, je cherche les bonnes notes et les bons accords. Telle une valse, je prends de l'élan et danse un pied après l'autre.
En moi, la musique de ma vie résonne.
Elle percute les murs et finit par se loger dans l'endroit le plus détruit par le temps : mon cœur, mon âme.
J'ai mal, aucun mot ne décrit cette souffrance, aucune phrase ne pourrait décrire à quel point j'ai mal de toi, à quel point mon être est vide. Tout est paradoxal. Je suis vide, mais en moi une multitude de sentiments s'attaque à mon être, à mon corps. J'ai beau essayer de tout refouler cela se transforme en symptôme physique. Ma tête tourne, je divague puis je ne respire plus. Schéma incessant qui à chaque fois se répète.


Il y a toujours un moment bien trop calme avant la tempête.
Je vrille, je la sens, je la sens monter en moi.
Et puis ça y est. Elle sort, elle respire.
Je ne contrôle plus rien. Mes propos deviennent incohérents, répétitifs.
J'écris en pleine crise, vite et sans importance.
Est-ce que tu souffres ? Est-ce que comme moi tout se mélange en toi ? As-tu peur ? Je veux savoir, si, comme moi, tu n'arrives plus à vivre.
Je ne veux pas être la seule.
Je ne veux pas être seule et tu m'as abandonnée, me laissant juste une étincelle. Mais qui va la rallumer ? QUI ?
Je deviens folle, folle de toi, folle de moi, folle d'une histoire qui n'a jamais eu lieu.
Je ne vis plus, je ressens tout. Je sais que tout n'est plus qu'un souvenir que tout à une fin. L'amour, comme nos vies, vont se détériorer. Mais je ne l'accepte pas.
Je veux tout voir, je veux tout savoir. 

Alors montre-moi !
À travers tes yeux, je veux pouvoir voyager, ressentir encore plus, me détruire encore plus. Rejoins-moi dans les époques sombres de l'humanité. Reste là ne bouge surtout pas. Et vis avec moi, sourit avec moi, pleure avec moi ! Jamais je ne bougerais, jamais je ne partirais, car chaque amour nécessite un départ. Je peux être ton départ, je peux t'aider à aimer, à être toi, je peux être ton Pygmalion.
Même si tu ne m'aimes pas.
Laisse-moi t'aimer, laisse-moi voir mon déclin.
Car tu es mon déclin.
La vie continue, elle ne s'arrête pas. Et je veux te voir vieillir, être heureuse, je veux voir à quel point tu as réussi à accomplir ce que tu voulais. Laisse-moi, en fantôme, te regarder. Chaque être a besoin de l'autre. À besoin d'un halo affectif.
Alors sache que même si tu m'as fait du mal, je resterais toujours là.
« Vis pour toi » on m'a dit un jour, et j'y ai cru ! Mais mon existence est vouée aux autres. Je veux leurs bonheurs. Pouvoir prendre toutes leurs souffrances ! Donne-moi la tienne ! Telle une pierre précieuse, j'en prendrais soin.
Tu vas m'oublier.
Rencontrer d'autre personnes, les toucher, les aimer, les détester.
Alors oublie-moi si tu le souhaites. Et si un jour, tu t'aperçois que ça ne va pas.
Fait jaillir mon souvenir.

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