Viens, viens

My Martin

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La Machine, commune de la Nièvre Sud -dans la couronne de Decize 

  

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XIIIe siècle à 1974. Cinq siècles d'exploitation du charbon  

 

1689. Un baritel (vieux français, "tamis". Le premier en France) est installé par des ouvriers de Liège 

 

1681-1684. Au temps de Louis XIV. Les Liégeois se distinguent lors de la construction de la machine de Marly 

90 % en bois. Bougival. Pomper l'eau de la Seine, pour alimenter les jardins de Versailles. Le plus grand mécanisme jamais construit jusqu'alors 

 

1689. Cousin de son constructeur Rennequin Sualem 1645-1708 maître-charpentier et mécanicien liégeois. L'ingénieur Daniel Michel arrive dans la Nièvre -il fait souche, ses enfants continueront son travail 

Il y installe son instrument ; le lourd manège à chevaux, "la machine" (d'où le nom de la commune), permet la remontée des mineurs, mais aussi la circulation du matériel et de la houille 

 

17 mai 1840. Pénurie. Manque absolu de subsistances. En révolte, les mineurs conduisent une émeute de la faim 

Sept cents mineurs attaquent les péniches, qui transportent les céréales sur le canal latéral à la Loire (liaison du Rhône à la Seine). Ils pillent les boulangeries et d'autres commerces. Ils saccagent les bureaux de la compagnie minière 

Ils obtiennent une baisse du prix du blé 

 

1869 à 1946. Les houillères de La Machine sont sous le contrôle de la compagnie Schneider -1836. Société française fondée au Creusot, Saône-et-Loire, par Adolphe et Eugène Schneider -la dynastie des maîtres de forges  

 

18 février 1890. Catastrophe minière. Un coup de grisou fait quarante-trois morts 

 

17 mai 1946. Les houillères sont nationalisées, dans "l'intérêt exclusif de la nation". Les Charbonnages de France rattache l'exploitation de La Machine, aux Houillères de Blanzy (Saône-et-Loire) 

La ville compte plus de six mille habitants -un quart est employé dans la mine 

Pour la plupart, les familles sont logées dans les cités ouvrières construites par la Compagnie, à proximité des puits. Des logements ouvriers, des petits immeubles ou des maisons, qui accueillent deux, trois ou quatre familles 

La ville est prospère, un moteur économique pour la région  

 

1974. Le dernier puits, dit "des Minimes" (690 mètres de profondeur), ferme  

 

 

5 novembre 1973. Une maison ouvrière, deux familles cohabitent. La famille Perrot et séparée par une fine cloison, la famille U. 

 

Dominique Perrot (11 ans). Lien fusionnel avec sa mère 

21 heures. Dominique monte se coucher 

Des coups sonores. Depuis le mur qui sépare sa chambre de la maison des voisins 

 

Le père se rend chez les voisins. Madame écosse des petits pois. Monsieur, dans l'entrée. Ils ne sont pas à l'origine des coups 

 

Les jours passent. Un mois et demi. Chaque soir. Lorsque Dominique se couche, les coups résonnent  

"Pour oui, tape une fois". Un coup 

"Tape deux fois". Deux coups 

Le garçon trouve un moyen de communiquer, avec "l'esprit" 

 

Dominique sifflote sur une musique de Marie Laforêt  

 

[...] Viens, viens, c´est une prière 

Viens, viens, pas pour moi mon père 

Viens, viens, reviens pour ma mère [...] 

 

Le mur bat la mesure 

 

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Une heure du matin. Les bruits. Le garçon ne peut dormir 

 

Toute la ville en parle ; des scientifiques se rendent sur place

Des charlatans

Des illuminés 

 

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Le commandant de la brigade de gendarmerie, l'adjudant Bernard Guilbert, mène l'enquête 

 

"J'entends moi-même les coups résonner dans la cloison […] Aucun branchement, aucun magnétophone, rien d'anormal. Les coups sont spontanés dans la cloison 

Je colle mon oreille sur le mur. Je ne distingue pas de son précis. Une zone diffuse de 20 à 30 centimètres, autour d'un point central. Pas sur un point très restreint" 

 

Par l'intermédiaire de Dominique, l'adjudant Guilbert interroge le mur 

"Je lui demande s'il est là. Je le fais compter. Combien j'ai d'enfants, combien de balles dans le chargeur de mon pistolet, combien de gendarmes, à la brigade ?" 

 

Les arrivées du tiercé ? Le mur répond -juste 

 

"Déstabilisant. Mes gendarmes sont perturbés" 

 

L'adjudant Guilbert enregistre sur son magnétophone 

 

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"L'enquête est faite sérieusement 

Des planques. Des gendarmes, partout. A l'étage, derrière la cloison, au sous-sol, dans le jardin 

Rien. Pas de trucage. Pas de supercherie" 

 

Décembre 1973. Le rapport de la gendarmerie est transmis à la hiérarchie 

 

 

A La Machine, les membres d'une secte. Dominique est le messie 

 

Dominique tombe en dépression  

Pendant trois semaines, il est envoyé dans un centre  

 

Retour. Le mur ne parle plus 


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