Voleur de coeur

Célia Lavote

Voleur de cœur…

 

Soraya était de ce genre de fille qui n’avait jamais une minute à elle…

Entre son travail, ses loisirs et ses amis, elle avait très peu de temps à consacrer à son petit cocon et y passait seulement de très courts moments : juste le temps de se refaire une petite beauté ou changer de tenues, le jean baskets pour la journée, femme plus fatale lors de ses petites virées entre copines célibataires à la recherche du grand amour…

Elle ne passait pas assez de temps chez elle pour vouloir se surcharger de son trousseau de clefs. Elle le confiait donc la plupart du temps chez la vieille et adorable Géraldine. C’était un peu comme une seconde maman et à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit Soraya pouvait entrer chez son amie-mère-poule à fin de le récupérer.

Elle ne pouvait pas encore savoir que ce petit trousseau allait être à l’origine d’une merveille rencontre qui allait changer sa vie à tout jamais…

C’était un matin encore plus surchargé qu’à l’ordinaire…une réunion importante et un enterrement de vie de jeune fille attendait Soraya aujourd’hui.

Elle enfila vite un petit jean slim et un tee-shirt cintré noir sa couleur fétiche, après une bonne douche, prépara sa tenue pour la soirée : une petite robe de dentelles noires bien entendu…qu’elle rangea avec précaution dans sa housse. Elle était déjà très en retard lorsqu’elle ferma la porte de son pied à terre…trop en retard pour passer, comme à l’accoutumée, déposer ses clefs chez Géraldine…peu importe elle serait de retours dans la soirée de demain, elle pouvait pour une fois emporter avec elle son trousseau.

Elle passa une journée harassante et ce ne fut que vers 19h00 qu’elle se présenta chez sa meilleure amie Alexandra reine d’un soir.

-« Ah ! Enfin te voilà, on commençait à se demander si mon témoin de mariage allait être de la partie ce soir ! »

-« Je suis désolée répondit Soraya mais tu sais ces présentations de nouveaux projets sont toujours d’interminables discours pour ne rien dire ou presque, je file me refaire une beauté et je suis toute à toi ma belle … »

Après une demi-heure à peine, elle sorti de la salle de bain complètement métamorphosée en une belle trentenaire sexy en diable, aguicheuse mais pas vulgaire. Elle avait un don pour qu’un petit rien sur sa tenue la change en une princesse moderne.

 

Ce soir c’était un superbe médaillon trouvé dans une vente aux enchères qui faisait toute la différence. Il était étrange et unique mais on ne pouvait pas ne pas le remarquer. La broche représentait une petite fille japonaise gothique peinte sur de la nacre…

Elle était vraiment fière de sa trouvaille et était ravie de l’étrenner pour cette occasion.

 

Après avoir un peu volé bien malgré elle la vedette à son amie (qui lui en voulait un peu secrètement), les filles partirent dans un endroit magique où elles aimaient se retrouver le plus souvent possible…

Soraya était un peu nostalgique ce soir malgré cette belle soirée qui s’annonçait. Elle savait que ces sorties entre filles allaient très vite se raréfier. En effet, elle était la dernière sans compagnon de route, toutes ses cendrillons d’amies avaient trouvé chaussures à leur pied. Elle évita pourtant de gâcher la fête avec son petit cafard égoïste et se jeta à corps perdu dans l’ambiance qui régnait dans ce lieu idyllique.

Les filles s’éclatèrent comme de petites folles qu’elles étaient il y a encore une dizaine d’années, se firent draguer par de gros balourds et quelques hommes charmants mais Soraya ne trouva pas encore son prince charmant lors cette soirée quand les 12 coups de minuit furent loin derrière elle.

Elle et son amie rentrèrent à l’aube : fourbues mais heureuses des souvenirs de liesse et de rigolades qu’elles avaient engrangées pour l’avenir.

Elles s’endormirent en se remémorant tous ce qu’elles avaient vécus ensemble : ces deux-là c’est sûre ce n’est pas un homme qui allait les séparer et cela rassura un peu Soraya.

Après une bonne nuit de sommeil, les deux complices partiront à la recherche de la plus belle robe de mariée pour Alexandra. Cela risquait d’être du sport !

Ce que n’avait pas prévu Soraya pendant qu’elle passait une agréable soirée avec ses camarades c’est ce qui se tramait dans son immeuble et plus exactement dans son appartement.

 

 

 

 

 

 

 

La veille quand elle avait quitté précipitamment sa résidence elle avait perdu le fameux trousseau de clés et un inconnu l’avait aussitôt récupéré à son insu.

L’inconnu ne l’était pas vraiment en faites puisque ce n’était ni plus ni moins que le petit fils de sa concierge Géraldine. Voilà déjà quelques semaines qu'il l'espionnait sans jamais avoir osé une seule fois l'aborder. Il connaissait quasiment tout de sa vie, elle ignorait jusqu'à son existence.

Il courut faire fabriquer un double qu'il garda comme le plus précieux des trésors et déposa le vrai jeu de clés chez sa grand-mère en cachant bien sûr le forfait qu'il venait d'accomplir. Cette dernière le félicita pour sa grande bienséance sans se douter un seul instant de ce que son petit-fils Maxime avait comme projet.

Il savait grâce à sa gentille grand-mère que Soraya ne serait pas chez elle avant le lendemain soir. C'est donc avec un aplomb insoupçonnable au vue de son visage d'ange qu'il grimpa les escaliers en fin de soirée après avoir embrassé Géraldine.

Il ouvrit l'antre comme s'il arrivait dans un lieu sacré...dans un temple où tout ce qu'il avait toujours rêvé de toucher chez sa déesse se trouvait à portée de main...enfin il allait tout savoir d'elle...de celle qui faisait chavirer son cœur depuis des jours. Il n'aurait jamais pensé qu'un jour une femme lui ferait commettre autant de méfaits et qu'il n'en ressentirait pas la moindre honte. Bien au contraire en humant l'air de la première pièce de l’appartement, il était le plus heureux des hommes.

Le cœur battant la chamade il pénétra dans cet appartement avec autant de désir que s’il avait pénétré Soraya elle-même. L’interdit lui procurait à cet instant un feu assez violent vers le bas ventre.

A pas de velours comme un chat à l’affût il se faufila dans l'intimité de Soraya

Même dans l'obscurité, il pouvait humer le parfum laissé dans la pièce principale...une odeur orientale, un mélange de bois de rose, de jasmin, de patchouli, d'encens, de fruits séchés et de labdanum...le palais des mille et une nuits que Maxime rêvait de découvrir depuis des jours.

Il alluma la lumière qui était assez discrète pour ne pas nuire à l'ambiance feutrée, ce qui envoûta encore plus l'esprit et le corps de Maxime...Il n'avait qu'un seul regret à cet instant précis : n'avoir pas été invité et de n'être qu'un malfrat en mal de sensation...il voudrait tellement que Soraya ne soit plus seulement qu'un fantasme qui hantait sa vie tel un esprit maléfique jusqu'à le rendre fou.

Il parcourra à pas de loup l'intimité de sa belle princesse orientale. Plus il s'aventurait dans son château plus l'envie de connaître jusqu'à ses catacombes lui montait à l'esprit.

Minutieusement, il ouvrit les tiroirs où toute la vie de Soraya s'offrait à lui...des albums photos, des objets insolites qui n'avaient de valeurs certainement qu'à ses yeux, des morceaux d'enfance rangés dans de belles boites de petite fille. Plus intime encore, sa lingerie à la fois précieuse et aguichante ce qui  l'étonna légèrement.

La journée Soraya adoptait un look plutôt garçonne : jeans, petit tee-shirt moulants et chaussures des plus pratiques jusqu'à sa coiffure qu'elle cachait sous de magnifique chapeau d'homme. Le soir c'était un autre personnage qui prenait vit : jupes ou robes plutôt courtes qui mettaient si bien en valeur ses longues jambes à la fois fines mais pas trop maigres. Mais ce qui faisait toujours rougir Maxime lors de ses nombreuses planques c'était bien son décolleté généreux et bombé qu'elle offrait à la vue de tous ceux qui prenaient la peine de regarder.

Pas vraiment farouche ma belle se dit Maxime en fouillant un peu plus dans le privé de Soraya. Il trouva des jouets sexuels dont il ignorait jusqu'à l'existence...Cette fille ne pouvait que l'attirer...elle était du genre à s'assumer, à exhausser le moindre de ses désirs et certainement devait savoir vous emmener aux plus profonds des abîmes de la passion amoureuse...

 

Il se coucha délicatement dans son lit, se vautra dans ses draps et rapidement s'endormit les rêves remplis de cette odeur, emmitouflé dans les bras virtuels de Soraya...sa respiration devint vite haletante, il transpirait...ses rêves devenaient bien plus agités que sa morose existence de célibataire.

Devant lui, elle était aussi nue que la vénus de Botticelli. Elle lui souriait – il était aux anges !! Elle l'emmena rapidement très loin dans la luxure...lui fit découvrir que tous désirs sexuels pouvaient être assouvis s'ils étaient partagés et consentis pour les deux partenaires. Elle débordait d'énergie et faisait preuve d'initiative qui ne pouvait faire que rougir le plus averti des mâles...c'est elle qui menait la danse et qui en rythme vous faisait parcourir tous les recoins de la débauche mais toujours avec une sensualité à fleur de peau...

La nuit s’étira le plus longtemps possible pour Maxime qui vivait par procuration une si belle histoire d'amour...Malheureusement il savait que dès que le rêve s'achèverait tout ce qu'il venait de vivre ne resterait qu'un souvenir, qu'un fantasme.

D'avance çà le rendait triste. Pour oublier le plus longtemps possible et rester dans cet état second il se leva, alla jusqu'à l'armoire à pharmacie et par bonheur trouva les petits comprimés qui allaient prolonger son songe érotique le plus longtemps possible.

Pendant que Maxime vivait une nuit enflammée et torride par procuration en pleine journée...et que le temps n'avait plus d'emprise sur lui, Soraya, elle courrait de magasins en magasins pour que son amie puisse être la plus belle des mariées le jour J qui approchait à grand pas.

Elle était exténuée et n'avait qu'une hâte, rentrer au plus vite dans son « home sweet home » et se glisser dans un bain de mousse abondante et enivrante et ensuite se laisser couler sous ses draps de soie et partir loin lovée dans les bras de Morphée.

Ce n'est qu'assez tard dans la soirée qu'elle parvint à se libérer de ses obligations d'amie toujours dévouée et surtout future témoin au mariage de son amie Alexandra.

Lorsqu'elle parvint enfin devant le porche de son immeuble, elle se souvint alors qu'elle n'avait pas comme à son habitude déposée ses clefs chez sa concierge et que bien sûr elle les avait perdu par inadvertance...Heureusement que maman Géraldine l'avait prévenu que son gentil petit-fils lui avait déposé la veille...Il faudra qu'elle prenne un peu de son temps pour remercier de vive voix ce jeune homme. C'est donc rassurée qu'elle se dirigea chez Géraldine récupérer le passe qui la délivrerait de sa fatigue et de sa lassitude...

- « Bonjour, chère Géraldine, encore une fois vous m'enlevez une sacrée épine du pied, je suis tellement heureuse de rentrer chez moi...Faites-moi penser à l'occasion de surtout ne pas me marier...les préparatifs c'est vraiment l'enfer ! »

- «  Je n'y suis pour rien ma jolie, c'est Maxime qu'il faudra remercier-enfin s'il daigne revenir par ici un de ces jours...je suis inquiète d'habitude il passe tous les midis et aujourd'hui je n'ai vu personne et je suis sans nouvelle... »

- « Ne vous inquiétez pas, je suis sûre que c'est juste un petit retard, il a dû avoir un empêchement de dernière minute, il vous donnera très vite des nouvelles j'en suis persuadée. »

Elle ne pensait pas si bien dire. Après avoir tenté vainement de rassurer Géraldine, elle prit courtoisement congé de celle-ci et se hâta de gravir les dernières marches qui la rapprochaient d'un bain de jouvence et d'un repos bien mérité.

Après avoir effectué un tour  de clef elle se rendit compte que la porte n’était pas verrouillée à double tour comme elle avait l’habitude de le faire à chaque sortie…Décidément pensa-t-elle, la veille elle ne se trouvait pas dans un son état normal.

La fatigue l’empêcha de se poser trop de questions sur cette énigme….

Par contre, il régnait une atmosphère inhabituelle dans le lieu qui ne put la laisser indifférente…une odeur qui lui était totalement étrangère mais qui curieusement titillait ses sens…une odeur de musc, une senteur masculine…voilà bien longtemps que son appartement n’avait pas eu cette empreinte et même si cela l’intriguait chaque seconde un peu plus il fallait reconnaitre que çà lui était fortement agréable…

Elle posa délicatement sa veste noire sur le porte manteau de l’entrée et se laissa guider par son adorât. Elle balaya du regard de long  en large son appartement et au vu de sa taille elle put s’apercevoir que dans la pièce à vivre principale rien ne pouvait  présager de la suite… Elle se dirigea derrière son petit bar ou se trouvait sa minuscule petite cuisine…elle vit un verre sur le rebord de l’évier qui l’intrigua fortement et qui fit monter d’un cran son inquiétude.

-« Je deviens folle ou je perds la mémoire en courant mais je suis sûre que ce verre ne se trouvait pas là hier avant mon départ » pensa-t-elle à voix haute.

Machinalement, elle ouvrit la porte de la salle de bain et découvrit ici aussi une chose d’ordinaire peu banale, son armoire à pharmacie avait été visitée et on avait apparemment dérobé ses petits cachets qu’ils lui arrivaient de consommer quand le sommeil était trop long à lui venir.

Cette fois, plus de doute elle avait eu une visite incongrue pendant son absence. C’est la peur au ventre qu’elle poussa la porte de sa chambre non sans se munir du premier objet qu’elle avait pu trouver à proximité : un balai.

Elle faillit défaillir quand elle vit ce corps couché dans son lit…Au bout de ce superbe corps d’apollon, un visage d’ange. Elle réussit à garder son sang-froid et s’approcha de cet intrus qui avait osé violer son intimité sans y être convié alors qu’elle l’aurait certainement fait de bon cœur après une rencontre et quelques petits verres au petit café d’en face.

C’était bien la première fois de sa vie qu’elle avait le bonheur de contempler la beauté faite homme, elle en oublia même sa fatigue, sa peur et le faite que cet importun se vautrait dans ses draps sans autorisation.

Après quelques minutes à l’observer, elle se décida à fermer la porte après avoir repris un peu ses esprits – il s’agissait peut être d’un dangereux malfaiteur malgré sa « gueule d’ange » et dans le doute elle ne voulait pas prendre de risque de se faire agresser.

Elle allait sortir son téléphone portable de son sac à main pour prévenir qui de droit quand elle vit la porte s’ouvrir. Terrorisée elle ne put rien entreprendre et voyait déjà ses derniers instants arriver. Cette fois c’est sur elle n’en sortirait pas vivante.

De son côté, Maxime n’en menait pas large non plus. Il se sentait vraiment très mal depuis son réveil. Comment expliquer à celle qu’il vénérait en secret depuis quelques semaines qu’il n’était pas dans cet appartement pour lui faire du mal mais bien au contraire la couvrir d’amour.

-« Surtout ne paniquez pas, je ne vous veux absolument aucun mal, je suis confus et je plaide coupable de cette intrusion totalement inexcusable…j’ai honte mais cela m’a été impossible de résister »

- « Qui êtes-vous ! Que me voulez-vous ! Parlez vite avant que je n’appelle la police et qu’elle vous embarque pour votre méfait injustifiable…restez où vous êtes, ne faites plus un geste…enfin si un seul…habillez-vous ! »

Maxime dans sa confusion n’avait même pas pris la peine de se revêtir du drap de soie blanche qui le recouvrait cinq minutes auparavant dans ce lit où il venait de vivre une si belle aventure ne fusse-t-elle que virtuelle. Il se trouvait devant elle sans aucun apparat. Au moins, elle ne pouvait pas craindre qu’il cache une arme sur lui.

Bizarrement, Soraya ne ressentit pas une énorme angoisse. Ce beau jeune homme pris à son propre piège paraissait encore plus apeuré qu’elle ce qui n’était pas pour lui déplaire. Soraya allait pouvoir jouer du pouvoir qu’elle avait sur lui pour se venger de cette violation de domicile. Pas besoin de l’autorité pour se faire justice, elle avait déjà une idée en tête. Puisque le petit oiseau était venu se fourrer la patte lui-même dans le filet, elle comptait bien jouir de cette situation et pourquoi pas au sens propre du terme. Ce bel inconnu en tenu d’Adam commençait à lui titiller tous les sens. Elle prit donc une intonation grave et directive pour s’adresser à lui et cela avec un certain plaisir :

« Finalement, je préfère que tu ne bouges pas, reste comme tu es…je t’écoute, quelle bonne raison as-tu de venir envahir mon intimité, parle vite avant que je ne prenne des dispositions qui pourrait te valoir quelques jours de prison.

Penaud, gêné, rouge de honte Maxime s’exécuta en balbutiant ses explications.

« Je m’appelle Maxime, je suis le petit-fils de Géraldine votre concierge, voilà plusieurs jours que je vous observe…que je suis tombé sous votre charme. Hier matin, vous avez perdu votre trousseau de clefs et je n’ai pas résisté à me faire un double…je n’avais pas l’attention ni de vous faire peur ni de vous voler quoi que cela soit… » Il lui raconta tout.

Soraya restait bouche bée, c’était juste incroyable ce que ce jeune homme nu comme un vers était en train de lui conter…en clair, il s’était amouraché  d’elle et avait profité de son absence pour venir humer sa vie privée.

-        « Je suis flattée par tant de volonté à me connaitre mais une rencontre plus ordinaire m’aurait été tout aussi appréciable. »

Maintenant, il allait falloir rompre cette gêne qui existait dans cet appartement et repartir sur des bases plus saines.

-« Téléphone vite à ta grand-mère qui s’inquiète de ton sort…puis prend un peignoir dans la salle de bain…je te sers un petit remontant peut-être…histoire de faire plus amples connaissances » ? 

Maxime revenait de loin…il était dans un état second entre la peur et le soulagement. Bizarrement, Soraya avait pris le dessus sur lui et il savait qu’il n’aurait plus vraiment l’ascendant sur elle mais cela ne le gênait pas plus que cela en faites. Il s’exécuta donc et revint vêtu d’un beau peignoir de velours noir et s’assit face à Soraya dans un des fauteuils.

Elle menait la danse, le couvrait de questions plus ou moins indiscrètes. Elle buvait du petit lait tellement la situation avait jouée en sa faveur. Ils restèrent plus de deux heures à discuter à bâton rompu de leurs vies respectives. Si bien qu’au bout de la fin de la troisième heure, ils étaient exténués autant l’un que l’autre.

-        « Il se fait tard, je suis claquée. Tu peux dormir sur le canapé jusqu’à demain, moi je file me coucher »

Même s’il aurait préféré un autre genre d’invitation, Maxime en petit garçon docile obéit sans rechigner et se coucha dans ce divin raide et trop petit pour lui. Soraya était décidément très joueuse et avait de lui en cet instant son jouet…ce qui n’était pas pour lui déplaire.

Soraya se doutait que la nuit risquait d’être courte et surtout pleine de rebondissements.

Elle ne dormait que d’un léger sommeil pour être certaine de pouvoir garder un certain pouvoir sur ce beau jeune homme qui devait se morfondre sur son canapé.

Maxime ne pouvait pas fermer les yeux tant son esprit se trouvait dans cette chambre qu’il venait de squatter et dont les parfums n’avaient plus aucun secret pour lui.

Il décida finalement de jouer à l’enfant désobéissant et entra dans la chambre de Soraya prêt à subir toutes les humiliations qu’elle risquait de lui infliger si elle le découvrait.

Il resta plusieurs minutes debout sans bouger à contempler cette splendeur féérique. Il la détailla de si près qu’il découvrit même un grain de beauté sur son sein gauche.

Maxime ne tenait plus, il fallait qu’il touche sa peau, qu’il caresse son corps, qu’il embrasse son âme, qu’il embrase sa flamme. Courageusement il tenta de se glisser dans son lit. Il allait y parvenir lorsque Soraya, à l’aide de son pied le renvoya valdinguer si fortement qu’il termina sa chute sur le tapis dans un bruit sourd.

Soraya sortit de sa torpeur et regarda sur le côté du lit. Quand elle aperçut Maxime tel un toutou rampant au pied de sa maitresse, elle ne put s’empêcher de s’esclaffer :

-        «  Et bien petit malotrus,  quand tu as envie de quelque chose tu es prêt à tout pour y parvenir. Je suis désolée, je ne voulais pas te faire mal mais n’oublie pas que je suis une célibataire et que je suis souvent seule dans ce lit…une présence masculine n’est pas si singulière que cela en faites. »

Maxime se demanda s’il devait lui sauter dessus immédiatement et lui montrer que la comédie avait réellement pris fin ou continuer à jouer au petit gamin un peu gauche mais si attendrissant…il opta pour la seconde solution :

-        « Soraya, laisse-moi juste m’étendre à tes côtés, juste sentir ton parfum oriental, juste me caresser dans tes draps…juste espérer…je suis si malheureux de t’aimer autant ! »

-        « Bon fit-elle légèrement désarçonnée et attendrie par tant de tendresse enfantine, vient mais n’essaye rien que tu ne pourrais regretter…s’il doit se passer quelque chose c’est moi et moi seul qui le déciderais…compris Mister Love ? »

Il se glissa délicatement à ses côtés et ne bougea plus. Il savait sans doute qu’il ne lui faudrait pas attendre longtemps avant de voir Soraya ranger ses armes et se faire féline…En effet, il n’eut pas longtemps à attendre.

Comment aurait-elle pu résister à ce beau minois, ce corps parfait et ses mains si douces ? Malgré tous ses efforts pour lui résister, il ne lui fallut pas plus de dix minutes pour lui laisser le champ totalement libre. Maxime avait gagné non seulement la bataille mais aussi la guerre.

Elle se frotta délicatement contre sa chair chaude…lui embrassa le lobe de l’oreille, lui caressa le torse et descendit petit à petit rencontrer l’objet qui allait surement beaucoup compter pour elle dorénavant. Elle attrapa vigoureusement son phallus, il ne put s’empêcher d’émettre un petit râle de plaisir. Enfin, le rêve allait devenir réalité voir être sublimé !

Après de nombreuses caresses plus excitantes les unes que les autres, ils décidèrent d’un commun accord qu’ils pouvaient passer à l’étape supérieur. Dans la pièce, il régnait une chaleur moite engendrée par leurs deux corps en fusion.

Maxime prit les choses en main en l’agrippant de toutes ses forces et vint délicatement en elle. C’était la première fois qu’il ressentait autant d’envie pour une femme et l’attente qu’il avait subie depuis qu’il l’espionnait avait pour effet de décupler ses ardeurs.

Ils s’effleurèrent, s’embrassèrent, s’explorèrent, s’embrasèrent des heures durant. Le temps avait disparu, ils se trouvaient dans une dimension qu’ils auraient été bien incapables de nommer mais ils savaient une chose : ils touchaient de leurs doigts le bonheur !

Ils se réveillèrent doucement à la sortie de l’aube, enlacés et repus. Ils savaient que le jour qui pointait allait remettre en cause cet état d’euphorie partagé. Ils se lovèrent une dernière fois l’un dans l’autre pour oublier un peu leur vie respective. Ne faire qu’un et s’abandonner était en cet instant leur seul préoccupation…

Le réveil matin de Soraya les rappela vite à la dure réalité et ils durent se contraindre à quitter ce royaume où ils venaient de vivre en seulement quelques heures guerres et paix successives.

« Il faut vraiment que l’on se sépare déjà ma belle ? » prononça Maxime dans le creux de l’oreille Soraya avec une once de tristesse dans la voix.

« Désolé, mon ange, mais il faut que j’aille absolument travailler aujourd’hui. Le projet sur lequel je bosse en ce moment ne me permet pas de faire le boulot buissonnier »

« Je n’ai pas de travail…je suis un artiste en devenir…je crois que je viens de trouver ma muse…hors de question qu’elle m’échappe là…maintenant…si bêtement ! »

Sur ces mots il la fit tourbillonner dans les airs, la jeta sur le lit vigoureusement et déchira la petite chemise blanche qu’elle venait d’enfiler à la hâte.

« Maxime, arrête s’il te plait, je suis sérieuse, je dois absolument me rendre au travail ce matin…si ce projet tombe à l’eau ma carrière coule. »

Mais le petit ange de la veille n’était ce matin qu’un petit diablotin désobéissant et plein de fougue. Il ne l’écoutait  pas et l’étouffait de baisers.

Soraya, elle, fit mine de se montrer intransigeante un court moment en se débattant mollement mais sa détermination fondit comme neige au soleil lorsque Maxime commença à lui embrasser la poitrine et en particulier  le mamelon qui se raidit au contact de cette bouche chaude et humide…il lui titilla fermement tout d’abord avec sa langue puis  avec  ses doigts.

 

Ses mains expertes aux longs doigts effilés dansèrent, virevoltèrent sur sa peau, effleurèrent son épiderme et lui procurèrent une sensation électrique dans tout son être.

Puis il lui caressa les tétons qui durcirent et se dressèrent sous les doigts agiles de Maxime. Puis, doucement, de sa langue, il continua sa descente vers son jardin secret qu’il engloutit. Sa langue mouillée se posa sur son abricot humide, rencontra ses lèvres qui lui laissèrent le champ libre sans résistance, titilla son clitoris tandis qu’un de ses doigts agile pénétra dans sa fente feutrée, fouilla son intimité et déclencha la jouissance. Des vagues de volupté inonda Soraya. Elle laissa échapper de longs murmures  éraillés. Tout son corps frissonnait dans l’attente de l’explosion finale. Elle était à sa merci, elle était devenue son esclave sexuelle et elle trouvait çà tellement bon qu’elle en éprouvait une certaine gêne…comment un homme avait pût avoir raison de sa détermination aussi facilement !

Après cette démonstration vigoureuse de son désir pour elle, Maxime lâcha prise et s’étala de tout son long sur le lit.

« File  puisqu’il le faut mais s’il te plait laisse-moi rester encore un peu chez toi…je suis tellement vivant ici…dehors je ne suis rien »

Soraya ne prit pas le temps de s’attarder plus sur le sens de cette phrase un peu extrême au demeurant, elle s’habilla en toute hâte et fila au travail encore toute remplit de cette chaleur humide procurée par cette folle nuit. Elle avait trop la tête dans son projet…aurait-elle le temps et l’énergie pour une histoire d’amour ?

Maxime se retrouva seul et très désemparé…comment cette histoire allait finir…lui ne voulait plus de fin mais il ne connaissait pas les sentiments réels de sa belle-aimée et cela le rendait chafouin et remplit d’angoisse.

Il avait réussi à l’émouvoir grâce à sa sensualité et avait gagné un peu son cœur en lui volant son intimité mais pour ce qui était des sentiments il n’avait pour l’instant aucune certitude sur leur avenir…Peut-être n’avait-il été qu’un jouet entre les mains de sa belle. Finalement c’était bel et bien lui le perdant de l’histoire.

Il décida de rentrer chez sa grand-mère, l’âme en peine, persuadé que sur cette merveilleuse histoire le mot fin avait déjà son inscription en lettres d’or.

Il huma une dernière fois les senteurs orientales qui se dégageaient dans l’appartement pour engranger des souvenirs olfactifs en plus de ceux qui allaient hanter longtemps sa mémoire…

Il fut accueilli avec un soulagement profond par Géraldine qui l’attendait avec l’impatience d’une grand-mère pleine d’affection pour son seul et unique petit-fils.

Il ne put retenir son chagrin et ce fut dans ses bras qu’il s’effondra comme lorsqu’il avait à peine cinq ans et qu’il s’était blessé en tombant de vélo.

 

 

Après les câlins réparateurs de sa douce mère de substitution, et une longue discussion, Maxime reprit son chemin vers d’autres aventures. Avant de refermer le chapitre de cette dernière histoire, il monta une dernière fois chez Soraya pour lui déposer une lettre enflammée qu’il avait écrite avec toutes ses larmes et le sang de son cœur rongé par la tristesse de ne peut-être jamais la revoir.

 

Soraya, ma tendre

« Je suis rentré dans ta vie comme un voleur, j’en sort de la même manière. Je ne suis pas assez courageux pour te le dire de vive voix mais je sens que je dois le faire pour ne pas mettre des chaines à ta liberté, ne pas être un poids pour ton avenir. Mon amour à trop besoin de toi. Cela m’en coute de te laisser ainsi mais je ne veux pas être un boulet que tu trainerais juste par charité. Quand tu liras cette lettre, je serais déjà loin de la capitale, je vais errer de si de là, mettre notre belle histoire en musique et revenir un jour sans que tu ne t’en doutes…je me suis permis de garder le jeu de clé. Si tu veux encore me revoir, si tu ne me détestes pas après avoir lu cette lettre demande mon n° de portable à ma Gégé, elle est au courant pour nous deux, elle ne comprend pas ma décision mais elle me laisse seul le choix de me brûler les ailes. Je voudrais que nous fassions connaissance avec nos âmes puisque nous savons que nos corps sont faits l’un pour l’autre. La distance est la seule solution pour que nous puissions nous apprendre l’un l’autre. Je m’arrache le cœur en écrivant ces quelques lignes, je me torture la vie mais je le fais pour que notre histoire ne se transforme pas en banale routine. Je ne suis pas fait pour la médiocrité…je veux t’aimer comme tu le mérites. Je pars pour chercher l’inspiration dans la tristesse et te ramener tout mon être dans ce que je fais de mieux : la musique. Je ne sais pas si tu auras la patience et le temps de m’attendre mais je préfère prendre ce risque plutôt que de te perdre par lassitude. Pas une seule seconde sans penser à toi, ton absence va mettre aussi insupportable que si on m’arrachait le cœur. J’espère entendre ta voix au plus vite, elle seule sera ce lien qui me raccroche à la vie. Je t’en supplie ne me juge pas trop sévèrement et aide moi à t’aimer à la hauteur de ce que tu es. Ton voleur qui voudrait finir ses jours dans ta forteresse…rattrape moi je t’en prie…l’odeur de tes bras me manque déjà» Maxime

A la lecture de cette lettre, Soraya s’effondra dans un premier temps. Elle lui en voulut quelques jours de lui avoir volé son cœur. Elle le haït même. Elle le savait plus personne ne pourrait jouer avec ses sentiments comme il l’avait fait vu qu’elle lui avait tout donné. Puis, après des semaines d’hésitations et de rancœur, elle finit par demander le numéro de portable de Maxime à Géraldine qui fut transportée de bonheur.

-        « Allo, Maxime c’est moi Soraya…reviens je t’en conjure, viens me rendre mon cœur…sans toi je ne suis plus rien…je ne suis qu’une pâle copie de moi-même »

-        « Ah enfin ta voix ! J’ai cru mourir sans l’entendre une dernière fois…Ma belle je cours vers toi, je ne peux vivre plus longtemps sans la chaleur de ton être, je reviens envahir ton intimité… ! » Il raccrocha net

Quelques instants plus tard, elle entendit une clé tourner dans la serrure de sa porte…son voleur était de retours et cette fois elle allait l’enchainer à vie !!!

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