Week End à la Campagne

anabalina

L’amour avec lui est une grande comédie.


Le photographe me baise, et me baise plutôt bien. (Si c’est moi qui bouge. De cette façon là. Je sais me faire jouir. Sans lui. Sans lui vraiment. Juste sa queue). Mais à quoi me sert d’être vulgaire ?


Alors, l’idée dans la tête; l’idée à écrire. Pour qu’elle ne s’enfuit pas trop loin et: que je ne puisse plus la rattraper. L’idée dans la tête, qu’il faut absolument écrire:

L’amour avec lui est une grande comédie. Quand il parle de m’aimer, il parle de sexe. Il parle de me prendre. M’aimer c’est me prendre. Et moi je pense. Moi je crois: aimer. M’aimer. Je crois: il parle de m’aimer comme l’amour que l’on dit. Celui que l’on connaît. Celui dont on ne sait rien. Moi. La fille. La fille est idiote quand elle ferme les yeux.


Alors disons cela: faire l’amour avec lui est une grande comédie. Le sexe avec lui est une grande comédie. Mais: Il n’en est pas moins bon. Vertigineux. Il n’en fait pas moins crier. Mais c’est de la scène. Ca reste de la scène. C’est comme sur la scène. Sans maquillage. Sans lumière. Ostentatoire. C’est comme toujours entre deux amants trop narcissiques. Car oui; c’est de narcissisme qu’il s’agit. Dont il s’agira toujours. Dans le jeu, cinématographique. Dans la lutte des corps. Acrobatique. Dans la volonté d’incarner. Dans la volonté. Celle de paraître ce que l’on veut paraître. Dans cette mise en scène improvisée.


Car c’est de ça dont je parle. Dont j’essaie de parler. Et qui m’échappe quand je veux l’écrire. La mise en scène, dans l’amour, est improvisée. Ce n’est qu’après qu’elle est devinée. Décelée. C’est dans la nécessité de l’écrire qu’elle est prise au piège. Démasquée. Le besoin de l’écrire. La torture du besoin d’écrire. C’est là, à cet instant là, dans cette nécessité là, que: la préméditation est révélée. 

Sinon: il n’y a pas d’écriture. Il n’y a pas le besoin d’écrire. Qui comme la faim agite le fond du corps.


La mis en scène, oui. C’est comme toujours entre deux amants qui souffrent du besoin d’écrire. Ou de photographier. Et ce week-end, la scène d’orgie se tient à la campagne. Chez la fille. Dans la maison de la fille abandonnée par le père. Juste pour ce week-end. (Abandonnée par le père pour rendre visite à la mère. Aimée par dessus tout. Perdue. Et pour toujours. Perdue jusqu’à la mort de la fille. Ou jusqu’au sommeil. Perdue jusqu’à l’affrontement tellement craint.)


Mise en scène. Et puis ça vient. Doucement. À l’intérieure. C’est la première fois que la sensation d’uriner décide d’aller jusqu’au bout. C’est la première fois que je décide. Que j’autorise la sensation sale et embarrassante à aller jusqu’au bout. Oui, c’est la première fois que la fille décide d’aller au bout de cette envie. D’uriner... Peur. Et honte. Mais: ça se transforme. Doucement. Puis vivement, en glissant. Ca de transforme en un plaisir profond et inconnu. Et ça se révèle: Au bout de la sensation trompeuse et menaçante. Au bout de la menace d’urine, c’était ça. C’était ce plaisir là. Et elle y va. Elle y plonge. Elle s’y noie jusqu’au bout. Elle ne respire plus. Elle ne le voit plus lui. Elle ne voit plus rien. Elle n’est que la plaisir pure. Et effervescent. Qui comme l’acide. Le plaisir pure qui comme l’acide se dissout. Au coeur de son ventre et le long de ses cuisses. Et jusqu’à sa gorge. La plaisir se dissout, dans un grésillement d’effervescence. Assourdissant. Il bouche les oreilles. Et les yeux. Et tout les orifices. Il isole ce corps jeté dans l’acide. Il l’isole du reste de la chambre, et de la campagne.  Il ne laisse entrer  que lui-même. Il ne cherche à s’emprisonner que lui-même ici. Dans ce corps là, qu’il a choisit. Et qu’il ronge. La plaisir comme l’acide se répand et ronge. Et jusqu’à sa gorge. Et puis il sort par sa bouche. Il sort dans un cri. Le cri pas envisagé. Le cri du plaisir qui sort, qui s’échappe. Qui devait sortir. 


Et puis la peur, d’aller plus loin.


Et puis la joie.


Et puis la tristesse. Vide. Car: le corps est vide.

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