What I did

Angéline Richard

Qu'ai-je donc fait pour me retrouver dans une telle situation ?

- C'est là.

- Tu es sûr ?

- Mais oui ! Regarde.

- Je ne vois rien …

- Regarde mieux !

- …

- Tu vois ?

- Oui, ça y est.


Les voix sont là. Je les croyais partit mais elles sont revenues. Elles peuvent voir ? Quelle chance ! Moi je suis dans le noir. Que m'est-il arrivé ? Je ne me souviens de rien. Je ne suis pas devenue aveugle quand même ? Et pourquoi les voix continuent de parler ? Je voudrais du silence ! Il faut que je réfléchisse mais elles continuent leur baratin. Ça ne rime à rien en plus ! Bon et moi ? Je suis où la ? Je ne sens plus rien. J'ai l'impression de flotter. Je dois me souvenir ! Les voix se taisent. Je voudrais bouger mais c'est comme si je n'avais plus de corps. C'est possible tu crois ? Hé ! Quelqu'un m'entends ? S'il vous plaît ! J'ai besoin d'aide ! Les vois murmurent. Je n'entends pas ce qu'elles disent. Je veux juste rentrer chez-moi … C'est où d'ailleurs ce «chez-moi» ?


- Elle n'est pas prête …

- Du calme, elle panique juste …

- On peut pas la ramener à la maison ?

- Non, elle à sa place ici.


Parlent-ils de moi ? Oui sans doute. Prête à quoi ? J'ai vraiment une maison ? Alors pourquoi je ne peux pas y retourner ? Je différencie les voix. Ce sont des hommes qui parlent. Hé ho ! Je suis là ! Je vous entends ! Aidez-moi ! Ce sont des sanglots que j'entends ? Une femme pleure ? Pourquoi ?


- Vous pourrez la soigner ? C'est sur ?

- Allons Marina … Nous ne sommes pas sur qu'une solution existe.


Elle s'appelle Marina … Ce nom me dit quelque chose. Je ne me souviens plus, c'est flou dans ma tête. Les pleurs redoublent. Elle a aussi parlé de me soigner. Je n'ai pas l'impression d'en avoir besoin. Si seulement je pouvait bouger … L'homme qui à répondu à Marina doit être son mari. J'imagine cette femme se serrant contre lui en pleurant. Une autre voix, un autre homme. Son ton est formel, un peu froid.


- Le tranquillisant devrait s'estomper … Vous pourrez lui parler.


C'est pour ça que mon corps ne répond plus. Ils m'ont donné un tranquillisant. Je suis dans un hôpital alors ? Marina … Oui ça me revient, c'est ma maman ! Et a côté d'elle, mon papa sans doute ! L'autre homme doit-être un médecin. Mon esprit vacille. Vais-je regagner mon corps ? Non, je reste dans le noir. Les voix s'agitent. Celle su médecin se veut rassurante.


- C'est normal. Elle doit lutter pour revenir à elle.

- Elle convulse ! hurle maman

- Non, elle bouge, c'est tout. répond le médecin, froid


Ce n'est pas une façon de rassurer les gens ça ! Mon esprit vacille de nouveau. J'imagine que mon corps bouge aussi. Maman s'inquiète, papa ne dis rien. Il la serre sûrement contre lui. Il fait toujours ça quand il s'inquiète. Je veux leur dire que je vais bien. Mais je dois me souvenir. Qui suis-je ? Mon prénom est Nolwen, j'ai dix-sept ans. C'est bien mais il y a un problème. Je me souviens de tout sauf de comment je suis arrivée là.


- Avait-elle déjà fait ça avant ?

- Oui plusieurs fois mais pas aussi violent.


C'est papa. Il va peut-être m'aider à comprendre. Je dois écouter, je dois savoir.


- Ma femme et moi pensions qu'il s'agissait de caprices d'enfant puis de ceux d'une ado. Mais là, nous n'arrivions pas à la contrôler. Ce qu'elle à fait …

- Ce n'est pas votre faute. Elle souffre d'une maladie psychologique grave qu'on ne détecte pas au début. Vous avez bien fait de l'emmener ici. Nous avons toutes les installations nécessaire pour elle.


Crises ? Qu'ai-je fais de si horrible ? Allez ! Souviens-toi ! Je suis atteinte d'un trouble psychologique ? Vraiment ? Je dois savoir ! Ça me revient ! J'étais à la maison et ma sœur m'embêtais alors que je bossais ma philo. Elle ne voulait pas me laisser. Elle avait six ans et voulait jouer. Je lui ai dit pourtant de me laisser. Mais non, elle à continué. Mes parents ne sont pas intervenues quand je les ai prévenus. Ma sœur n'arrêtais pas. Je me suis énervée et j'ai tout balancée dans la maison. J'ai brisée les objets et ma sœur … et ma sœur … Non !? Je lui ai vraiment fais ça ? Non ! NON ! Je n'ai pas pu … Je l'adorais alors pourquoi … ? Ma petite sœur … égorgée … par moi ? Je me sens tomber et j'ouvre les yeux en hurlant. Non ! Je n'ai pas fais ça ! NON !!! Je me débat mais je suis attachée au lit. Je regarde mes parents. Ils ont peur. Peur de moi.


- MAMAN ! PAPA !


Je hurle à m'en briser la voix. Attendez ! Pourquoi vous partez ? J'ai besoin de vous ! Je veux aller avec eux et tente d'enlever les liens. Maman ! Papa ! Revenez ! J'ai peur ! Le médecin s'avance avec une seringue, j'essaye de le mordre. Je ne veux pas qu'il m'endorme ! Mais que puis-je faire ? Je suis attachée … Maman … Papa … Je vous en pris … Les larmes … Je les sens sur mes joues … L'aiguille traverse mon bras. Mon corps convulse. Je regarde le médecin.


- Vous allez me tuer ?


Il ne dit rien. Il va le faire … Je le regarde, mon corps s'immobilise. Mes yeux se ferment. Je m'envole.  

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