You wouldn't get far

du-vent

Est-il légitime d'aimer au point d'être capable de vendre père et mère pour une personne? Ne devrait on pas enfermer ceux qui tueraient pour celle-ci?

C'est la folie de l'homme amoureux qui me pousse à croire qu'en chacun de nous sommeille un criminel potentiel. Parce que ce sentiment, dont la majeure partie est inconsciente, n'est pas contrôlable. Il devient notre maître, lorqu'il s'installe en nous, il est notre Dieu et nous le vénérons. Nous nous agrippons à lui comme si en dépendait notre vie. L'amour est une religion, destructrice certes, mais indispensable à nos vies. Une fois que nous y adhérons, elle guide nos agissements. A partir de là, tout va très vite. Trop vite.

Et quand tout nous échappe, que tout se casse la gueule, on commence à prendre conscience que c'est nous qui sommes destructeurs. Car ça n'est pas l'amour en tant que religion, le sentiment amoureux en tant que Dieu qui nous ronge. Non, ça n'est que l'homme, dans sa propre folie, qui veut soudain croire en l'immortalité. On ne peut pas lui en vouloir d'avoir peur, de douter et d'aimer mais prenons garde, l'amour rend égoïste. C'est un sentiment qui, entre les mains humaines, peut se réveler dangereux. Car lorsqu'on a touché au bonheur, lorsque l'on est prêt à y croire, il devient dur de penser à autre chose qu'à soi-même, il devient dur d'écouter autrui et de le respecter. On souhaite seulement être compris, être rassembleur afin de poursuivre librement sa conquête du bonheur éternel. L'homme n'est qu'éphémère mais il tente de se persuader qu'un bonheur durable peut lui être offert, quitte à oublier qu'il n'est pas seul dans ce cas.

Alors j'affirme que l'amour, comme bien des religions, peut causer préjudice à l'humanité!

Peut-être que l'on m'en voudra pour ce que je viens d'écrire, peut être que je n'ai rien compris, peut être que je vois le mal partout, sans doute même que je ne pense pas tout cela. Mais parfois, ça fait tellement de bien de se donner l'impression d'avoir des convictions, des idées claires et affirmées. Pour une fois que je ne sèche pas. Là, vous pourriez croire que j'ai élucidé le problème du sentiment amoureux, du moins à ma façon. Vous pourriez penser que, dorenavant, j'ai compris quelle était la marche à suivre et que je suis maintenant apte à me préserver d'un amour qui me rendrait destructeur.

Non, je n'en suis pas là. Je fais semblant, je teste: Et si je pensais et agissais comme cela, serais-je plus heureux? En affirmant que l'homme amoureux est dangereux, vais je pour autant me détacher de la personne chérie?

Ca n'a pas marché ce soir. Demain, je tenterai une théorie plus radicale, du genre "l'amour ne débouche que sur le suicide" ou je ne sais pas, je ne sais plus. Je crois qu'arrêter de penser serait la meilleure solution.

Et non, je ne suis pas égoïste!

Là, on est dans la merde. J'aurais voulu que tout ça ne soit qu'une pure fiction. J'aurais aimé qu'elle soit comique, comédienne ou écrivain, j'aurais voulu m'évader avec elle, pencher la tête de côté et la regarder. Sauf que là, tout est réalité, on est allé trop loin je n'ai pas su calmer le jeu, je n'ai pas su l'apaiser et demain matin, je me réveillerai sans elle.

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