Portrait d'auteur #20 : Découvrez Pierre Maurel
TweeterSalut Pierre, ça va ?
Salut, ça va bien. Et toi ?
Tu fais quoi dans la vie ?
Je suis consultant indépendant en relations presse & médias et rédacteur aussi. Mon boulot consiste à mettre des entreprises, des marques et des associations en relations avec les journalistes et à relayer leurs actualités vers les médias. Je travaille aussi maintenant avec deux potes Adnane et Hicham dans une nouvelle agence de création audiovisuelle qu’ils viennent de créer à la Cité du Cinéma à Saint-Denis.
Sinon, à titre personnel, je viens de terminer l’écriture d’un premier roman, qui mérite certainement encore pas mal de boulot avant d’être publié et j’ai lancé « Cinq pattes sur un mouton » fin 2014, qui est un blog littéraire et un cabinet de curiosités numériques. Ça commence juste à décoller.
Dans quel contexte as-tu commencé à écrire ?
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé les histoires, les grandes histoires bien sûr mais aussi et surtout les petites, les anecdotes, les brèves de comptoir, les rumeurs et les légendes urbaines, ce genre d’histoires là mais il y a cinq ans j’ai eu le déclic. J’étais à Madagascar pour présenter ma fille à sa famille du côté malgache et j’avais du temps, un ordinateur portable et une histoire dans la tête. Quand j’ai pris l’avion du retour, j’avais écrit 30 pages de mon histoire mais une fois arrivé à Roissy mon ordinateur avait disparu. Quand j’ai vraiment percuté, j’ai réalisé que ce qui me désolait le plus ce n’était pas d’avoir perdu mon ordinateur mais les 30 pages de mon histoire. Après 3 jours à tourner ça en rond, j’ai retrouvé un ordinateur et en quelques jours j’ai réécrit les 30 pages, en mieux. Ce jour là, j’ai compris que j’avais les mots, cette petite musique dans la tête et que rien ne pouvait me la voler, depuis je n’ai plus arrêté d’écrire. A part ça, je ne suis pas édité mais je crois que je ne suis pas pressé et puis il y a le web.
Tu travailles beaucoup sur les nouveaux médias et leurs évolutions. Pour toi, un auteur doit nécessairement être « connecté » aujourd’hui ?
Oui et non. D’un côté, internet agit comme un gigantesque trou noir qui engloutit insatiablement tous les contenus créatifs autour, pour le meilleur et pour le pire. Les mots, les livres, la presse, les photos, les vidéos, la radio, la musique, tout y passe et le mouvement ne semble pas prêt de ralentir bien au contraire. Alors il semblerait un peu fou aujourd’hui pour un auteur de passer à côté d’un phénomène pareil. D’un autre côté, le problème, et je dis ça pour moi comme pour les autres, c’est qu’internet nous invite à vivre beaucoup d’expériences (trop) par procuration, toujours derrière un écran nous faisant oublier que le plus important c’est de vivre et de vivre les choses par soi-même.
Comment vois-tu les auteurs dans 20 ans ?
Je pense que dans 20 ans, internet aura définitivement crashé sous le poids de milliards de vidéos débiles de chatons mignons et nous réapprendrons les joies simples de s’envoyer une carte postale ou de se laisser un mot sur le frigo. Si ce n’est pas le cas, je pense que la prochaine génération d’auteurs sera en partie à l’image de Hugh Howey, l’auteur génial du best-seller « Silo », déjà publié et vendu à plus 500.000 exemplaires, traduit dans 35 langues et publié par les plus prestigieuses maisons d’édition comme « Acte Sud » en France,…sauf chez lui aux États-Unis où Hugh Howey est depuis le début autoédité et vend directement ses livres sur le web. Dans une interview au magazine « Lui » en 2014, il racontait : « Je n’ai jamais entendu un musicien frapper à la porte d’un grand studio sans jamais avoir joué devant un public. On commence par jouer dans la rue, puis dans un bar, puis en tournée… On se crée un catalogue d’œuvres, puis on bâtit une petite communauté de fans… C’est aussi ce qui se passe pour les photographes ou les peintres. La seule raison qui a maintenu cette spécificité de la littérature, c’était le coût de production et de distribution d’un livre. Or tout cela est en train de changer. » Ce que je trouve positif dans ce nouveau mouvement, c’est que les jeunes auteurs ne sont plus uniquement tributaires d’une élite restreinte qui déciderait seule de ce que les gens auraient envie de lire ou non. Les nouveaux auteurs peuvent et doivent aller directement à la rencontre de leurs lecteurs sur le web.
Tu as gagné le concours Supernova. Alors, ça fait quoi ?
Ma chronique « Bientôt de la pub sur la Lune » publiée dans le 1er numéro d’un fanzine autoédité et sans publicité c’est décalé et ça fait plaisir. Quand j’ai publié le résultat sur les réseaux sociaux j’ai des potes qui sont revenus vers moi en me disant : « Waouh ! Quelle imagination ! » Mais non, c’est une chronique et tout est malheureusement vrai !
Si tu avais le choix, tu vivrais de ton écriture ou tu préfèrerais garder ça en hobby ?
En fait j’en vie déjà, c’est mon boulot. En tant que consultant en relations presse et rédacteur, je passe le plus clair de mon temps à écrire pour mes clients. Par contre je ne jouis pas d’une grande liberté comme avec l'écriture de fiction et la liberté ça n’a pas de prix ! Et jouir aussi c’est important…
Comme le veut la tradition, il nous faut ton Topwords : 5 mots de ton choix et pourquoi.
Sic : Un petit mot latin qui a trouvé un nouveau souffle et une nouvelle signification grâce à la BD ! Au départ (Sic) signifie « ainsi ». Placé entre parenthèses, il indique qu'un passage a été cité « tel quel » mais en BD il est depuis longtemps employé pour illustrer un personnage qui verse une petite larme et on le retrouve aujourd’hui un peu partout, surtout dans la presse, dans ce nouvel emploi.
Maelström : Un mot français avec un tréma sur le « o » c’est rare, on se croirait en Suède. Un mot étrange qui signifie littéralement un puissant tourbillon qui se forme dans une étendue d'eau mais au sens figuré, un maelström est un mouvement d'agitation intense qui entraine irrésistiblement…internet ?
Iota : La neuvième lettre de l’alphabet grecque, la plus petite, équivalente à la lettre « i » en latin qui désigne en français une chose infime, insignifiante, un tout petit détail. Le iota est à la langue française ce que les vidéos de chatons sont à Youtube : « Iota ! Pas bouger ! »
Sérendipité : Un mot nouveau en français mais qui existe depuis plus de deux siècles en anglais pour définir un heureux hasard poussé par la curiosité, qui trouve une résonance particulière à l'ère d’internet. Les exemples de découvertes ou d'inventions faites par sérendipité sont nombreux depuis l'Amérique jusqu'au four à micro-ondes, en passant par la tarte Tatin, la pénicilline, le Viagra, le Velcro ou un texte original sur WeLoveWord,…
Captcha : Tordu, difforme, barré ou coloré, c’est ce mot bizarre, jamais le même et souvent presque illisible, que vous devez recopier pour prouver aux machines que vous n’en êtes pas une. Un simple mot, comme ultime rempart entre la machine et l’homme. (Sic!)
Retrouvez Pierre sur son blog Cinqpattes-surunmouton, sur le site de son agence et sur son compte WeLoveWords !
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