03h48

Lev Hamels

Puisque je ne peux pas dormir et puisque cette nuit tu m'obsèdes, autant livrer ce que je peux éprouver

Je t'ai poursuivi jusqu'à en pleurer. Relire les vieux messages, ceux de quand on était "une image de stabilité", que le monde nous appartenait, et qu'on était seuls, la tête sur ton épaule, cramponnée à ton bras. J'ai mal de voir que les mots que je dis aujourd'hui, je les ai déjà dits, déjà pensé, déjà ressentis. J'ai mal de voir que je n'ai pas toujours raison quand j'écoute mon coeur. J'ai mal de savoir qu'il lira tout ça d'ici quelques heures. J'ai mal de m'être menti en me persuadant que j'avais cicatrisé de tout ça.

Je t'ai poursuivi jusqu'à en pleurer. Relire ta page, ses poèmes, ce cheveu roux que tu as trouvé, et je ne sais pas non plus par quelle sorcellerie il a pu s'y trouver. Cette couleur dont j'avais inondé ma chevelure le lendemain de nous, la moi rousse c'était la tienne.

Je ne supporte plus maintenant cette couleur. Peut être plus tard. Je ne supporte plus ma poitrine, qui a fondu sous ma maltraitance nutritionnelle. Je ne supporte plus ce T-shirt blanc avec un loup, celui que je garde tout de même, en boule, dans des moments imperceptibles pour surmonter mon existence.

Je ne sais pas si, quand tu liras ça. Ne t'en fais pas. Dès mon réveil je serais rentrée dans le rang. Je serai aussi raisonnable qu'une révolutionnaire peut l'être, j'oublierai tout, je t'engourdirai dans le fond de mon âme.

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