05 - La peur du souvenir.

vanessa-dylan-ecrivain

La mémoire fuit par timidité la détermination des mots,

Le ressenti hésite par nécessité à pousser la dernière porte,

« Celle » qui obsède depuis si longtemps.

Il manque des pièces dans la composition. Elle emprisonne  peu à peu les feuilles de papier qui s’empilaient aisément avant « l’obstacle » …


Petite ligne blanche dans l’attente de la terminologie adéquate,

Recherche désirée mais redoutée de cette image approchant la perfection de la pensée,

Approche d’une impression d’impuissance, contours effrayants d’une anomalie de restitution des faits.

Pauses, soupirs, esquisses inattendues de cette page désespérément vide, que les formules refusent pour une fois d’épouser avec fluidité. Les mots seraient-ils devenus craintifs ?


Les idées heurtent le « mur » et les ratures prennent vie,

Les blessures esquivent et les émotions évitent peut-être inconsciemment le précipice de la perte de contrôle.

Arrivée sans cesse reportée de cet instant appréhendé  de l’immersion dans les douleurs mal soignées,

Tremblements et angoisses d’enlisement en perspectives  …

Comment faire face à cette minute d’abandon ultime trop difficile à vivre ?


Le « blocage » contient la souffrance, mais verrouille ce tiroir qui empêche une possible guérison. Et si les souvenirs pouvaient créer des ponts dans la mémoire ?

Cette musique qui passait à la radio, le goût de ce dessert que j’aimais tant « avant », probabilités de passerelles pour délivrer de l’ombre un détail perdu dans le déni,

Un fragment dissimulé de l’histoire qui jusqu’à maintenant faisait office de pansement provisoire sur l’entaille.

Cette phrase lue, prononcée ou entendue … Un petit dessin esclave d’un cahier d’enfance … La particularité de cette odeur … Des photographies de ces rues délaissées par le présent …

Et si pour atteindre la note de la liberté, je déverrouillais une à une les serrures pour accéder au coffre de mes profondeurs.


(23 Octobre 2013) Vanessa Dylan. 

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