-1- Ma crise de la cinquantaine

ecriteuse

ou Mon entrée en campagne...

Suivre une autre route qu'eux....

 J'étais dans le métro, s'était le début, s'il m'en souvient, un début de semaine de surcroît, un lundi , le jour qui rime avec reprise. Mon regard s'aventure de si de là sur les voyageurs. Pour passer le temps, je me raconte leur vie et relève les indices, un titre de livre ou celui d'un journal. Je fixe la blonde à la bourre qui se maquille bon grés mais surtout malgré, à côté d'elle un mec qu'a pas fait sa nuit et qui s'endort entre les stations, j'entends des foutus grésillement qui sortent du casque du d'jeuns collé à moi, il est resté debout et tient bon la barre.

République, je change, la Bastille je descends, je la prends, la bousculade, les pas pressés , les petits pas hâtés martèlent le bitume, les mains tendues sur mon passage, des SDF de plus en plus jeunes, SDF trois lettres pour marquer du fer rouge une vie qui bascule.

Et la mienne de vie ou en était-elle ? Je suivais mes pieds, douze ans d'entraînement, ils savaient ou me mener, gauche droite, gauche droite, les couloirs, les correspondances, les trottoirs à monter, à descendre, rues à traverser, ouverture d'ascenseur, l'étage 3, le doigt appuie et là la main prend le relais, tournage de poignée, j'allume l'ordinateur, mes fesses sur le fauteuil, et moi dans tout ça ?

Ma vie programmée, ma vie et mes envies. Plan de carrière, promotion, prime, congés, retraite et je meurs : sacré programme indeed !

Retour sur moi-même, « flash back » comme ils disent au cinéma. Retour sur mes rêves enfouis : regarder le monde et l'écrire, crier le bleu de la mer, fouler les verts pâturages, m'entourer d'animaux, donner à manger à mes poules, avoir mon âne. Me réveiller le matin et me dire que ce jour m'appartient même si on n'est pas samedi, ni dimanche…Ah moi les lundis et mardis, les mercredis et jeudis, les vendredis de toute ma vie

Qu'est ce que je foutais là et mes promesses d'enfant faites à mon avenir, les « Quand j'cherai grande » J'y croyais ferme en ce temps là, que m'est-il arrivé ?

Mes pieds m'amènent à la machine à café, ma main saisie le gobelet, ma bouche dit « bonjour, comment ça va ? » Mes oreilles n'écoutent même pas les réponses, elles écoutent mon cœur qui bat trop fort, mon cœur qui pleure, mon cœur qui à peur de s'arrêter, là, comme ça avant d'avoir vécu.

 Divorcée, mon enfant élevé, je peux me lever, je peux ouvrir la porte, je peux m'en aller.

« Suivre une autre route qu'eux… » Comme le chantait le grand Georges.
Suivre mes chemins de traverses.

 Mes fesses ont bondies, elles sont sorties du fauteuil, ma main a saisie la poignée, le doigt a appuyé sur le bouton de l'ascenseur, j'ai envie de jardin et il est temps pour mes pieds de changer d'habitudes.

à suivre

 

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