13-Jenny ou l'Impensable Réchauffement

Londres place financière mondiale.

Comme prévu, Ralph retrouve Ronald au pub indiqué dans son message.

— Salut Ralph, je ne pensais te revoir si rapidement, qu'est ce t'amène à quitter tes terres d'Irlande.

— Depuis notre entrevue et ton cours sur le pétrole je suis à fond dessus, je vais devenir incollable, mais je suis loin de tout comprendre comment fonctionne ce marché !

— Rassures toi tu es loin d'être le seul, si nous avions toutes les clés nous permettant de prédire les marchés nous décrocherions la martingale.

— En fait je ne cherche pas trop à prédire, je cherche plus à savoir si il y a environ une quinzaine d'années, au début des années 2000 environ, si il s'est produit quelque chose de significatif sur le marché du pétrole.

— Ce qui est étonnant c'est que tu n'en te souviennes pas !

— Moi ?

— Toi comme tout le monde d'ailleurs : début 2000 crash boursier, toutes les bourses dévissent avec des pertes colossales, toutes les compagnies pétrolières sont bien sûr affectées, moins de capitalisations boursières, moins d'investisseurs, moins d'argent pour exploiter de futurs gisements, moins de bénéfices futurs, tu imagines la spirale infernale qui donne une trouille monstre aux financiers.

— Oui OK, mais je ne voyais pas réellement la connexion avec le pétrole, mais autant que je me souvienne, les cours du brut flambaient à cette époque ! Ce n'était pas mauvais aussi pour les compagnies

— Pour le cours du brut il faut un juste équilibre, si les cours sont trop élevés, cela risque aussi de relancer d'autres énergies qui deviennent plus rentables, le charbon, le nucléaire, le solaire, l'éolien, ou d'autres énergies renouvelables comme l'hydraulique.

— Tu es en train de me dire qu'en fait toutes les autres types d'énergie dépendent des cours du Pétrole, je l'ignorais totalement.

— Bien évidemment mon cher météorologue, descend de ton nuage, c'est le pétrole qui fait la pluie et le beau temps sur la planète !

— Donc les USA si j'ai bien retenu ta dernière leçon, répond Ralph d'un air malicieux.

— Exact ! D'ailleurs c'est à cette époque que la décision des USA d'intensifier l'exploitation pétrolière avec la fracturation hydraulique sur leur territoire, à fait descendre le cours du brut.

— Tout cela m'intéresse au plus haut dans ma démonstration de responsabilité des états, as-tu une idée des personnes de l'époque, dans l'équipe Bush, je crois qui ont poussé à cette exploitation "domestique" en quelque sorte.

— Il n'y a pas grand mystère que les Bush ont fait fortune dans le pétrole, mais à l'époque il y avait surtout les Financiers à la manœuvre. Il était dans ce plan là urgent de prêter de l'argent aux compagnies américaines bien sûr, pour mettre en place cette nouvelle technique de fracturation hydraulique, sachant que par ailleurs elles avaient perdues beaucoup de capitalisation en bourse.

— Tu as l'air d'être très au fait de ce qui s'est passé à l'époque, Ronald.

— Effectivement, cela fait partie de l'historique de BP même si je n'y travaillais pas encore à l'époque. BP voyait les champs pétrolifères de la mer noire décliner ( sorte de chasse gardée) et en plus se trouvait exclue des perspectives pétrolières sur le territoire US. Preuve que les marchés peuvent évoluer assez rapidement.

— Si tu peux me trouver des infos sur les tractations de l'époque je suis preneur, BP doit certainement en avoir conservé un historique.

— En fait tout est relativement connu, les marchés réagissent aux décisions prises par les états où les banques, donc tout est publié. Si je te trouve des infos particulières sur les intervenants de l'époque je te fais un email.

— Encore merci Ronald, grâce à toi je suis un peu moins béotien sur le pétrole.

Les deux amis se séparent, cette fois-ci personne ne les suit.

UFOS et cours du pétrole

De retour à Dublin, Ralph décide d'explorer la piste Otan.

Il cherche à savoir qui à l'époque de la rencontre du 3° Type dirigeait la base.

Son nom, pourra peut-être lui ouvrir d'autres perspectives.

Pour le nom de Jefferson simple opérateur radar, il avait demandé à son cousin Arnold, pour les commandants, Ralph pensait que leur nom devait bien figurer dans l'organigramme de l'Otan de chaque base en Europe.

A la grande surprise de Ralph, il trouve effectivement sur le site de l'Otan l'organigramme de commandement de la base, mais celui en cours, mais impossible d'accéder à un quelconque historique de l'organigramme.

Ralph n'a pas trop envie de faire appel à son cousin, il serait obligé de lui en dire plus sur ses motivations. Il se souvient qu'il avait consulté il y a quelque temps le site webarchive qui enregistre l'historique de tous les sites du web.

Il essaie pour le site de l'Otan, en espérant qu'il existait quelque chose à l'époque.

Les résultats sont succincts mais il obtient des noms pour l'année recherchée, 2002 : Commandant en chef le Major Mac Donald Oconor, Directeur général Andrew Grecor.

Ralph décide aussitôt de lancer sur le web des recherches sur ces deux personnes, associées à la base de l'Otan.

Il obtient quelques fiches officielles sur les deux personnages :

le Major Mac Donald Oconor n'est déjà plus tout jeune à l'époque, il est d'ailleurs actuellement décédé mais il a des antécédents de service impressionnant au Vietnam, plus étonnant il a collaboré dans sa jeunesse au projet Blue Book sur la recherche UFO.

Le directeur général Andrew Grecor, premier poste est actuellement cadre dans une entreprise financière d'investissement. Les infos obtenues ne donnent pas son grade et sa fonction.

Ralph essaie aussi de voir si la presse de l'époque sur Manchester s'était fait l'écho de ces personnages. Il découvre sur Manchester un magazine spécialisé "Défense" qui annonce assez brièvement la prise de fonction concomitante du Major et du Directeur de la Base, il note la date indiquée et enregistre toutes les informations glanées sur le Web.

Par acquis de conscience il retourne sur Web Archive pour voir combien de temps les deux personnages sont restés en poste. Etonnement l'année suivante voit l'arrivée d'un nouveau Major et d'un nouveau Directeur, mais il n'a pas la date de prise de poste.

De retour sur le Site du Magazine Défense il entre les deux noms et comme pour les premiers, la date de prise de fonction, 6 mois seulement après le Major Oconor et son directeur, d'ailleurs le magazine note que c'était l'exercice le plus court enregistré en temps de paix sur une base de l'Otan.

Ralph retrouve également la date du décès du Major deux ans seulement après son passage au commandement de cette base.

Il retrouve aussi le passage d'Andrew Grecor au service de la CIA immédiatement après avoir quitté son poste de directeur, mais sans indication de poste.

Ralph ne peut certes en être certain, mais il suppose fortement ces deux personnages d'être parfaitement informés de la nuit du 20-02 2002, date gravée sur le film vidéo de Jefferson.

Un seul des acteurs de la Base de l'Otan est encore en vie et en activité professionnelle. Ralph se doute bien qu'il va lui être difficile, vu le passage à la CIA de cette personne d'obtenir des informations fiables sur Andrew Grecor.

Encore une fois bien que cela lui semble ridicule, il adresse une prière à Jenny, après tout c'est elle qui l'a lancé sur cette piste.

—"Jenny je ne peux pas aller plus loin ou tenter quelque chose si tu ne m'aides pas, toutes nos recherches risquent de s'arrêter ici".

Ralph en est là de ses interrogations quand le vibreur de son smartphone vient le ramener à la réalité de son bureau.

— Salut Ralph c'est Thomas ! Comment vas-tu ?

— Beaucoup de travail de recherches, mais pour la santé heureusement ça va.

— Ralph, je souhaiterai te rencontrer assez rapidement si possible, ton nom est ressorti dans le cadre d'activité de nos services.

— Je suis sous surveillance maintenant c'est une première !

— Non pas toi directement, mais je ne peux pas t'en dire plus en ligne, je passe voir maman le weekend prochain, mais notre rencontre sera off the record, c'est une information amicale.

— Ok, merci, préviens moi de ton arrivée alors !

Inconsciemment, au vu de la matière qu'il vient de découvrir, Ralph pensait qu'il finirait bien par attirer l'attention, mais pas si tôt, si dit-il.

Rapidement, il passe un message crypté à John :

— Bonjour John, je pense qu'il nous faut prendre des précautions pour les cassettes VHS, merci de louer plusieurs coffres dans plusieurs banques et de ne conserver vers vous que les bandes que vous allez numériser. Une fois celles-ci numérisées déposez également les fichiers au coffre de la banque. Vous n'êtes pas à l'abri d'un cambriolage et tous nos efforts seraient réduits à néants.

Je participerai bien évidemment aux frais engagés.

Cordialement Ralph

Peut-être que John va me trouver un peu parano, mais il serait dommage de perdre les éléments recueillis grâce à Jenny.

Il ne lui reste plus qua attendre le RV avec son cousin, il espère que John n'a pas été suivi dans sa recherche de l'épouse de Jefferson, après tout c'est Arnold qui lui avait fourni l'adresse.

Avec quelques jours devant lui, Ralph projette d'examiner de plus près les observations UFOS, pays par pays producteurs de pétrole, liées des événements pétroliers, début de forages, mises en exploitation, découverte de gisements etc..

Après ces quelques jours d'absences sa boite mail professionnelle s'est bien remplie, mais un message retient son intérêt, celui d'Hervé, son collègue mathématicien, intitulé Fractales.

Il s'empresse de l'ouvrir. Hervé lui confirme qu'au travers de l'ensemble des données, il est bien en présence de fractale, c'est à dire que la corrélation de l'ensemble des données de Jenny et les siennes au niveau au niveau mondial, se retrouvent pratiquement copies conforme au niveau national voir au niveau régional, comme sur la région de Manchester.

Cette information est capitale, elle indique que le même processus est à l'oeuvre sur l'ensemble de la planète pétrolière et obéit aux mêmes règles.

Cela signifie que l'augmentation de la production pétrolière au niveau mondial mais surtout aux USA, redevenu le premier pays producteur semble conditionnée à l'intervention des UFOS.

Cette perspective ne fait qu'ouvrir un abîme insondable où pourrait se perdre l'esprit de Ralph. C'est un véritable changement de paradigme qu'il doit réaliser.

Admettre que l'humanité ne serait pas seule responsable de la fuite en avant dans la consommation de pétrole, mais qu'en plus les USA premier producteur de pétrole collaborerait à cette expansion exponentielle des gaz à effets de serre.

Le résultat de cet accroissement de C02 ne peut que rendre rapidement ( en moins d'un siècle) la terre invivable pour les humains et beaucoup d'autres êtres vivants aussi.

Soudain, une idée folle mais elle lui devient immédiatement évidente, et si le réchauffemnt climatique  que lui Météorologue et ses collègues du Giec pensaient être une conséquence désastreuse du développement énergétique de l'humanité, était en fait un objectif : la disparition des humains de la planète Terre.

Tout ça est complètement dément certes, mais en regardant l'évolution seulement de ces 30 dernières années, tous les avertissements proférés par la communauté scientifique, disparition des glaciers, disparition de la banquise d'été au Pôle Nord, développement des sécheresses et des incendies, déplacement massif de population, n'ont jamais été pris en compte par les décideurs économiques et politiques sur la planète, alors qu'ils ont aujourd'hui une réalité incontestable.

Des mesures drastiques, des réorientations énergétiques majeures auraient du êtres prises depuis des années déjà. Au contraire tout s'est accéléré avec les USA en chef de file sur le Pétrole qui conditionne l'utilisation de toutes les autres énergies.

Tous nos avertissements, toutes les prises de positions scientifiques on été niées, avec des campagnes de calomnies honteuses ridiculisant le réchauffement climatique, toutes avaient leur origine aux USA comme par hasard.

Ralph est excité par la vision qu'il vient d'avoir. Tout cela lui semble tellement irréaliste mais à la fois terriblement cohérent.

Une image des plus classiques lui vient à l'esprit. C'est celle de la grenouille plongée dans son bocal que le laborantin met à chauffer très doucement, la grenouille ainsi, insensiblement s'adapte et ne perçoit pas la chaleur qui se diffuse lentement dans l'eau. Quand la température devient si élevée qu'elle ressent enfin le danger, elle ne peut plus sauter hors du bocal ses muscles sont complètement ramollis, elle meure ébouillantée. Elle n'a pas vu le laborantin qui avait allumé le feu !

Nous en sommes là s'exclame Ralph, nous ne sommes, collectivement, pas plus intelligent qu'une grenouille. Nous avons découvert avec le miracle du pétrole l'énergie à profusion et à tout faire, rouler camions et voitures, propulser bateaux et avions, nous l'avons utilisé massivement pour fabriquer des pesticides pour doper l'agriculture. Nous avons saccagé notre maison la planète terre, et nous continuons à tombeau ouvert, alors que nous savons qu'il existe d'autre moyens pour ne pas le faire.

Ralph est trop excité, colérique presque. Il décide de retourner chez lui, au calme, pour essayer de se reposer.

La nuit n'a pas encore complètement envahi le ciel de Dublin. Avant de prendre le volant, il contemple le ciel bleu nuit quelques étoiles commencent de briller.

Depuis que l'homme contemple les étoiles, il a rêvé que celles-ci puissent être habitées. Au début il y a installé ses dieux, aujourd'hui il envoie des messages vers les étoiles par radiotélescope où à bord de sondes interplanétaires voguant vers les infinis.

Nous avons toujours élevé le ciel nocturne au rang du merveilleux, encore aujourd'hui avec les fabuleuses images astronomiques du fond du cosmos, jamais l'homme n'a envisagé un seul instant que d'autres êtres venus des étoiles ne s'intéressent pas plus à l'homme que lui aux grenouilles, mais seulement au territoire de celles-ci. Ce simple constat transforme le ciel cette nuit en une perspective terrifiante pour Ralph.