1789. 1830. 1848. 1968. 2015 ?
bobo29
Je crois qu'il est temps. Cela fait presque deux mois. Deux mois maintenant que les crayons ont bravé la mitraille. Les esprits dressés contre l'horreur ont repris le chemin de l'usine, du bureau ou des bancs de l'école. Charlie tire à deux millions d'exemplaires son second journal depuis la tuerie et ne touche pas. La flamme de la résistance a retrouvé sa torpeur. C'était prévisible, et bien que l'enthousiasme du 11 janvier fut fort plaisant il n'en fallait tout de même pas déduire que quoi que ce soit allait changer dans notre société. Certes, nous fûmes tous ébranlé par ce séisme, certes, nous nous levâmes tel un raz de marée submergeant la barbarie et l'abjecte soif de sang de nos bourreaux, mais aujourd'hui qu'en restent-ils ? Qui est encore Charlie ? Il n'y eut pas d'émoi particulier pour les attentats à Copenhague, aucune réaction non plus lorsqu'on assassine un opposant politique en Russie, aucune réaction encore lorsque Boko Haram massacre des milliers de gens en Afrique. Alors quoi ? Notre douleur passe-t-elle avant celle des autres ? Ce qui se passe ailleurs n'est-il pas si important ? Dans quinze jours, les urnes répondront du suffrage universel direct, la volonté du peuple se fera entendre, le peuple, nous, la France, la France qui s'est levée contre l'absolutisme mais la France qui a acclamé l'Empire, la France des lumières et de l'égalité, mais la France qui ne donna aux femmes leurs droits les plus élémentaires d'expression et de disposer d'elles-mêmes bien après bon nombre d'états, le France de la république donnant le droit à l'instruction à tous et la laïcité comme respect des croyances de chacun, mais la France qui tira sur la Commune et voulut assassiner sa diversité régionale. Nul n'est tout noir ou tout blanc, la nuance peint le monde couleur ciel de Bretagne en hiver. Dans deux semaines, revenons deux mois en arrière, soyons Charlie, nos départements n'ont pas besoin d'être aux mains de la haine et de la démagogie. Intrinsèquement le souhait du peuple est d'être libre, ne bafouons pas nos idéaux pour une quelconque crainte fantasmée. La volonté populaire ne doit pas s'offrir son propre tyran, son propre oppresseur. « Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. » écrivait la Boétie... La révolte ne doit pas nous faire perdre la raison. La révolte doit mener à la révolution, la révolution doit mener le peuple au pouvoir et le peuple au pouvoir doit guider le monde vers un idéal meilleur ! Prenons-nous en main ! « Soyez réalistes demander l'impossible ! » disait Guevara, redonnons à la France ses lettres de noblesse, rallumons les Lumières, redevenons le phare de l'Europe guidant les Hommes vers la liberté, l'égalité et la fraternité ! Les 22 et 29 mars devront être autant de 11 janvier. Soyons résolus à ne plus servir, et nous voilà libres !