1er juin
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1er Juin
Me voilà au lieu de rendez-vous, cette journée, je crois, que voilà plus d'une grosse année que je l'attends. La marche, celle que j'ai loupée l'an passé, ma première marche.
Je suis la et je sais que c'est mon dernier vrai jour ici dans cette ville, et je me dis que finir par aujourd'hui, est quand-même une belle fin.
Aujourd'hui, j'ai et je vais revoir plein de monde, des amis, d'ici, de là-bas, le tout mélangé à plein d'inconnus pour une journée spéciale.
Aujourd'hui, c'est ma première marche des diversités, autrement dit, mon premier défilé de gay pride. L'année passé, j'avais rejoint des amies pour la soirée, mais n'avais pu participer au défilé, me laissant un petit gout amer.
Mais cette journée est différente, je suis la, entourée de personnes que j'adore et j'ai mis mon petit smiley personnalisé. Je me moque de tout, aujourd'hui, je suis moi, tout simplement.
Il y a une batucada, il y a plein de monde, tous différents mais réunis autour d'un mot : tolérance. Et c'est que la vie peut-être belle à cet instant précis. Hier il pleuvait, mais aujourd'hui, rien que pour nous, nous avons un magnifique soleil qui nous attend.
Et tout commence, la musique, le monde, les chars et hop, on est parti pour un tour de ville. On rigole, déconne, on se perd pour se retrouver dans la foule, il y a beaucoup de monde, beaucoup de petits arc-en-ciel de partout autour de nous, je sais que je suis à ma place, je ne dois être nulle part ailleurs à ce moment. J'aimerais que toutes les personnes qui sont dans mon cœur soit à mes côtés, mais je sais cela impossible, malgré cela, c'est une belle journée.
On s'arrête à la place de la Comédie, en plein centre ville, pour le discours des différentes personnes. Alors je m'approche pour entendre, au départ, je voulais entendre. J'en profite pour regarder les différents chars et ambiances que les personnes qui sont dessus mettent, quand le monde s'arrête de tourner un instant. Je l'ai reconnu, c'est Elle, j'en suis persuadée. Mn cœur bat la chamade, et je ne peux détourner les yeux de cette photographe qui s'éclate sur le char du « Pink », un bar dansant lesbien dans lequel je n'ai absolument jamais mis les pieds, et tout d'un coup, je le regrette vivement. Parce que c'est elle, celle à qui j'ai osé dire qu'elle avait craqué une allumette dans mon cœur alors que je n'avais vu que sa photo sur un site de rencontre sur internet. Mais je sais que c'est elle, j'en suis persuadée.
Une amie qui ne fait pas le défilé me sors de mes pensées et je la rejoins un temps, je n'ai pas entendu le discours, et j'ai perdu ceux avec qui j'avais fait la première partie de la marche. On papote encore et encore, puis, peu avant que le cortège ne reparte, je décide d'essayer de rejoindre mes potes. Mais c'est derrière son char que je me retrouve, par hasard ou volontairement, surement un mélange des deux, alors je reste la, mon regard ne pouvant s'empêcher d'aller vers elle, je m'éclate à danser sur la musique, je suis seule sans personne que je connais à mes côtés, mais ce n'est pas grave, personne ne le remarque, et je ne me sens pas seule sur terre, je suis bien, j'ai le sourire, je m'éclate, elle est la, c'est comme un petit bonus dans la journée déjà quasiment parfaite.
Il faut dire que j'ai passée 3 années superbes dans cette ville, et à cet instant précis, je n'attendais plus rien d'elle qu'une bonne dernière journée pour finir mon parcours étudiante, et je ne suis pas déçue.
Le cortège repars, mes potes me cherchent mais on ne se rejoindra que plus tard vu le monde. Alors on marche et danse derrière ce char, on suit l'ambiance crée par cette demoiselle et son acolyte masculin. Lui me parle, mais sans pouvoir remettre un nom ou un lieu sur sa tête.
Une dizaine de minutes plus tard, le regard du jeune homme et le mien se croise, et je le vois froncer les sourcils, sans savoir pourquoi, mon regard s'arrête donc sur lui. Je le vois hésiter, et parler à son oreille à elle, subitement, alors qu'elle était en train de bouger sur le rythme d'une musique avec une autre demoiselle en mode « coller-serrer ». Et à cet instant, elle se fixe également, et commence à parcourir la foule derrière le char du regard. Beaucoup continuent à danser n'ayant rien remarqué, et certains/certaines d'entre nous nous arrêtons de bouger, le char étant en plus à l'arrêt. Ses yeux parcourent la foule jusqu'à accrocher mon regard, mon cœur palpite. Je m'attends à ce que son regard poursuive son chemin mais au lieu de cela, il s'ancre plus profondément dans le mien, pour mon plus grand bonheur, un large sourire s'affiche sur nos visages respectifs. Et la voila sauter du char, prendre un bain de foule jusqu'à s'arrêter à quelques centimètres de moi. Je suis pétrifiée, mais heureuse à cet instant.
La fille qui a fait battre mon cœur sans même la connaitre, qui n'a jamais répondu à mes invitation, se tiens face à moi avec une grand sourire pour me dire :
« Toi aussi ! »
« Quoi ? »
« Toi aussi, tu as craqué une allumette au fond de mon cœur ! Mais j'étais en couple, et je voulais essayer, et apprendre à te connaitre aurait été une trop grande torture, alors j'ai disparu... »
« …
Si je m'attendais à ça ! »
-le char reprit sa course tout doucement, mais nous restâmes sans marcher, la foule se scindant pour nous esquive, nous étions la, sans nous quitter du regard-
«Je m'appelle Emma en fait »
« Morgane »
Nous sourions comme deux gamines à qui on venait d'offrir le plus beau de cadeau de Noël imaginable, quand subitement ses mains se posèrent autour de mon cou afin que nos lèvres puissent se rapprocher et se gouter le plus rapidement possible. Il n'y avait plus de monde autour de nous, nous étions juste en train de s'embrasser passionnément, le feu dévorant chaque parcelle de mon corps, encore plus la ou son corps et le mien étaient en contact direct, une sensation tout simplement sublime.
Nos lèvres finirent pas se séparer dans un effort impressionnant pour ne pas prolonger ce baiser...
« J'ai tellement rêvé de ce moment, mais je voulais nous laisser une chance avec mon ex, et quand je t'ai cherché à nouveau, tu ne venais plus sur le site, alors je me suis dit que tu avais trouvé quelqu'une et que tu étais heureuse, et il m'a fallu du temps pour t'ôter de ma tête, mais j'ai fini par me faire une idée que c'était un triste sort mais notre sort, puis la, quand Romain m'a dis qu'il pensait que tu étais dans la foule, mon cœur n'a fait qu'un tour, et quand j'ai posé mes yeux sur toi, en vrai, la certitude c'est vérifiée, tu as craqué une allumette dans mon cœur, même un beau bucher chaleureux c'est incroyable… »
« Que t'es-t-il arrivé avec ton ex ? », je n'avais qu'une envie, la serrer plus encore dans mes bras, l'embrasser, lui dire tout la joie qu'elle et ses mots me procuraient, mais j'avais aussi besoin de savoir qu'est ce qu'il avait pu lui arriver, quand elle m'en a parlé, j'ai senti un petit flou dans ses yeux
« Alors que moi je te bannissais de ma vie pour être la plus honnête et sérieuse avec elle, j'ai appris plus tard, qu'elle, en revanche, ne se gêné pas pour flirter et bien plus dés que possible, sans aucun remords… »
« Je suis désolée pour toi, je n'ai pas l'impression que tu méritais de vivre tout cela, mais tu a l'air de t'en être sorti, tu respirais la joie de vivre sur ton char ! J »
« C'est un jour particulier »
« C'est ma première marche dis toi, et elle est largement plus que parfaite, surtout que c'est aussi mon dernier jour… je pars demain »
« Je pars également demain, du côté de Bayonne, ils ont besoin de renfort pour l'été, et je suis pompier »
J'ai du faire une sacré tête d'étonnement vu son regard inquisiteur, mais la joie de savoir qu'elle allait la ou MOI j'allais également était bien trop grande pour être retenue, alors je l'ai embrassée, un long moment, fort agréable.
Elle se mit à rire, et à me dire
« Je t'annonce que je pars, et tu es ravie ? Sympa dis moi ! »
« Je pars demain je t'ai dis, j'ai fini mes études, je pars travailler…à Bayonne ! »
et on s'embrassa à nouveau, jusqu'à ce que l'on gêne le char derrière nous et qu'on soit obligées de reprendre la marche, heureuses, main dans ma main, à s'éclater et rire. Nous avons rejoints le char, mes potes nous ont rejoints, et comme nous avions déjà des plans différents pour la soirée, une fois arrivées à la mairie, nous nous sommes dis au lendemain, quelle joie !
Une dizaine de minutes plus tard, le regard du jeune homme et le mien se croise puis ensuite il se met à me sourire et me parler, je ne comprends pas ce qu'il me dit, mais je lui réponds quand même, gros dialogue de sourds je dois dire, mais il est content du résultat, et moi, ça me fait rire je dois avouer ! Une amie de la fac et sa coloc m'avaient rejoints, on a fait une grosse partie de la seconde moitié de la marche ensemble à rire, s'amuser, danser, s'écrire sur le corps « gay pride », puis mes potes du début m'ont rejoints aussi, je dois avouer que j'avais très soif, et bien que non fan du coca, il est passé vraiment tout seul. J'étais bien, dans mon élément jusqu'au bout, je le savais. Il y avait ces deux mamans avec leurs trois bout de choux tout crognons, et pleins d'autres gens, on était bien, vraiment. Le défilé s'est finit à la mairie, je me suis faufilée avant toute la foule pour acheter nos préventes avant qu'il y ai trop de monde et d'attente, car en plus, nous étions attendus pour manger chez une bonne amie de fac. La journée se finissait, j'étais cassée, crevée, j'ai rejoints les personnes en questions et nous sommes montées dans le tram, direction mon appartement, je comatais à moitié en pensant que je n'avais pas dit au revoir à certaines personnes que je ne reverrais plus d'ici un moment, alors qu'une à partager ma dernière année dans cette ville.
Puis nous sommes allées manger chez la mère de mon amie avec sa chérie, une superbe amie à moi en même temps, ce fut un moment bien agréable, il faisait encore bon dehors.
Et quelques heures plus tard nous étions dans cette boite, une première toutes les trois ensembles, pour une dernière soirée. Un agréable moment, mais après une journée comme celle la, très crevant aussi, on a dansé, bien ri, mes potes nous ont rejoints, et à nouveau on a dansés et ris jusqu'à tôt le matin. Puis nous sommes rentrées, elles m'ont posées chez moi, on s'est dit au revoir dans une petite tuture, mais avec la promesse d'une revoyure puisque mon amie me devait un coup à boire.
Toute la partie en italique n'est que le fruit de mon imagination, tout le reste est un reflet d'une journée qui restera gravée dans ma mémoire, ma première marche, mais aussi mon dernier vrai jour dans cette ville. Finir en beauté, partir sans regrets, finalement, c'est une bonne chose. Cette ville restera La ville ou je suis bien, et elle me manquait dès le lendemain de mon départ. Je ne suis pas du côté de Bayonne bien entendu, un jour peut-être qui sait ! J
Mais en attendant, je sais que j'étais dans mon élément, il y avait mes amis, d'ici, de Montpellier, il y avait des hétéros, et homosexuels, il y avait du rire, de la bonne humeur, aucun jugement, une grande tolérance, je pouvais avoir le style dont j'avais envie, et ressentir de l'attirance pour n'importe qu'elle personne.
Je m'appelle Morgane, j'ai 20 ans, et je suis faite pour aimer les femmes tout comme je suis faite pour mettre l'amitié à un haut niveau dans ma vie, ainsi que le rire et le sourire, la tendresse et le soutien. Et tout ça, ce sont mes années Montpellier qui me l'ont appris mais c'est grâce à plein de personnes et journées vécues. J