20 - Iliéna, nouvelle vie à saisir...
Christian
Iliéna, nouvelle vie à saisir...
A son réveil Lou se plonge dans l'étude des données collectées par Réan sur l'évolution et l'histoire de l'Humanité. C'est par cette appellation que les « Hommes » caractérisent toutes celles et ceux de leur espèce.
Ils se distinguent ainsi de tous les êtres vivants. Ils estiment que seule l'Humanité sur Terre est douée de conscience et de réflexion. Le reste du vivant n'obéissant qu'à des instincts primaires et à une sorte de programmation génétique dont il ne peut s'extraire.
Lou ne comprend pas comment cette humanité en est venue à se sentir à ce point différente de tous les êtres vivants qui l'entourent et dont en plus elle est issue.
L'agilité des «hommes», leur intelligence pratique, leur capacité à s'organiser ensemble, semble leur avoir donné un sérieux avantage dans la lutte pour la survie.
Dès l'aube de leur humanité, les groupes humains n'hésitent pas à s'attaquer à de très gros animaux.
Très tôt dans leur histoire, les «hommes » ont compris leur puissance, en dominant les dangers qui pouvaient les menacer.
D'après leur propre version de l'histoire, il semble qu'au départ, les «hommes » vouaient un vrai culte à leur terre nourricière. Ils avaient construit des rites pour respecter les plantes et animaux qui les nourrissaient.
Selon l'endroit de la planète où ils habitaient ils avaient personnifié la terre nourricière sous forme d'animaux, ici un crocodile, là un taureau, ailleurs un éléphant.
Pour Lou, Gardienne de la Vie sur Leaurélia, ces pratiques ancestrales de l'Humanité entrent en résonance profonde avec l'approche des peuples de Leaurélia.
Elle ne comprend pas comment les « Hommes » ont pu ainsi se couper de cette terre nourricière qui leur a tout donné. Les « Hommes » se sont inventés des divinités, mais ces divinités ne représentent plus la Terre Mère. Elles ne sont centrées que sur « l'Homme ».
Pourquoi cela s'est-il produit ? Pourquoi l'Humanité, avec ses Dieux qui ne « parlent » qu'aux « Hommes », s'est-elle si éloignée de la planète qui lui a donné naissance.
Lou espère trouver des réponses avec « Iliéna » quand elle se réveillera.
Line, qui a capté sa réflexion, se manifeste via l'interface bionique qui les relie.
— Je ne sais pas, Lou, si « Ilièna » pourra te répondre !
— Pourquoi, elle ne va pas bien, « Iliéna » ne respire plus ?
— Non de ce côté là, il n'y a aucun problème. Toutes ces fonctions vitales, d'après la coque de survie, sont en parfait état. L'hématome qu'elle avait au crane, suite à un choc violent, est en cours de résorption.
— Non c'est visiblement une femme très solide, mais les tentatives de la coque de survie pour la réveiller se soldent par des échecs.
— Elle ne réagit pas ? Line.
— Son corps réagit, si tu piques sa peau, ses bras ou encore ses jambes, elle sursaute, mais elle ne se réveille pas.
— Line, comment fonctionne son cerveau, il présente une activité quelconque ?
— C'est ce qui est le plus étrange. Il existe bien une activité cérébrale, d'après les relevés électriques et scanners de son cerveau, mais il ne semble plus relié au corps, au moins en partie. Les fonctions vitales et réflexes fonctionnent. Cela signifie donc que le cerveau contrôle celles-ci, mais c'est tout.
— Line, que pouvons nous faire alors avec « Iliéna » ?
— La rendre à l'Océan. Nous l'avons sauvée d'une mort certaine et nous ne pouvons plus rien faire.
— L'espoir que j'avais d'entrer en contact et de comprendre leur civilisation disparaît. Une profonde tristesse envahit Lou.
— Perdue pour perdue, nous pourrions peut-être tenter quelque chose avec « Iliéna ». Lou, j'ai une idée un peu folle.
— Folle ? A quoi penses-tu ? Je ne perçois pas où tu veux en venir, Line.
—D'après les données biologiques fournies par la coque de survie, je me suis aperçue que le mode de fonctionnement physiologique du corps « d'Iliéna » n'est pas trop éloigné des nôtres.
—Détaille un peu ! Line.
— Nous n'avons, certes, ni la même peau, nous ne respirons pas tout à fait le même air, mais au-delà de ces différences, notre mode de fonctionnement est similaire, lui précise Line.
— Je commence à saisir où tu veux en venir, Line !
— Effectivement « Iliéna », comme nous, possède un cerveau qui dirige le corps et celui-ci a besoin de s'alimenter pour survivre.
— Ce cerveau est relié, comme pour notre espèce, par un ensemble de fibres nerveuses qui part de la base du cerveau, confirme Line.
—Si je te comprends bien, Line, tu voudrais implanter une interface bionique, pour que je puisse piloter le corps «d' Iliéna», comme Réan l'a fait avec « LouB » ?
—C'est exactement cela à quoi je pense , Lou
— D'accord, mais « LouB » n'est qu'une machine ! Rien ne nous dit que cela marchera !
— Que risquons nous, Lou ? Ce corps est en parfait état de fonctionnement, mais je suis incapable d'agir sur le cerveau « d'Iliéna » pour la réveiller.
— Si nous arrivons à implanter une interface bionique adaptée à sa morphologie, c'est une nouvelle aventure qui commence. Sinon nous n'irons pas plus loin que son état végétatif actuel et nous ne pourrons rien faire pour « Iliéna »
— Tu sembles sure de toi Line ?
— Propose tu une autre alternative Lou ?
— Non, mais cela m'effraie un peu.
— Il faudra que nous transférions le corps « d'Iliéna » dans notre base sur la Lune, avec toi bien sur. La mise au point d'une interface, en harmonie avec la tienne, nous prendra du temps et j'aurai besoin des compétences des Stellaires en la matière. Ce sont quand même les premiers inventeurs des Interfaces Bioniques.
— C'est quand tu veux, Line. Lou s'enthousiasme devant ces nouvelles perspectives d'exploration.