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mardi 28 mars 2017

21:21.

Suffisait-il d'aimer passionnément pour avoir le droit à l'espoir?

Luciné était éprise d'amour pour Zélie.
La sombre image qu'elle reflétait aurait presque pu être une métaphore : il n'existait de personne plus lumineuse qu'elle, et pourtant, le mauvais de tout genre se reflétait en elle.

Les aprioris sur cette demoiselle étaient si forts que nul n'essayaient de creuser sa froideur afin de la voir réellement.
Personne, sauf Luciné. Beaucoup trop curieuse et solitaire pour écouter ce qu'on disait de sa muse.

Elle l'idolâtrait comme un croyant priant à même heure chaque jour, tant que ses souffrances s'accentuaient sans qu'elle ne s'alarme de celles-ci, totalement aveuglée par ses traits fins et ses mots accrocheurs.

Zélie était l'attachement pur et la destruction de sa plus profonde nature : l'amour.

Elle possédait ce dont tout le monde rêvait depuis des millénaires, la capacité d'aimer à travers la souffrance tout en y prenant un certain plaisir et sans en ressentir de remords.
Certain la caractérisait de bête monstrueuse, chimère, sans cœur, mais nul ne savait à quel point elle était dangereuse.

La pire des dégradations que l'on pouvait s'infliger était celle de Luciné envers Zélie.
Elle éprouvait tant de sentiments envers elle qu'elle ne pouvait nier l'éventuelle descente aux enfers qu'elle allait se donner tout en ne pouvant l'arrêter.

L'envie d'aimer était bien plus forte, le droit à l'espérance était trop important pour laisser tomber maintenant.

Ce cercle singulier n'était que le commencement de l'idylle se terminant par la mort tout en passant par ces montagnes russes que sont la folie, les remords, la remise en question, l'attachement et les émotions.

Il fallait demeurer barge pour ne s'arrêter avant sa propre chute écrite à l'avance par notre meurtrier.

Luciné n'en était que plus folle d'attendre l'instant propice à son anéantissement afin de rendre publique son humiliation en déclarant son amour mortel pour Zélie, folie qu'elle avait acquit en aimant à s'en surpasser, en se livrant comme jamais à l'Inconnue.

Entourées d'une foule dont elles avaient toujours eu horreur, elles se regardaient sans oser parler, gênées par les regards qui étaient posés sur leurs deux silhouettes.
Luciné appuya sur la détente, se tirant, révolver contre la tempe -pour faire les choses proprement-, la décharge de son arme qui n'avait jamais été utilisée auparavant.

Le corps s'étala sur le sol et à la surprise des êtres ayant vu toute la scène sans oser bouger, Zélie prise de remords se mit à la hauteur de son visage et y déposa un baiser tardif sur les lèvres de la condamnée.

L'histoire pouvait enfin commencer : L'amour avait fait sa preuve et l'espoir, lui, avait enfin été gagné par Luciné.