22-Ethel-Chapitre 21

loulourna

22-Ethel...1934-Chapitre 21            

---Ma petite fille, tu es trop jeune, sois sans inquiétude, nous ne sommes pas dans un pays de sauvage, avait rétorqué sa mère, nous appartenons à une nation civilisée, d’une grande culture.

À bout d’arguments, Ethel se taisait et parfois doutait de sa lucidité. Etait-elle seule à voir le danger dans le National-socialisme. Non, elle ne se trompait pas mais ne comprenait pas pourquoi autant de juifs allemands voyaient en Hitler l’homme qui allait rendre la fierté au pays. Son père, persuadé d’être protégé par sa qualité de héros de la Grande Guerre, fier de présider une association d’anciens combattants. Sa mère, convaincue d’être intouchable, Allemande depuis plusieurs générations, Allemande dans son cœur, Allemande dans sa culture. L’éternelle discussion entre Ethel et ses parents pour les convaincre qu’une fois Hitler au pouvoir les juifs allaient être les premières victimes de sa politique, tombait régulièrement à plat.

---On dirait que tu ne lis pas les lettres d’oncle Herman.

---Mon frère a toujours été un pessimiste, rétorqua son père, il voit des antisémites partout.

---Il a bien raison, ils sont partout. Pourquoi vous ne voulez pas entendre quand il nous propose de venir à New York. Il nous dit qu’il a de la place pour nous héberger et que papa, au début pourra travailler avec lui dans son magasin.

Et sa mère, qui la prenait pour une enfant et répétait à chaque discutions, qu’a son âge elle ne s’occupait pas de politique. Que l’Allemagne était notre pays, que rien ne pourrait nous en chasser. —J’espère que tu as raison,maman, mais j’en doute

Cette fois-ci, Ethel avait pour la nième fois entamée le sujet qui fâche dans la cuisine. Sa mère aidée d’Amélia lavait la vaisselle, Ethel l’essuyait et la rangeait dans le vaisselier de la salle à manger. C’était toujours les mêmes Fait bien attention, ma petite fille, cette porcelaine et les couverts d’argent font partie de la dot de ma grand mère.

---Ma petite fille, ma petite fille. Maman. Tu me fais toujours des recommandations, comme si j’étais un enfant. Ta vaisselle, pour le moment n’est pas le plus important. 

---Pour moi oui, avait rétorqué sa mère. 

Je genre de discutions avaient lieu il y a deux ans, qu’Hindenburg, le 30 janvier 1933, nomme Hitler chancelier et lui demande de former un gouvernement. 

Sous les pâles rayons d’un soleil voilé, les dernières gelées d’un hiver tardif se dissipèrent comme à regret. Une odeur de terre humide et de feuilles pourrissantes s’élevait avec la brume qui voilait au loin les arcs de la porte de Brandebourg. Ethel tenait à la main <> de Franz Kafka. Elle aimait lire en marchant lentement dans les allées du Tiergarten. Mais aujourd’hui, le cœur n’y était pas. Comme K, Ethel se sentait piégé dans un monde absurde et dramatique. Il lui semblait que la cécité était le symptôme le plus répandu dans l’univers. Faire comprendre à ses parents qu’il fallait quitter l’Allemagne l’épuisait moralement.  Le Reichstag venait d’être dissous et de nouvelles élections fixées pour le 5 mars. Au cours de la campagne qui précède les élections législatives, dans la nuit du 27 février le Reichstag est incendié. L’incident, attribué aux communistes va être exploité par les nazis. Ils vont les arrêter par milliers, suspendre les garanties constitutionnelles et supprimer les libertés politiques. Le 1e avril, chaque section locale du NSDAP doit mettre en œuvre le boycott des commerces juifs, des biens juifs, des avocats et des médecins juifs. Ces premières mesures anti- juives avaient laissé le monde silencieux.

Comme si c’était hier, Ethel se souvenait avec une acuité particulière de la rentrée scolaire du 23 septembre 1931. En 2 ans, d’une enfance heureuse, la vie d’Ethel avait basculé lentement vers une adolescence préoccupée par la montée du pouvoir des nazis. Monsieur Lieberman son professeur de littérature, un ami de la famille, lui avait ouvert les yeux, sur la situation politique de l’Allemagne. À la fin du premier jour de classe, il l’avait retenue par le bras.

--- Tes parents nous ont proposé de venir prendre le thé dimanche après-midi ? Tu leur diras que c’est d’accord.

Ethel bâti des mains, --- C’est une bonne idée, depuis les vacances je n’ai pas vu Charlotte.

--- Elle aussi sera contente de te voir et Lea nous fera son merveilleux stroudel … et puis J’ai des choses importantes à dire à tes parents.

Ethel légèrement moqueuse, --- Cela a un rapport avec mon travail ?

Lieberman sourit, --- Tu me taquines, tu sais très bien que tu es une bonne élève, pour ne pas dire la meilleure. Tu reprends ta place dans le journal de l’école ?

---Oui, et j’ai hâte de commencer, dit Ethel avec enthousiasme.

Monsieur Lieberman sonda les beaux yeux bleus de la jeune fille comme s’il voulait y lire son avenir, ---C’est toujours avec plaisir que je parcours tes critiques sur l’art, particulièrement sur le théâtre. Sais-tu que c’est toi qui m’aiguilles vers les pièce à voir.

Ethel rougit de plaisir, --- Merci Monsieur Lieberman. Je me dépêche, j’ai rendez-vous à la rédaction. À dimanche ! dit-elle dans sa course.

Monsieur Lieberman regarda Ethel détaler dans le couloir. Il admirait son intelligence, sa volonté d’apprendre et son enthousiasme communicatif.

Les deux familles étaient réunies dans le salon au-dessus de la boutique de tailleur de Samuel Birnbaum.

Buvant à petites gorgés son thé brûlant, après avoir parlé de tout et de rien, Franck Lieberman, caressant sa barbichette, ---Je ne sais pas comment vous l’annoncer, alors j’y vais carrément. Nous avons pris la décision de quitter l’Allemagne.

Pour rompre le silence qui suivi cette déclaration, Léa Lieberman poussa une assiette vers Ethel, --- Goutte mon stroudel, je l’ai fait spécialement pour toi.

Isaac s’étonna ---Quitter l’Allemagne ? Quand ?

--- Oh ! pas tout de suite. Mon frère habite Brooklyn et me supplie de venir m’installer en Amérique, dit Franck Lieberman.

---Quel est le juif qui n’a pas un frère, cousin, en Amérique, dit Samuel.

Frida apaisante, --- Nous vivons des temps difficiles, mais tout finira par s’arranger. Ethel regarda sa mère ; son insouciance politique la désarmait.

--- Vous devriez en faire autant, poursuivi Monsieur Lieberman, la vie va devenir impossible pour nous. Vous avez vu le résultat des élections du 14 septembre 1930 ? Le parti nazi a obtenu 107 sièges au parlement. Dans peu de temps Hitler va régner sur ce pays. Les communistes ont bien sûr gagné 77 sièges, mais ça ne servira à rien. Pour eux il est trop tard. Ils n’ont pas su tirer parti de la dépression de 1923. La montée des extrémistes n’est pas un bon présage. De toute façon, communiste ou fasciste, ça ne change rien, je ne veux pas avoir à choisir entre la peste et le choléra. Samuel, tu peux me croire, nous n’avons plus notre place en Allemagne.

--- Il me semble que tu es trop pessimiste, 107 sièges c’est loin de la majorité Et puis même s’il était nommé chancelier, Hitler n’est ni un sauvage, ni un fou. Il faut un homme fort pour remettre de l’ordre dans ce pays. Oui, je sais que tu vas rétorquer qu’il est antisémite. Je crois qu’une fois au pouvoir il aura d’autres chats à fouetter. Que veux-tu qu’il fasse ? Il ne va pas tous nous tuer ?

---Et pourquoi pas, dit Ethel.

Samuel obstiné, eut un mouvement d’épaule --- Ethel tu n’es qu’une gamine, Hitler va redresser le pays, nous donner la place que nous méritons en Europe… et puis, s’il veut nous chasser, et bien, il sera toujours assez temps.

Arrête de prendre ta fille pour une enfant, elle a 15 ans et je suis bien placé pour savoir qu’elle a plus de cervelle que toi. Comment peux-tu être aveugle à ce point, dit Monsieur Lieberman.

Ce qu’aucun d’eux ne savait c’est qu’en janvier 1933, Hitler sera nommé chancelier sans majorité électorale.

Avec un sourire de dérision sur ses lèvres Monsieur Lieberman ajouta,---Tu veux une note humoristique ? Tu te souviens de l’idée géniale des finances internationales ?

---Quelle idée géniale ?

---Leur plan de 59 ans pour échelonner nos règlements des réparations de guerre. Et bien, à ce rhytme-là, la dette sera effacée en 1988. Quel est le pays qui peut accepter une facture pareille. En nous imposant cette charge démesurée, les Anglais et les Français ont joués à l’apprenti sorcier.

---Oh ! eux, dit Samuel désabusé, ils ne pensent qu’à nous isoler.

--- C’est vrai, mais Hitler a beau jeu. Ce guru d’une secte de psychopathes antisémites, phraseur au discours plus mystique que politique, s’appuie avec talent sur la grogne des insatisfaits de tous bords. Il ne recule devant aucun moyen de désinformation, utilise l’intimidation et la peur. Ethel, je te conseille de lire « Mein Kampf « tu comprendras que lorsqu’il aura le pouvoir il mettra l’Europe à feu et à sang.

Monsieur Lieberman fouilla dans sa poche et prit un petit fascicule, --- Je vais vous lire quelques passages du manifeste politique du NSDAP daté du 24 février 1920.

Article 4- Seul a le droit d’être citoyen un frère de race. Seul est frère de race celui qui est de sang allemand. Aucun juif ne peut donc être un frère de race.

Monsieur Lieberman arrêta sa lecture.

--- Cette phrase est présentée comme une loi mathématique irréfutable, un dogme indiscutable. Il continue.

Article 5- Qui n’est pas citoyen ne peut vivre en Allemagne que comme hôte et doit être soumis à la réglementation sur les étrangers.

Il leva la tête, ---Samuel, tu t’estimes Allemand ?

--- Je suis Allemand.

--- Tu te trompes. Pourquoi faisons-nous toujours la même erreur ? Moi aussi j’ai cru en l’Allemagne. En 1914 le pays a eu besoin de nous. Toi, moi et beaucoup d’autres juifs n’ont pas hésité. Beaucoup d’entre nous se sont sacrifiés. Probablement avons-nous tué des juifs anglais, français sans état d’âme, nous étions Allemands avant tout. C’est vers la France, le pays des droits de l’homme, que nos arrières grands-parents auraient dû émigrer. Nous avons apporté notre contribution à ce pays, les juifs allemands sont d’abord Allemands, mais ils ne veulent pas de nous. Tu ne comprends pas que nous allons être les boucs émissaires de tous les problèmes du pays ? Monsieur Lieberman, levant son bras, secoue son fascicule.

Il y a même un article 17 qui prévoit la possibilité d’exproprier les biens juifs.

Mal à l’aise, Samuel remua sur sa chaise, --- Ce manifeste est vieux de 10 ans. Notre pays a été réintégré dans la SDN. Nous faisons partie de l’Europe.

À ce moment-là, Samuel ne savait pas encore qu’un mois plus tard, l’Allemagne annoncerait son retrait de la SDN.

De guerre lasse, poussant un soupir, Monsieur Lieberman ajouta,--- Léa et moi sommes d’accord, nous en avons beaucoup parlé. Nous voulons mettre Charlotte à l'abri. Elle aura fini sa scolarité dans un an, nous ne partirons pas avant. Pense à Ethel. Quel avenir a-t-elle dans ce pays ?

Monsieur Birnbaum avait pris Ethel dans ses bras. Elle était si belle avec ses longs cheveux dorés. Il pensa que s’il devait arriver quelque chose à sa fille il ne s’en remettrait pas. Il cacha son émotion, lui souleva le menton, et dit avec un trémolo dans la voix,--- Tout ira bien, il ne t’arrivera rien.

--- Monsieur Lieberman, demanda Ethel, pourquoi les juifs ?

---C’est une vieille histoire. En ce qui concerne notre problème immédiat, le nazisme veut faire croire au peuple que les juifs polluent, sont sales, gangrène le pays, accaparent l’argent des braves Allemands. Et tu sais combien nous sommes pour faire tout ça…400 000. 

--- Je pensais que nous étions plus nombreux.

---Si toi aussi tu vois des juifs partout, que dire des antisémites.

--- Ca ne me dit pas pourquoi tant d’acharnements contre nous.

--- L’homme va vers le concept le plus simple, le plus primitif. Peuple déicide… les juifs dirigent les finances du monde. Religion et argent forment un ensemble détonant et suffisant pour autoriser et justifier les pires ignominies.

Samuel excédé, --- Arrête de nous faire peur avec tes prédictions. Et puis, où veux-tu que nous allions ?

--- Je croyais que ton frère était prêt à t'accueillir ?

---Nous avons encore le temps de prendre la décision de partir. Monsieur Lieberman se tourna vers Ethel, --- Ah ! Si tu arrivais à faire changer d’avis ton buté de père.

Un autre événement l’avait particulièrement frappé. Ethel avait toujours refusé, mais au mois de mai dernier elle accepta d’accompagner des élèves à un meeting du NSDAP. Elle fut sidérée par le charisme et les dons d’orateur de Hitler.

Il envoûtait son auditoire. Devant des milliers de personnes subjuguées, son discours répondait aux pulsions exacerbées de la foule, il canalisait tous les mécontentements d’un peuple fatigué du chômage, d’être considéré comme le seul coupable de la Grande Guerre qui ruina toute l’Europe.

Sa diatribe provoqua chez Ethel une envie de vomir. Dans cet immense temple du mal à ciel ouvert, ses camarades, les yeux illuminés, éructant des Seig ! Heil ! bras droit levé, de concert avec la foule compacte. Elle se sauva en courant.

Personne ne s’aperçu de son départ.

La famille Lieberman quitta l’Allemagne en 1932. Ethel n’avait pas oublié les paroles de son professeur sur Mein Kamp. Lorsqu’en décembre 1933 le livre fut diffusé gratuitement dans les administrations, les écoles et recommandé par le ministère de l’éducation nationale, elle l’emprunta à la bibliothèque municipale. À peine arrivée à la maison elle s’était enfermée dans sa chambre pour entamer sa lecture.

Hitler n’y allait pas par quatre chemins. Dès la première page, il parle de guerre et de larmes.

Il écrit entre autre ceci : Si l’état s’avère inapte à nourrir le peuple allemand, de la nécessité naîtra son droit moral d’acquérir des terres étrangères. La charrue fera alors place à l’épée et les larmes de la guerre prépareront les moissons du monde futur.

À la page 32 : Les deux plus grands fléaux pour l’Allemagne : le marxisme et le judaïsme.

Ethel est sidérée de la façon dont il parle des juifs. D’abord il raconte que dans son enfance, son entourage n’en disait jamais du mal et encore mieux, c’est tout juste s’il avait entendu le mot juif. Dans sa prime jeunesse son attention n’est absolument pas attirée par les juifs qu’il ne voit nulle part. Puis quelques pages plus loin il les voit partout. Il s’étonne lui-même d’avoir été aussi peu antisémite et de n’avoir ouvert les yeux que très tard. Au fil des pages il découvre petit à petit que les juifs ont un comportement particulier et que sous leur crasse physique apparaît leur saleté morale. C’est à Viennes que lui serait venue la lumière. Le juif, occupe tous les postes de l’art décadent aussi bien dans la peinture que le théâtre et la littérature. Pour mieux frapper les imaginations, il condense le peuple juif dans un modèle unique et en fait le porteur de toutes les tares de l’humanité.

Il n’écrit pas “les juifs “mais “le juif”.

Elle lit plus loin : Que l’on considère, que pour un seul Goethe, la nature infeste facilement leurs contemporains de dix milles de ces barbouilleurs, qui dès lors agissent comme les pires bacilles et empoisonnent les âmes. Il était épouvantable de penser, mais on ne pouvait se faire d’illusion sur ce point, que le juif semblait avoir été spécialement destiné par la nature à jouer ce rôle honteux. Était-ce cela le peuple élu ? J’entrepris alors d’examiner soigneusement les noms de tous les fabricants de productions malpropres que révélait la vie artistique. Le résultat de cette enquête fut de plus en plus défavorable à l’attitude que j’avais observée jusqu’alors à l’égard du peuple juif. Le sentiment avait beau se cabrer, la raison n’en tirait pas moins ses conclusions.

Ethel releva la tête. La lecture de ce brûlot antisémite lui donnait le frisson.

Comment pouvait-il prendre Goethe en exemple alors que celui-ci parlait d’harmonie entre l’humanité et la nature.

Comment ce peintre raté se permet-il de traiter de barbouilleurs des artistes juifs ou non juifs, comme Paul Klee qui insuffle dans de simples traits une énergie spirituelle, Miro à l’imagination poétique, Picasso et Braque, les héritiers de Cézanne. Max Beckmann, le maître de l’expressionnisme, Edvard Munch le visionnaire, Kandinsky, le père de l’abstraction, Chagall, le chantre féerique de la culture juives des shtetl … et tant d’autres.

Son impudence va jusqu'à nous faire croire qu’il est devenu antisémite, poussé par les juifs eux-mêmes alors qu’il n’y tenait pas du tout.

Ses sentiments pros juifs ne pouvaient lutter contre la raison. Il est malheureusement obligé d’admettre qu’ils sont un fléau pire que la peste noir du moyen âge, que c’est un véritable poison pour le peuple allemand. Il conclu : être antisémite est un devoir sacré.

Ethel était horrifiée. À chacune des 700 pages de ce galimatias qu’Ethel feuilleta rapidement elle pouvait dénoncer l’ineptie de ses analyses politiques.

Plus loin Hitler démontre qu’il était important de construire un état raciste et de faire évoluer les Allemands lentement mais sûrement à une situation de prédominance. Il résume en disant que les croisements amènent un abaissement de la race supérieure, par une régression physique et intellectuelle et ce processus n’est pas autre chose que pécher contre la volonté de l’Éternel, notre Créateur. Il parle encore du sang noble abâtardi par le sang des peuples étrangers et donc inférieurs. Hitler écrit : ce sont les juifs qui ont amené les nègres sur le Rhin dans le but secret de détruire par métissage la race blanche.

Il n’est pas beaucoup plus indulgent pour la classe ouvrière. Pour gagner la masse populaire au relèvement national, aucun sacrifice n’est trop grand. Seuls, les esprits myopes et bornés ; comme il y en à, malheureusement, une multitude dans nos milieux ouvriers...etc...etc. et il conclut ; C’est dans le sang, seul, que réside la force ou la faiblesse de l’homme. Les peuples qui nient cette évidence, renoncent du même coup à l’unité de leurs âmes dans toutes ses fonctions. Hitler parle de justice divine, de volonté de l’Éternel, de sang noble, de la vengeance du Créateur.

Il parle en prophète messianique : C’est pourquoi je crois agir selon l’esprit du Tout-puissant notre créateur, car en protégeant contre le Juif, je combats pour défendre l’œuvre du seigneur.

Ou est le projet politique pour améliorer la condition humaine dans ce galimatias sectaire ? Comment pouvait-on laisser passer ce tas d’ineptie sans réagir ? sans voir à quoi cela allait immanquablement mener. Pourquoi le monde entier fermait-il les yeux devant ce jargon pseudos politico-sociologique ? dont la conclusion, permettait à tous les indécis de basculer dans le racisme et donner bonne conscience aux législateurs, qui vont début avril 1933, promulguer les premiers décrets antijuifs après une vague de propagande antisémite.

Sur un point, il avait raison. La parole est plus importante que les écrits.

Hitler donne Marx comme exemple : Combien d’hommes ont-ils lu son œuvre ?

Ce qui à permis au marxisme son influence sur les masses ouvrières, c’est sa prodigieuse vague de propagande orale.

Combien d’Allemands lisaient… ou avaient lu Mein Kampf ? Et pourtant, il suffisait de lire les 3 premiers chapitres.

Sans ses harangues que serait devenue son idéologie ?

Ethel posa le livre sur ses genoux.

Le monde était-il insensé pour ne pas voir ce qui n’était même pas caché ? Un fou était en liberté, des milliers de fous l’écoutaient, l’escortaient, le suivaient. Des millions de fous fermaient les yeux.

Ethel se souvenait de 2 articles récents, parus dans le “Völkischer Beobachter “ le premier de la main de Goebbels :

Les autorités supérieures devront faciliter largement à chaque fonctionnaire la connaissance des textes essentiels du national-socialisme, je leur indique tout particulièrement l’ouvrage du Führer ; Mein Kampf.

Dans le même journal du 11 décembre 1933 :

Le livre de notre Führer contient pour le présent et pour l’avenir les principes définitifs des conceptions national-socialiste ; il est indispensable à tout Allemand et à quiconque veulent pénétrer les arcanes de notre doctrine. Il constitue l’essence même du national-socialisme et il doit désormais devenir la Bible du peuple allemand.

Lieberman était parti. En dehors de quelques camarades juifs, plus intellectuels que pratiques, très forts pour couper les cheveux en quatre, elle n’avait personne avec qui parler sérieusement.

Ses parents ? C’était peine perdue. Sa mère s’accrocherait à la culture allemande où une autre soit disant valeur éternelle.

En 1933, Ethel avait 17 ans, pourtant son père la traiterait encore de gamine, que ce livre avait été écrit en 1924 en prison, que rien ne pouvait être pire que la faiblesse de la République de Weimar, etc… etc. Et julius ? Allait-elle lui en parler ? À quoi bon, il tenait le même discours que ses parents.

Ethel était découragée par le manque de clairvoyance de ses proches. Pourquoi les puissances de destruction avait-elle plus de force que la démocratie ? Monsieur Lieberman lui avait répondu à cette question : protéger la démocratie avec des gens qui n’ont rien à défendre est une mission difficile, voir impossible.

A suivre...

  • Bien documenté,il est vrai que peu pouvaient imaginer l'horreur qui allait suivre, surtout après la grande boucherie.

    · Il y a environ 13 ans ·
    30ansagathe orig

    yl5

Signaler ce texte