23 Novembre

moox

Parce que j'ai morflé, au plus profond de moi, de ne plus pouvoir être celle que j'étais..

23 novembre. Enfin, c'est aujourd'hui.
Aujourd'hui que j'étais censé me faire opérer. Le jour ou j'ai appris cette date, j'étais tellement à bout, je ne savais plus comment tenir un jour aprés l'autre, je ne savais déjà pas comment j'avais reussi à tenir jusqu'à ce jour, et voila qu'on m'annonce que j'ai encore un mois et demi à attendre. Impossible. Et pourtant, il le fallait. Tout en esperant qu'un crénau se libére avant, car tous, le personnel médical, ceux qui était la au quotidien, savaient que cette date étaient bien trop loin, que, jamais, je ne pourrais tenir.

La douleur se voyait, l'enfer se lisait dans mes yeux. Mon quotidien était calvaire, ne plus pouvoir être seule, tomber, faire des crises de tétanie totale qui duraient quasiment 3 heures, ou des crises de tremblements incontrolables, ne pas reussir à manger alors que tu as la dalle, les vertiges, la fatigue extréme, marcher avec une bequille, à une vitesse d'un escargot, et encore, devoir être soutenue, être un robocop comme rarement, ne plus dormir, trés peu, trop peu.
Vivre quasiment qu'allongé, laissant les autres se lever à chaque fois, qu'on m'aide à rentrer dans une baignoire, mettre la chaise dans la salle de bain, dans la douche, me faire conduire, à chaque trajet, verifier les prises de morphine, dormir des nuits et des nuits chez des amis, leurs faire faire demi-tours lorsqu'ils partaient de chez moi, ou revenir aussi.

Ne plus être capable de rien, ne plus se reconnaitre, ne plus sourire, rire, ni même trouver que la vie vaux la peine d'être vécue, non, au bout de plus de trois ans et demi à souffrir H 24, c'est trop, plus rien à de sens, c'est insupportable, avoir du cesser le travail 3 jours avant, perdre tout ce qui fait être soi, tout perdre, petit à petit, jusqu'au jour ou tu rend ton matériel, et que tu sais, que depuis plusieurs mois, c'est la seule chose qui a un sens pour toi : ton travail, car c'est ce qu'il te reste encore, même à mi-temps, au moins, tu as ça, puis tu le perds, et on t'annonce le 23 novembre.


Parrallélement, comme tu as voulu protéger ton entourage, ne pas les embarquer dans cette horreur de vie, on te reproche de ne pas venir, on te conseille de pas prendre des médicaments plus fort que le paracétamol, alors que tu t'apprête à prendre la morphine, on te parle d'esprit de famille, de comédie, et qu'un mois et demi à attendre, c'est rien, ou encore que je fais un caprice a vouloir me faire opérer la ou je vis, alors que je pourrais redescendre dans la famille et ensuite envisager.
Et ils refusent de voir, de comprendre, d'imaginer, que non, je ne fais pas exprés de me casser la gueule ou de vivre comme une dépravé, que c'est réel, que même à ma pire ennemie je ne le souhaiterai pas, à personne, car c'est une torture, au quotidien, à chaque minute, quand rien qu'un vetement te fais souffrir car par compensation, tu as bloqué un nerf, quand ne pas avoir mal, tu connais pas, tu connais juste, de temps en temps, des moments ou la douleurs ne dépasse pas les 7/10 environ, quelques minutes, de presque répis.


Je ne sais pas comment j'aurai tenu, aujourd'hui encore, je l'ignore. Par chance, l'opération fut avancé, au 27 octobre, ce fut, de la part de tous ici, un réel bonheur, on a même sorti la bouteille pour trinquer ! Certes, j'ai pas bu, mais mes amis, eux, se sont réjouis pour moi. J'ai de la chance, d'avoir ici des amis hors du commun, qui m'ont supporté, aidé, et je ne pourrais trouver tous les mots pour décrire à quel point ils ont été la, a chaque instant, chaque minutes, luttant contre leurs fatigues, mettant aussi leurs vies entre parenthéses, car je ne pouvais être seule, mission impossible, clairement.

On ne sait toujours pas, on ne saura jamais, comment on aurait fait jusqu'à aujourd'hui, je me demande même comment ils ont tenu jusqu'au 27 octobre, tellement c'était lourd, épuisant et contraignant.

J'ai des amis hors du commun, comme j'ai des oncles et tantes qui le sont aussi, à faire des centaines de kilométres pour se relayer pour les deux premiers mois post-opératoire, ils sont adorables, et m'aident énormément, sont venus sans réfléchir, juste parce que j'en avais besoin, n'est ce pas adorable ?


J'ai une équipe de boulot vraiment sympa aussi, à tout faire, quitte à perdre des cheveux, pour que je puisse continuer le plus longtemps possible, à faire ce pour quoi je suis faite, malgré tout.



Aujourd'hui, je commence à me sentir revivre. l'opération semble avoir fonctionner, je me retrouve, petit à petit, sans aller trop vite, mais c'est tellement incomparable. Plus de morphine, plus de béquille, plus de chutes, de tétanie, de tremblements, l'appetit qui revient, le sommeil aussi, ça parait rien, mais c'est tellement tout.

Quand des gens d'extérieurs me voit, il trouve que je vais pas au top top, parce qu'ils m'ont pas vu avant, ou on fermé les yeux, ou autre.

Mais toutes les personnes qui m'ont cotoyé, beaucoup ou peu, sont ravies, du progrés énorme accompli, bien qu'il reste une autoroute à progresser, j'ai déja récupérer mon être, mon sourire intérieur, et ca fait un bien fou.


Je ne peux que témoigner, aux personnes qui pensent qu'on s'en sortira jamais,  j'ai pensé comme vous, longtemps, et je me sens trés chanceuse, d'avoir un espoir fondé, aujourd'hui.

à vivre avec la douleur, on se perd, totalement, gardez vous un objectif, réalisable, une motivation, qui vous maintiendra, jusqu'a ce qu'un espoir fondé, arrive..

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