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tout-en-finesse

Elle prévoit tout au dernier moment, même un week-end prévus depuis une semaine ne se met en place que la veille de celui-ci. Elle a vraiment du mal à se rendre compte des secondes qui défilents. Peut-être que c'est ce qu'elle voulait au fond, s'oublier au point d'oublier le temps, ne plus se rendre compte qu'il y a une fin de chemin, car si on cautionne cette idée, plus rien ne nous retient. Quelle drole de contradiction, avoir si peur de mourir mais ne pas se rendre compte que cela va arriver. Peut-être n'est-ce qu'un sentiment personnel, peut-être qu'il n'y a qu'elle pour se poser des questions comme ça. Et un tel nombre de questions... Tous les jours, sur tout, son cerveau marche à 1000km/h, ça fuse, ça n'a pas de sens, ça la torture car elle culpabilise de ne pas bouger. Elle a tellement de belle parole et si peu de fond, tellement d'envie mais si peu de conviction. Comment pourrait elle avouer aux autres l'usurpatrice qu'elle est tous les jours? Comment avouer aux autres qu'elle est bien plus folle qu'elle ne le fait voir, totalement névrosée et à l'ouest? 

Elle sait que tout le monde est névrosé qu'à l'inverse le reste est psychotique et donc hors de la réalité. Mais elle a le sentiment de l'être tellement plus que les autres. Elle a l'impression d'être dfférente, une sorte d'ange qui arriverait à tellement s'oublier qu'elle en enlève la douleur des autres, ou quelque chose comme cela, un ange qui apporte de la douceur et de la magie dans la vie des gens qu'elle cotoit. Elle a l'impression de ressentir les humeurs des autres bien plus qu'eux même et elle ne supporte plus sortir car la moindre énergie négative lui fait mal au point qu'elle pleure souvent. Ridicule n'est-ce pas? Elle le sait... Sombrerait-elle du côté psychotique comme tous ces gens qui sentent des bêtes à l'interieur de leur tête? Est-ce sa bête à elle de croire qu'elle peut soulager le monde?

Elle est tellement vaniteuse avec toutes ces idées, tellement loin de la réalité avec tous ses films, ses scénarios qu'elle met en place à longueur de journée dans sa tête sur tout ce qu'elle voit. La musique incessante qu'elle s'invente dans des moments qu'elle veut romantique. La société la à tel point pervertie qu'elle pense que tout se passe comme à la télé et qu'à la fin tout finira bien?  Quelle bétise et quelle utopie de croire que tout finira bien, que l'être humain va se raisonner, de croire que les gens mal finiront par aller bien... Mais qui sont ces gens mal? Que veut elle imposer aux autres? Son "occiditentalité"? Sa vision du bonheur et de la consomation? Son superflus? 

Elle aimerait vraiment croire qu'elle est differente de ces moutons... Ce qui la torture, ce qui lui fait le plus mal en vérité, c'est que justement, derière ces idées, elle fait partie des moutons qui ne savent que se plaindre et compatire pour les autres mais n'ayant aucune réelle ambition de les aider, ni de s'aider eux même à s'éloigner de toutes ces superficialités que le capitalisme impose et la perte de valeur familiale qu'ils demandent sans l'entretenir.

"Jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien. Le plus important ce n'est pas la chute, mais l'atterissage". La Haine (1995).

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