35. Un appel de l'hôpital

Marie Weil

Quelque temps après que Alan soit partit, Eric reçoit un appel de l'hôpital qui lui signal qu'ils ont retrouver Max...

Après le départ d'Alan, je ne mis pas longtemps à m'en remettre. Au fil des mois j'allais de mieux en mieux, même s'il m'arrivait encore de pleurer le soir, dans mon lit, en pensant à Lucas et Max. Cela m'arrivait surtout quand je regardais les photos placés dans ma vieille boite à chaussures.

Maman était ravie de me voir remonter la pente, j'avais maintenant la force de me promener seul en ville et de dire bonjour à tout ce que je croisais avec le sourire aux lèvres.

Puis un jour je reçus un appel qui allait me replonger tout droit dans mon passé tumultueux. L'appel venait d'un hôpital de Seattle. Le médecin au bout du fil me signala que des ambulanciers avaient retrouvé mon fils en train de faire une overdose de méthamphétamine dans une planque de sans-abris. Sans réfléchir, ma mère et moi prirent la route pour Seattle.

Une fois parvenu sur place, le médecin me fit un rapide résumé de la situation. La police avait reçu le signalement d'une planque de sans-abris dans laquelle se déroulait un trafic de drogue. En s'y rendant, les agents avaient trouvé plusieurs camés sous l'emprise de drogues, dont mon fils inconscient, visiblement en train de faire une overdose. Grâce à Dieu, les ambulanciers avaient fait vite et Max avait été sauvé de justesse.

Cette histoire me bouleversa parce que je n'aurais jamais cru que Max pouvait tomber à ce point aussi bas. Je pensais que le centre social l'aiderait à se construire une nouvelle vie, mais j'appris avec surprise que cela faisait plus d'un mois qu'il s'en était échappé.

Lorsque je pus enfin le voir, Max était plongé dans un coma artificiel. Sa maigreur et les profonds cernes qui creusaient son visage me frappèrent en plein cœur. Je pleurais en lui tenant la main, je me sentais coupable de son état actuel, j'avais l'impression de n'avoir rien fait pour lui, de ne pas avoir tenu mon rôle de père en préférant le laisser dans ce centre social. J'aurais dû l'emmener avec moi chez ma mère, mais en avais-je la force à ce moment ? N'étais-je pas moi-même au fond du gouffre, incapable de m'occuper de moi-même ? Je n'avais pas la réponse à ces questions.

Maman était aussi triste que moi de la situation, et malheureusement elle n'allait pas s'améliorer. Car j'eus un entretien avec le médecin de mon fils et une assistante sociale, et c'est là que le monde s'écroula.

L'assistante sociale avait épluché le dossier de Max et en apprit plus sur sa situation familiale, et pour ma part je dus lui raconter les circonstances de son départ. Je venais de signer la fin de mon rôle de père.

-« Monsieur Smith, étant donné que vous avez levé la main sur votre fils et que cela l'a contraint à se rendre dans un centre social, en plus du fait qu'il consomme des drogues alors qu'il n'est encore qu'un mineur, je peux vous garantir que le juge ne va pas être clément avec vous en ce qui concerne sa garde », me dit-elle d'un ton sec.

Après tout, c'était compréhensible, par ma faute mon fils avait failli mourir, et il fallait que j'en paye le prix, aussi élevé soit-il. A cause de ma dépression passée, je n'avais pas été en mesure de m'occuper de lui, alors j'avais prié à l' assistante sociale de l'emmener dans un autre centre social et de voir si elle pouvait faire quelque chose pour son addiction à l'alcool et la drogue. Elle s'était donc occupée de toutes les formalités, et Max avait pu se trouver entre de bonnes mains, pour un certain temps du moins. Je m'étais dit que là-bas il pourrait bénéficier d'un toit, d'un soutien psychologique, de toute l'aide dont il aurait besoin afin qu'il puisse mener une vie stable et sans histoires.

Cette décision avait été très difficile à prendre, mais j'avais pris conscience que Max avait besoin de s'éloigner de moi. Je devais le quitter pour son bien et le laisser entre les mains de personnes bien plus compétentes que moi.

Je lui ai dis au revoir alors qu'il était toujours dans le coma. Je lui dis que je l'aimais et que j'étais désolé pour tout ce qu'il s'était passé. Puis je partis, le cœur lourd et les larmes pleins les yeux.

Ce jour là fut la dernière fois que je parlai à Max, mon fils




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