38 PORTE D'ORLEANS

mazdak-vafaei-shalmani

Quatre voyageurs se pressent toujours dans un bus vide qui ne porte pas de nom, mais que l’on désigne au moyen d’un numéro et d’un terminus, 38 Porte d’Orléans. Peut-être que la folie des statistiques, le poids  de l’économie, et l’ère du numérique, ont fini par transformer les pauvres animaux que nous étions, ces pauvres bêtes en quête d’une âme, en mammifères obèses, reconnaissables à la marque de notre voiture, de notre portable, ou de notre pseudonyme sur internet. Jamais les citadins n’ont été aussi anonymes, jamais ils n’ont été autant des étrangers les uns pour les autres, pourtant nous nous déplaçons comme une tribu, une meute qui dévalise une ville pleine de lumière et la laisse sombrer dans l’obscurité, mais nous marchons toujours seul même si  nous somme entourés des autres,  nous ne regardons dans la foule qui nous étouffe que les visages sans vie des gens qui comme nous observent le vide, bercés par le vacarme assourdissant de la ville, une douce musique que l’on écoute mais que l’on entend pas.

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