4-Jenny ou l'Impensable Réchauffement

Christian

Enquête : "...j'ai pour principe de respecter la liberté de chacun de pouvoir mener sa vie comme il l'entend !

 Enquête.

 Un long bourdonnement persistant lui vrille la tête.

 Le portable de Ralph le sort violemment de sa nuit sans rêve. il décroche par pur réflexe.

— Vous êtes bien Ralph Hunter, le directeur de thèse de Mlle Jenny Stoe ?


La question achève de le réveiller pour de bon.

— Oui ! C'est pourquoi ?

— Sergent Aston ! Pourriez vous passer au bureau de Police situé à coté de l'hôpital pour prendre votre déposition.

— A quelle heure ? Là vous venez de me réveiller ! Voyez-vous !

— 11h30,  fin de matinée cela vous conviendrait ?

— Parfait j'aurai peut-être les idées plus claires, la journée d'hier a été éprouvante !

— Je me doute !

Ralph se demande quelles questions ce sergent va pouvoir lui poser. En tous cas il n'a pas l'intention de lui parler des éléments communiqués par Jenny pour les calculs sur Deep Blue.

Machinalement Ralph se verse un café, mais dès qu'il le porte à ses lèvres un haut le cœur lui soulève l'estomac, il a bien peur que le visage mortuaire de Jenny ne soit définitivement associé au café.

Après avoir pris une bonne douche et s'être rasé, Ralph espère qu'il aura meilleure figure que hier matin.

Arrivé au poste de police, il est prié patienter sur une chaise avec le public qui attend pour les dépôts de plainte.

La porte au fond du couloir s'ouvre et un homme en uniforme se dirige vers lui


— Professeur, je me présente Sergent Aston, suivez-moi.

Le bureau du sergent est minuscule, il s'installe devant son ordinateur portable.

— J'ai reçu le PV d'identification que vous avez signé hier à la morgue, je vous remercie d'avoir été réactif cela va nous permettre de clôturer rapidement ce dossier.

— A part hier matin, évidemment, pouvez-vous me préciser la dernière fois où vous avez vu Jenny Stoe.

— Oui bien sûr dans mon bureau avant hier vers 14h30, elle était venue me demander conseil pour avancer plus concrètement sur sa thèse. Elle devait revenir lendemain matin pour me présenter de nouvelles idées et façon de procéder.

Pour tout vous dire je l'attendais quand j'ai vu l'image sur le Daily de Dublin, vous m'avez appelé dans la foulée.

— Une simple précision, elle avait toujours ce look de "Punkette".

— Oui, toujours ! A mon grand désespoir, c'était une belle fille, je n'ai jamais compris pourquoi elle s'enlaidissait, mais j'ai pour principe de respecter la liberté de chacun de pouvoir mener sa vie comme il l'entend.

— Vous n'avez aucune idée de lieux ou d'endroits où elle avait l'habitude de se rendre.

— Elle fréquentait beaucoup les bars, je pense que beaucoup d'étudiants pourront vous le confirmer, elle ne passait pas inaperçue, vous vous en doutez.

— Vous m'avez indiqué qu'elle devait revenir vous présenter de nouvelles choses le lendemain matin, mais c'est quoi la thèse qu'elle poursuivait.

— Une étude sociologique comparée sur les UFOS dans le monde occidental.

— Je ne pensais pas que l'Université s'intéressait à ces sujets de tabloïd.

— L'université accueille tous les projets des étudiants, sergent Aston, mon travail de directeur de recherche consiste à vérifier régulièrement qu'une méthodologie scientifique est bien respectée et mise en œuvre dans les travaux des étudiants.

— Vous ne lui connaissiez pas d'inimité particulière au sein de l'Université ?

— Franchement j'ai du mal à répondre à votre question, et je ne pense pas que son  look si particulier ait soulevé un quelconque problème ici.

— Bon je résume Jenny Stoe avait Rendez-vous dans votre bureau avant-hier vers 14h30, elle l'a quitté vers ?

— 15h30 environ !

— et vous l'attendiez hier matin pour un nouveau Rendez-vous !

— Exactement ! 

— Professeur, je vous remercie pour vos informations.

— Une question Sergent Aston, elle a bien été assassinée ?

— A ce stade on ne sait rien, mais cela s'apparente à une risque avec un SDF ou un drogué, une bagarre qui dégénère en accident et un taré qui voulait maquiller tout ça en suicide.

— C'est sordide !

— C'est plus courant que vous ne pouvez vous l'imaginer, Professeur.

— Vous pensez prévenir sa famille ?

— Si on la retrouve !

Ralph se retient de lui dire qu'il a une piste, ce serait dévoiler l'utilisation de Deep Blue non autorisé, et puis la police a bien les moyens de retrouver la trace de sa famille, Jenny n'était pas SDF.

— Sinon ?

— Elle sera incinérée et les cendres répandus au Jardin des souvenirs au cimetière de Dublin, comme bien souvent dans des cas comme celui-ci.

— Mais il va y avoir une enquête pour meurtre, non ?

— Si on retrouve des traces d'ADN identifiable sur la victime, peut-être, sinon j'ai bien peur que tout s'arrête, faute de preuves.

— ça fait froid dans le dos quand même de savoir que des tueurs sont en liberté et peuvent de nouveau s'en prendre à des personnes dans la rue. 

— La police arrête tous les jours des violeurs, des assassins, cela demande parfois des semaines des mois et encore quand des associations d'aide aux victimes ou famille se mobilisent.

— Tenez moi informé de la suite, Sergent. Je souhaiterai rendre un dernier hommage à Jenny, si il y a une cérémonie d'organisée par des proches.

— Je le note dans le PV, comme ça je suis certain que ça suivra même si je  ne suis plus sur le dossier.

 

Dossier, dossier ! Ralph ne comprend pas que l'on puisse raisonner ainsi pour un être humain.



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