5 A.M
Julia Nast
Il était cinq heures du matin, au plus tard, le premier jour du reste de ma vie.
Mon corps semblait démantelé par le manque de sommeil, comme la vieille couverture en lambeaux qui reposait là. Blottie à mes côtés, une fille aux yeux charbonneux dormait et transpirait de khôl et d'alcool. Des corps étrangers et amis, inertes presque morts, étaient posés là comme surpris par l'engourdissement de leur corps, à la dérive du sommeil.
Le salon était presque désert, plongé dans une pénombre morbide contrastant vivement avec l'ambiance électrique de lumières épileptiques et de musique abrutissante qui occupait les lieux quelques heures plus tôt. Il n'y avait plus que de timides bruits de grincements de portes et là encore un être recroquevillé sur lui même avalé par un fauteuil.
Je devinais un soleil levant par quelques rayons que les rideaux mi-clos laissaient échapper. Je tentais, maladroitement, de me frayer un chemin vers la sortie.
Je trouvais une cigarette et un briquet au milieu des débris.Un timide rayon de soleil révéla le nuage de fumée. J'ouvrais la porte qui donnait sur la cour et me glissa au dehors.
L'air frais matinal se donnait des grands airs de pureté, j'en pris une grande bouffée.
Il faisait froid, un froid aigu, mais le soleil m'enveloppait de son incandescence. J'étais seule à ciel ouvert et le soleil n'embrassait que moi. Quelques étoiles pétillaient encore autour d'une fine tranche de lune pastel dans une symphonie de lumière. Le silence religieux n'était brisé que par le chant des oiseaux.
J'aurai dû vous quitter cette nuit, quand tout n'était que sordide. Cette beauté me submergea, c'en était presque trop d'ordinaire étourdissant. Et le pire arriva, le doute m'envahit.