6. Les riches heures du contrôleur Franck di Nero

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Episode 6 : Dans lequel Franck navigue au près serré

La pression du lobby écologique des actionnaires du groupe Bracowicz a contraint son fondateur, Edouard, à prendre des mesures drastiques ; en particulier dans le domaine des déplacements des collaborateurs.

C’est ainsi que Franck di Nero en mission très spéciale au départ de Saint-Malo doit emprunter un cargo à voile, la vapeur est désormais proscrite, pour se rendre sur l’île St. Mary’s dans l’archipel des Scilly, à quelques 30 miles dans le sud-ouest de la Cornouaille, afin de rencontrer Sir J. Kermuc’h, banquier du groupe.

Le Sea’One fait partie de la flotte de cargos rachetée par le groupe Bracowicz qui écumaient les océans du globe à la recherche de nouveaux projets de gestion : la crise et l’écologie avaient ouvert à cette flotte les bras accueillants d’Edouard qui avait ainsi récupéré des fleurons parfaitement équipés pour effectuer le support des logiciels du groupe partout dans le monde.

Les amarres sont larguées au petit matin sur ordre du capitaine Brindjam, commandant le Sea’One : L’almanach du marin breton indique que les courants sont porteurs pendant les premières heures de navigation.

Franck regagne sa cabine et se connecte au système de gestion Sage 100 i7. Grâce à la technologie SET(*), une simple connexion internet lui suffit pour accéder aux dernières données en temps réel. Les statistiques ainsi récupérées vont lui être très utile dans sa négociation avec le banquier.

Mais la pétole interrompt l’avancée du navire ; les voiles se sont dégonflées et les forts courants font dériver le Sea’One vers l’archipel des Minquiers, à quelques nautiques dans l’est du navire. Cet archipel de roches affleurantes est un fléau pour la navigation ; les pratiques du secteur prennent garde de s’approcher de ce vaste cimetière marin.

Faute de vent, les courants continuent d’entraîner le cargo vers la zone dangereuse. Le brouillard est tombé et la proue à peine visible depuis le poste de navigation. Le capitaine n’a d’autre alternative : soit mouiller en attendant la renverse, soit lancer les turbines dont l’énergie provient des panneaux solaires installés sur le pont du bateau.

Les plaintes lancinantes des cornes de brume troublent au loin le silence oppressant de leur langueur monotone. La décision du capitaine Brindjam ne tarde pas et bientôt, le rassurant ronronnement des moteurs électriques éloigne le cargo du danger.

Vers 12 heures, un agréable vent d’une vingtaine de nœuds fermement établi au NE vient soutenir la route du cargo qui file toutes voiles dessus vers les îles Scilly.

Le franchissement du rail et de sa cohorte de navires descendant et remontant est effectué sans encombre.

Abordant l’île St. Mary’s en fin d’après-midi, le Sea’One mouille dans l’anse du port principal. Peu après, le  canot de la banque s’approche du cargo, et vient se mettre à couple, mu par une main experte qui godille régulièrement. L’assistante de Sir J. Kermuc’h, Ava O’Gardner grimpe prestement l’échelle de corde et saute à bord du cargo. Franck a du mal à cacher son émotion face au charme de l’assistante.

Celle-ci l’invite à bord de l’étroit canot, et serrés l’un contre l’autre, ils progressent – trop vite - vers le môle pour rejoindre The Scillonian Club où va se tenir leur réunion préparatoire.

La longue soirée qui se profile est l’occasion pour Ava d’expliquer dans le détail les chiffres catastrophiques de la banque, ses participations malheureuses, les spéculations hasardeuses de  Sir J. Kermuc’h. Lorsqu’au petit matin, Ava confie la godille de son canot à Franck, les derniers aveux d’Ava ont éclairé Franck : Le groupe comblera le trou, Ava sera promue et Sir J. profitera d’une retraite anticipée.

A suivre ...

(*) : Sage Extended Technology

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