6 - Premier survol de la Terre

Christian

Chapitre 6 : "Premier survol de la Terre" Leaurélia & les Gardiennes de la Vie. Biosphère Terre, dernier espoir.

Deux navettes en forme de disques quittent la face cachée de la Lune où les vaisseaux Leauréliens ont établi leur base d'observation.

L'une, « Stéolipe », est pilotée par Réan et l'autre, « Plimule », par son père, Réa, accompagnée de Lou.

Réa choisit de progresser en douceur pour aborder la planète.

Cela leur laisse le temps d'admirer le panorama qui s'offre à leurs yeux, mais aussi de pouvoir éviter les nombreux objets « pampultars » mis en orbite par les êtres qui peuplent cette planète.

Réa et son équipage ont mis la nuit à profit. Cela leur a permis de repérer cette multitude d'objets « pampultars » en orbite et de localiser leurs positions.

 

Le soleil jaune inonde de lumière, celle que tous nomment, « Sœur de Leaurélia ».

Lou, à bord de « Plimule », est fascinée, presque hypnotisée, par cette lumière tellement différente de l'astre rouge qui a donné naissance à leur planète, Leaurélia.

 

La sphère bleue et blanche qui tourne lentement sous leurs yeux, s'approche.

Pour la première fois de leur existence, les Leauréliens vont plonger dans l'atmosphère d'une planète vivante qui pourrait être leur Leaurélia.

La ressemblance, à cette distance, est encore frappante.

Le mystère d'une vie qui se reproduit presque à l'identique, à quelques années lumières seulement de leur lieu d'origine, plonge Lou dans le plus profond des respects pour toutes ces vies qui émergent ainsi dans tout le cosmos.

 

— Nous allons approcher la zone orbitale des satellites artificiels, il y en a des milliers. J'espère que nous n'en accrocherons pas un par accident, s'inquiète Réa.

 

— L'atmosphère de la planète est plus riche en oxygène que la nôtre, mais nous pourrions éventuellement la respirer. Par contre son air est bien plus sec que sur Leaurélia, il nous faudrait nous asperger d'eau en permanence. Ce soleil nous brulerait la peau.

 

Lou, n'écoute déjà plus les explications fournies par son compagnon.

Tous ses sens de Gardienne de la Vie sont désormais branchés avec la planète.

Elle lui apparait immense, Leaurélia est plus petite, mais la gravitation n'est guère plus importante, d'après les instruments de bord. Elle doit pouvoir y marcher sans trop d'effort.

Lou ressent, maintenant, la présence de l'attraction lunaire qui s'exerce sur les gigantesques masses d'eau qu'ils survolent.

Leaurélia, depuis le départ de leur soleil rouge, ne connait plus ces grandes marées gravitationnelles, qui étaient provoquées par la visite régulière d'un compagnon géant.

 

Lou ressent une angoisse sourde bien au-delà du spectacle magique de la planète qui s'affiche sous leurs yeux,  . Le Soleil Jaune étincèle sur tous les nuages et les océans. Il se reflète aussi de façon extraordinaire sur la Lune.

Celle-ci commence de disparaitre à l'horizon courbe de l'océan qui défile sous leur navette.

Une inquiétude continue de tenailler Lou, comme si quelque chose ne correspond pas à l'éclat qui enchante ses yeux.

C'est Réan, de « Stéolipe », qui attire leur attention.

 

— Père ! Regardez ces panaches de fumées qui s'élèvent de ces terres, sur votre gauche, là où se couche la Lune.

 

Une vision terrifiante, un véritable désastre, s'offre à leurs yeux. Sur des centaines de kilomètres, un feu brulant dévore une immense forêt.

Lou, avec sa sensibilité de Gardienne de la Vie, comprend qu'il se déroule un phénomène anormal, même si elle ne connait encore rien de cette planète et de ses réactions.

— Réa, approchons nous.  Je veux étudier, ce phénomène. Sur Leaurélia cet incendie serait une catastrophe planétaire.

 

Les deux navettes s'approchent du front des flammes qui court ainsi sur plus de 800 km. Toute la vie végétale est dévorée par les flammes.

Les Leauréliens peuvent apercevoir les oiseaux qui s'envolent par millions, ainsi que toute la faune animale prise au piège du feu dévastateur.

A plusieurs reprises, ils visualisent nettement des engins qui broient les troncs calcinés tout en éventrant la terre brulée. Ils aperçoivent également, les habitants, qu'ils ont reconnu grâce aux images du disque découvert dans l'espace. Ceux-ci s'acharnent à incendier les quelques parcelles de forêts qui ont échappé au feu géant.

 

Des larmes perlent des yeux de Lou. Elle ne peut les retenir.

Assister ainsi, dans une totale impuissance, à la disparition de milliards de vies que l'évolution de cette planète a certainement mis des milliers voir des millions d'années à faire émerger, laisse monter, dans son cœur, pour la première fois pour une Gardienne de la Vie, un inquiétant désespoir.

Elle n'est pas préparée à un tel sentiment.

L'enthousiasme, qui a précédé la découverte s'évapore à la vitesse de cette fournaise qui dévore toute vie sur son passage.

Ces êtres sont incompréhensibles, dit Réan. Ils brulent des millions de tonnes de bois pour replanter d'autres arbres.

Détruire pour refaire je ne saisis pas non plus la logique confirme Réa.

Lou vient d'avoir la brulante confirmation de l'angoisse qui la tenaillait.

 

— Réa, poussons plus loin, notre expédition, la planète ne brule quand même pas partout, se voulant rassurante, pour elle-même.

 

Ils dépassent, en prenant à nouveau de l'altitude, cette immense forêt. Elle borde un gigantesque désert de pierres et de sables.

Pour eux c'est une découverte, car les déserts de sable n'existent pas sur Leaurélia.

Peut-on vivre dans ce désert minéral ?

Ils décident de le vérifier.

Lou les dirige sur des points verts, où pense-t-elle, doit se trouver de l'eau.

Ils y trouvent à nouveau des habitants et sont surpris de voir certains de ceux-ci quitter ces points de verdure en direction du désert, accompagnés de centaines d'animaux de grandes tailles.

Ils en retrouvent d'autres, grâce aux détecteurs infrarouges, au milieu du désert.

 

— Réa, je me demande comment ils peuvent faire de si longs voyages à pied dans ce désert sans eau, avec tous ces animaux,, nous qui ne pouvons imaginer une telle sécheresse sur Leaurélia.

 

— Réa, continuons plus haut, ce désert semble bordé par un petite mer.

Réan l'appelle de l'autre navette.

— Lou, je viens découvrir d'autres points de chaleurs en plein désert, mais là je ne comprends pas. Il n'y a pas d'arbres !

 

— Allons voir, Réan. Guide nous, puisque tu as repéré ces points de chaleur.

 

Encore une fois les Leauréliens découvrent un paysage étonnant pour eux.

Au milieu du sable et des rochers, des tuyaux, des torchères, allumées par dizaines, brulent en permanence.

 

— Mais que peuvent-ils brûler, il n'y a rien ici ! demande Réan.

 

— Mon intuition de Gardienne de la Vie me dit qu'ils brûlent le sang de leur planète. Suivons ces tuyaux qui filent dans le désert,

 

Après plusieurs centaines de kilomètres les tuyaux s'arrêtent au bord du petit océan qu'ils ont identifié.

En voyant l'usine de traitement, les bateaux immenses, aussi longs que leurs vaisseaux spatiaux, Lou comprend, alors, que le contenu de ces tuyaux est en fait un carburant.

Il alimente, en le brulant, leurs engins qui labourent les forêts, les bateaux qui transportent ce même carburant, les avions qu'ils ont croisé dans le ciel, les fusées qui ont envoyé des milliers de satellites autour de leur planète, ainsi que « l'Appareil Spatial » à l'origine de cette expédition.

 

— Au point où nous en sommes, Réa, essayons de voir ce qu'ils font avec ce carburant extrait des profondeurs de leur planète.

 

— Lou je vous propose de survoler de grandes concentrations de populations que nous avons repéré cette nuit, grâce aux éclairages nocturnes.

 

— Pourquoi, Réa ? Ils vivent la nuit ?

 

— Je ne sais pas, Lou, mais il y a des éclairages sur des milliers de km.

Lou, de sa navette « Plimule », peut constater que ces êtres ne vivent certainement pas que la nuit.

Des millions de ces êtres habitent, cette fois, non dans le désert, mais dans un environnement minéral qu'ils construisent eux-mêmes, recouvrant des milliers de km2 de verdures ou de forêts.

Visiblement, ils circulent seuls ou en groupe dans des véhicules métalliques, qui roulent sur des rubans noirs qui traversent les espaces encore verts et leur environnement minéral.

 

— Réa avait peut-être raison en plaisantant sur la dentition des ces êtres, se dit Lou en elle même.

Ils dévorent tout ce qu'ils trouvent sur leur passage.

 

— Line tu vois comme moi cette planète, Je ne peux pas croire qu'elle ait donné vie à des êtres, apparemment doués d'intelligence spatiale, pour les laisser brûler ainsi tout ce qu'ils touchent, cela n'a aucun sens !

— Lou, Je suis d'accord avec toi, Line vient de la rejoindre dans ses pensées, avec son interface bionique.

 

— Il faut absolument chercher à comprendre leur langage.

 

— Nous aurons ainsi peut-être des réponses à toutes ces destructions massives de vies que nous avons vu à l'œuvre.

 

— Je te rejoins ma sœur, je vais demander à Réa et son fils de recueillir le maximum d'enregistrements des flots d'émissions électromagnétiques qui sont émis de partout sur cette planète.

 

— Il ne faut pas se cantonner au rayon du désespoir, sinon, cela pourrait devenir contagieux.

 

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