7 janvier 2015.

Camille Salmon

A Charlie.

Aujourd'hui.

Il a bien fallu vivre. Au Sénat, j'ai vu une maquilleuse s'énerver contre son sac à main. La clé de sa loge s'était planquée dans la doublure. Elle me demandait assistance, conseil et compassion, le tout avec humour s'il-vous-plait. J'ai toujours aimé et favorisé ce genre d'interaction avec des inconnus. Là, j'en avais rien à foutre. Ma Terre s'était arrêtée de tourner depuis 11 heures, pas la sienne et je ne comprenais pas.

Une fois dans sa p….n de loge, elle a appelé la MAIF. 20 minutes de musique d'attente sur haut parleur, la chanson-soupe « True colors » en boucle, pour finalement chialer auprès de son conseiller sur son « SINISTRE », dossier-dégât-des-eaux qui traînait en longueur.

Elle avait ses petites préoccupations à régler, et je ne comprenais pas.

Toujours au Sénat. Une autre dame est passée devant moi. Quelque chose est tombé de son sac, je le lui ai signalé. « Oh, merci ce sont mes chaussettes sales ! Hihihi. » J'ai toujours aimé et favorisé ce genre d'interaction avec des inconnus. Là, j'en avais rien à foutre. Ma Terre s'était arrêtée de tourner depuis 11 heures, pas la sienne et je ne comprenais pas.

Des gens, dans la rue, se souhaitaient « Bonne année ». « BONNE – ANNEE ».

Dans le forum des Halles, d'autres sortaient des magasins chargés de leurs sacs du premier jour des SOLDES. 

Leur Terre tournait toujours comme la veille et je ne comprenais pas.

Je n'ai accordé sourire, « Bonne année », humour et mutisme amoindri qu'aux deux enfants dont je m'occupais. Leur Terre doit continuer de tourner. Joliment. En dansant. Sans peur ; sans haine. Sans se tromper de débat.

 Libre.

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