7-Jenny ou l'Impensable Réchauffement

Christian

Cauchemar
 
— Hey Ralph, tu vas enfin sortir de ta tanière viens boire une pinte au "UFO'S BAR"
— Jenny mais qu'est ce que tu fais là ?
— Tout pour que tu ne m'oublies pas, tu vois !
 
Jenny avec d'énormes percing dans le nez n'était pas loin de ressembler à un veau sortant de l'étable.
Ralph étendu sur son lit les yeux grands ouverts, transpire à grosses gouttes.
 
— Ralph, tu as vu mon travail tu sais désormais que les UFOS ne sont pas des bobards, alors je t'en prie fait vite ! Le monde est en danger, il n'y a que toi pour le faire savoir. Je t'en supplie prends aussi garde à toi, la vérité est brûlante, beaucoup veulent l'éteindre, pour continuer leur business, ils n'ont rien à secouer de la disparition du monde, ce sont des diables.
 
Sur ces paroles des flammes viennent entourer Jenny hurlant :
 
— Je t'en prie fais vite, je n'ai que toi Ralph, le monde doit savoir !
 
Ralph se relève d'un coup complètement en sueur, il sent encore la chaleur des flammes dévorant le visage de Jenny, il se souvient de toutes les paroles de Jenny, il s'en souviendra toute sa vie !
 
Après ce cauchemar plus réel que la réalité, mais la mort de Jenny dans d'atroces souffrances n'était-elle pas déjà le plus grand des cauchemars, Ralph ne peut retourner se coucher.
 
Comme tout lui tourne encore dans la tête, il se rend à son bureau d'où il peut, de chez lui, se connecter à distance aux données de son poste de travail.
 
— Si le cauchemar est aussi réel qu'il en à l'air, autant le vérifier tout de suite, dit-il tout haut en superposant les courbes de Jenny aux siennes.
 
Ralph se concentre sur le démarrage des courbes. Au départ, chez les siennes, comme chez celles de Jenny tout est plat, rien n'est réellement significatif jusque dans les années 45. Puis soudain un pic et plusieurs pic les années suivantes et les courbes s'envolent chez lui comme chez Jenny.
 
Ralph clique sur le premier Pic significatif "1947" apparition du terme "Flying Saucer" dans les médias suite à l'observation de Kenneth Arnold dans le Manitoba.
Il regarde sur sa courbe également, augmentation dès cette année et encore plus flagrant les suivantes, de la production de pétrole aux USA et construction de nombreuses raffineries.
 
Ralph s'aperçoit très vite que les données de Jenny sont particulièrement détaillées : date et heure d'observation bien sûr, mais aussi âge et fonction sociale de l'observateur, durée de l'observation, condition de celle-ci, à qui a été rapporté l'observation, médias ou administration officielle, vitesse et couleur estimée etc..
 
Il se rend compte que les siennes sur la production de pétrole et sur la consommation sont particulièrement pauvres, elles ne font que reprendre une compilation de données statistiques. Il est donc incapable à une date donnée sur les USA par exemple de savoir si l'augmentation de la production de pétrole est issue de l'augmentation des forages ou l'augmentation de la productivité de ceux existants. Au départ il ignore totalement à quoi cette augmentation de production aux USA répondait (croissance économique importante, commande d'état, donc de l'armée, etc…), il ne sait pas quels étaient les investisseurs du pétrole, le rôle des banques, de l'état…
 
Grâce au cauchemar de Jenny et son appel à l'aide il vient de réaliser qu'il doit revoir toute la présentation prévue pour le Giec, il doit blinder absolument ses sources et références, il va mettre en cause la responsabilité des états notamment celles des USA et il doit le prouver.
Les courbes de Jenny vont lui être d'un grand secours, il a l'intuition qu'il doit se concentrer sur tous les points où les courbes convergent presque à 100%, comme il vient de le faire pour la première observation "médiatique" UFO.
 
Le lendemain à l'heure où normalement les employés, les professeurs, les étudiants commencent leur journée, Ralph a déjà pointé, une longue liste d'informations qu'il doit collecter, résultat de plusieurs heures de travail. Inconsciemment Ralph vient d'obéir à Jenny "Fais vite".
 
8h15, Ralph devant son thé fumant, il adésormais banni le café,  compose son premier numéro. Il ne le fait pas au hasard. Son coach, au baseball, Ronald, quand il était dans l'équipe des Warriors de Boston pendant son année de stage aux USA, bossait dans la prospection des pétroles chez Texaco.
 
— J'espère qu'il a conservé son numéro de mobile, depuis toutes ces années, prie Ralph en le composant. Bingo se dit-il, ça sonne !
— Hey Ronald, bonjour c'est Ralph de Dublin !
— Enchanté qui êtes-vous ? Lui répond une voie féminine
— Oh désolé, j'ai du faire une erreur de numéro !
— Non, non vous êtes sur le mobile de Ronald, mais qui dois-je lui annoncer ?
— Ralph je suis professeur à Dublin mais pendant mon stage à Boston Ronald était mon coach au Base-ball et je n'ai plus que ce numéro pour le contacter.
— Restez en ligne, Ralph, je vais chercher mon époux.
 
Interloqué mais soulagé Ralph patiente.
 
— Hey Ralph, ce n'est pas possible, je ne voulais pas croire Sue, ma femme !
— Bonjour Ronald quel bonheur d'entendre ta voix, elle n'a pas changé depuis les entraînements de Base-ball, heureusement que tu as conservé ton numéro.
— Oh j'en ai changé depuis et j'ai donné ma ligne à mon épouse, comme tu le vois, ça permet à d'anciennes connaissances de me retrouver. Mais dis-moi comment vas-tu depuis tout ce temps.
— Après mon stage j'ai continué à gravir les échelons à l'Université de Dublin je suis Ingénieur Chercheur météorologue et j'interviens aussi pour le GIEC.
— Bravo beau parcours.
— Et toi, toujours chez Texaco ?
— Non, tu sais dans le Business tout va très vite, mais je suis toujours dans le Pétrole chez British Petroleum, en charge des investissements de production.
— Parfait alors tu es peut-être l'homme que je recherche !
— En quoi puis-je t'être utile, Ralph ?
— Pour mes études climatiques je travaille aussi sur le pétrole, j'ai des tonnes de chiffre comme tu peux t'en douter, mais en fait dans le concret je connais rien sur le pétrole, comment ça a débuté, pourquoi ça s'est développé aussi vite, quels sont les acteurs, comment ça marche aujourd'hui enfin plein de choses quoi. Je me suis dit que tu pourrais peut-être éclairer ma lanterne !
— Avec du pétrole ?
— Pourquoi pas !
— Bon écoute je serai sur Londres dans une semaine pour signer d'importants accords avec des banques, je vais voir si je peux dégager un créneau, on se fait un resto et on déjeune tranquille. Tu peux venir à Londres ?
— Merci Ronald, vraiment c'est très sympa de ta part.
— Je te fais un texto pour confirmer la date et l'heure.
— Parfait et donne le bonjour à Sue !
— Thank's à bientôt !
 
Ralph note très vite de ne bloquer aucun RV semaine prochaine en attente de confirmation du repas.
 
Son deuxième appel est pour son cousin, Thomas Herber, entré très jeune dans l'armée, il est désormais commandant dans les services de renseignement de la Royal Air Force.
Comme la question qu'il compte lui poser est assez confidentielle, il essaie de le joindre sur son portable perso bien qu'il ait son contact direct à l'Armée.
 
C'est le répondeur de Thomas qui l'accueille.
 
— Bonjour Thomas, c'est Ralph, si tu pouvais me rappeler quand tu auras un moment de libre, merci et bonne journée.
 
Ralph se décide à sortir pour aller un prendre un solide déjeuner au Pub près de chez lui, après la nuit qu'il vient de passer il a un grand besoin de faire le plein d'énergie.
A peine a-t-il attaqué ses œufs brouillés au bacon que son portable vibre.
 
— Hey cousin ! Comment vas-tu ? Tu es bien matinal dis donc !
— Super Thomas merci de rappeler aussi vite, je pensais que tu étais peut-être en mission.
— Non pas aujourd'hui ! Je suis même de repos pour une fois. Je suis à Dublin, j'ai fait un saut chez ma mère.
— Tu es à Dublin, dis moi on pourrait se voir, si tu as un moment bien sur !
— Oui sans problème, Ralph. Mais tu voulais que je te rappelle tu as besoin de quelque chose.
— Surtout de toi en fait !!
— ??
— En fin de tes compétences, j'ai eu communication d'informations défenses dites confidentielles, j'aimerai avoir ton avis, pour savoir si je n'ai pas été mené en bateau, surtout que c'est sur un sujet que je ne connais pas du tout.
— Ah bon ! Et ça concerne quoi ?
— Je t'en parlerai de vive voix. Il serait possible que tu passes à mon bureau à l'Université en début d'après-midi.
— Parfait je suis chez Mum, je la laisserai faire du shopping en Centre Ville et je la récupérerai après notre RV.
— Merci encore Thomas, je t'attends vers 14h30.
 
Un sourire éclaire le visage de Ralph !
 
— Tu vois je fais vite Jenny ! (c'est la pensée qui vite de traverser l'esprit de Ralph)
 
 
Ralph ne sait pas si son cousin pourra lui apporter des lumières sur les UFOS surtout ceux classés secret défense par l'Armée américaine, mais il est la seule porte d'entrée rapide et surtout fiable qu'il peut mobiliser aussi rapidement.
 
Thomas n'a pas croisé Ralph depuis deux ou trois ans, il ne sait plus. Il s'est donc renseigné sur son cousin et découvre qu'il est devenu le référent pour l'Irlande dans l'Organisation mondiale du Giec. Il est donc assez surpris de constater que les bureaux de Ralph soient perdus à l'extrémité d'une aile d'un petit bâtiment de l'Université.
 
Après avoir parcouru un long couloir, il frappe à sa porte.
 
— Entre, Thomas, merci de faire un détour ainsi à brûle pour point
— Je serai passé te voir, Mum m'aurait arraché les yeux si je ne t'avais pas rencontré.
Elle est très susceptible depuis la le décès de Papa. Mais dis moi en quoi puis-je t'apporté mes lumières ?
— J'ai reçu, bien involontairement des informations dites " Classées Défense " par l'intermédiaire d'une étudiante dont je suivais une thèse portant sur les UFOS. Je ne savais pas en fait que l'Armée s'intéressait à ce sujet.
— Le sujet ne me concerne pas directement mais effectivement l'Armée Britannique à une époque s'est penchée sérieusement sur le sujet et certains documents datant de la "Guerre Froide ont été déclassifié.
— Donc il y réellement eu des rapports officiels sur le sujet ?
— A une époque le sujet était brûlant, tu sais qu'on n'était passé pas loin d'une guerre nucléaire avec les Russes et les américains demandaient aux membres de l'Otan toutes les informations sur le sujet.
— Donc il n'a pas eu qu'aux USA que phénomène UFO était représenté.
— Non et on a su également grâce aux services de renseignements que des observations avaient aussi lieu de l'autre côté du rideau de Fer.
— Sans indiscrétion bien sûr, de nos jours le phénomène est-il toujours suivi par l'armée.
— Officiellement non !
— Tu sous entend donc qu'officieusement l'Armée garde toujours un œil dessus ?
— Oui bien sûr, d'abord pour veiller que rien n'interfère avec la circulation aérienne et ensuite pour surveiller les groupements d'Ufologie au cas cela dégénérerait en dérives sectaires.
— Toujours à la demande des USA ?
— le Royaume Uni est dans l'Otan, donc tout ce qui concerne l'espace aérien les concerne directement.
— C'est assez étonnant, je pensais la thèse de mon étudiante sur le phénomène UFO assez loufoque, au vu de l'image que l'on a des "soucoupes volantes et des petits hommes verts", mais finalement d'après ce que tu me dis, elle ne l'apparaît pas tant que ça.
— Oui effectivement les UFOS ont maintenant une image assez sulfureuse en devant en partie un mythe moderne, il lui fallait du cran à ton étudiante pour se lancer sur un sujet pareil. Cela m'intéresserait de la rencontrer.
— Je te l'aurai volontiers présenté mais ce n'est plus possible.
— Pourquoi elle est partie ?
— Non elle est décédée, elle a été assassinée !
— Assassinée ? Mais pourquoi
— Un meurtre sordide, d'après la police !
— Ralph tu gardes ça pour toi, peut-être que le meurtre de ton étudiante n'a rien à voir, mais j'ai eu l'écho d'au moins deux ou trois décès de personnes s'intéressant aux UFOS.
— Il y a longtemps ?
— Cela remonte à quelques années maintenant, je n'en ai pas eu connaissance récemment.
— Il est dommage que cette étudiante ne soit plus de ce monde sa thèse d'un point de vue sociologique me semblait intéressante et s'appuyait, tu viens de me le confirmer, sur une certaine réalité.
— Cette étudiante avait avancé sur sa thèse.
— Si elle avait avancé, son travail est parti en fumée, elle a été incinérée il y a une semaine à la demande de la justice. L'affaire a été classée, ils n'ont pas retrouvé de famille directe. Pour moi c'est un peu comme un UFO qui a traversé l'Université, des observations, mais pas de traces. (Ralph n'avait pas envie e tout dévoiler à son cousin)
— Ah oui je comprends tu as du être secoué après sa disparition !
— Surtout que la police est venu me chercher pour identifier son cadavre, si elle n'avait pas eu ma carte de visite sur elle, peut-être que je n'aurai jamais su ce qu'elle serait devenue.
— Un conseil Ralph, je sais que ce n'est pas facile mais essaie d'oublier ce triste événement !
— Tu as raison Thomas surtout que j'ai une masse phénoménale de travail pour le Giec et tout ça m'a bien perturbé. Merci quand même d'être passé c'est vraiment très sympa.
 
Ralph raccompagne son cousin, mais sa visite n'a fait qu'aiguiser encore plus sa curiosité.
 
Un phénomène relégué au rang de mythe, mais quand même sous surveillance officieuse de l'armée et de l'Otan en plus, des meurtres dans le milieu de l'Ufologie dont Ralph en connaît au moins deux Jenny et son père.
Et surtout cette corrélation des plus intrigantes entre les courbes du phénomène étudié par Jenny et celles du pétrole liée à l'accroissement du CO2 dans l'atmosphère.
 
De retour à Londres, Thomas Herber, légèrement intrigué par l'histoire de son cousin Ralph, et aussi par déformation professionnelle, chercha immédiatement à vérifier son histoire.
Jenny, étudiante à l'Université, il n'eut aucun mal a retrouvé son identité, Stoe. Une rapide recherche en filiation lui révéla également le décès de son père, il y a 15 ans et celui de sa mère presque à la naissance.
Quand il s'aperçut que le père de Jenny avait fondé une société savante autour de l'Ufologie, "ufoscience", la thèse de celle-ci ne devenait plus une coïncidence mais une suite logique. Par contre le décès du père et de la fille comportait suffisamment de zones d'ombres pour eux aussi ne pas relever de la pure coïncidence ou malédiction familiale.
Une collision avait précipité la voiture du père de Jenny dans un ravin, mais la voiture qui avait engendré la sortie de route ne fut jamais retrouvée, aucuns des autres automobilistes n'avaient pu relever de plaques permettant de l'identifier.
Délit de fuite, enquête bâclée à la vite, comme pour la fille d'ailleurs.


Thomas était trop habitué à ce genre de détail pour ne pas soupçonner d'occultes interventions pour faire classer ces affaires le plus rapidement possible.
Tout ce qu'il espérait c'est que son cousin ne soit pas mêlé pas à la thèse suivie par cette jeune fille.


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Ralph retourna à l'étude de ces courbes sur le Pétrole; Il nota quelques dates repère :
1939 Début de la seconde guerre mondiale
1945 Explosion premières bombes atomiques
1947 Apparitions médiatiques des UFOS
1949 Construction effrénée de raffineries de pétrole aux USA
1953  Début des premières importations de pétrole des USA
 
Il avait besoin de repères pour son RV avec Ronald, si il voulait obtenir des résultats tangibles
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