A bout de force.

delphine

          Assise sur un fagot de bois, elle fumait sa dernière bouffée toxique du soir. De ses lèvres violacées par le vent hivernal sortaient de larges volutes de fumée grisâtre semblables aux chapiteaux des colonnes ioniques. La jeune femme ne se lassait jamais de son passe-temps suicidaire. La cigarette achevée, elle rentra dans son intérieur fort délicat décoré de l'ancien style Art Nouveau.
A minuit passé, sous les coups d'un profond ennui, elle ouvrit un livre afin de s'endormir. Cependant, elle ne put le commencer puisque ses pensées l'accaparaient tant qu'elle n'arrivait désormais plus ni à réfléchir ni à se concentrer. C'est pourquoi elle mit en route sa télévision et laissa les chaînes musicales défiler. Confortablement installée sur son sofa rouge, le sommeil la gagna.

         Quelques heures après, encore abasourdie par une nuit agitée de cauchemars funestes, le brouhaha habituel de ses voisins bruyants la réveilla. La dormeuse préféra prolonger son séjour dans son lit une partie de la matinée durant laquelle ses draps s'amusèrent à marquer son corps froid. L'âme errante, elle tâtonnait vers sa cuisine afin d'avaler quelques gorgées d'un café préparé à la hâte la veille au soir.

         Aujourd'hui, elle ne travaillait pas, elle avait décidé qu'elle passerait la journée emmitouflée sous sa couette. En effet, depuis que l'amant était parti, elle n'avait plus la force d'affronter la vie.

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