A Dieu

jezzabel

Sorte de lettre d'adieux cyclique, différente et pourtant toujours inchangée

Lettre à d'autres,

Il est des destins qui changent, des avenirs secoués par des tréfonds éviscérés qui se transforment, des destinées qui sans être gaies s'éclaircissent.

Un épais brouillard s'est dissipé du futur qui m'attendait,

je l'ai vu aussi clair qu'il était possible de voir...

un précipice abrupte vers la fin.

J'ai eu peur au début, puis le soulagement m'a prise de force. Je ne pensais pas jusqu'alors qu'il était possible d'être violée par une sérénité profonde et amicale.

Voir ce que je craignais m'a permis d'appréhender demain avec déférence.

Depuis des années, il était question d'envolées : à quoi bon continuer ? Des questions rhétoriques qui pourtant d'elles-mêmes attendaient tellement de réponses : « rien » n'a en réalité, jamais suffit et ne suffisait plus.

J'aspirais conformément aux règles, à être normale, normée... ne plus être enchaînée à si peu d'unicité, si peu de singularité, une simple adaptation à la modernité qui m'avait tant donné mais aussi tant repris.

Trop consciente des choses, elles avaient finies par me dévorer, moi infime petite particule si insignifiante qu'elle finit par se convaincre d'exister.

Aujourd'hui, je suis perdue en m'étant retrouvée. Je n'ai pu résister à des années d'appels implorés de ce monde à qui, sans être le mien, j'appartenais.

Mes paroles aseptiques, anecdotiques ne finiront peut-être pas en lettre morte.

Sachez si vous me lisez que lorsque le moment sera venu et que je me tiendrai au bord, en regardant en bas, j'aurai le moral haut. En sautant, si mon instinct de survie m'y pousse, je penserai sans doute au scandale de l'erreur dépressive, mais grâce au ciel, je ne pourrai plus rien y changer. La vérité me rattrapant aussi vite que la vallée :

Naître rien n'est rien, le plus difficile est de le rester.

Je vous aime et vous m'aimiez mais cela n'y aura rien changé.

                                                               à d'autres destinées.

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