A DIX HUIT OU VINGT ANS
Pierre Pérès Allouche
A DIX HUIT OU VINGT ANS…
A dix huit ou vingt ans je rêvais être star
A plus de cinquante ans il est déjà trop tard
Pour jouer les vedettes
Pour me prendre la tête
Alors je joue la star au fond d’un piano bar.
A dix huit ou vingt ans j’n’avais rien à chanter
A plus de cinquante ans je peux tant raconter
Parler avec aisance
Et plus de clairvoyance
De choses que la vie a su me tricoter.
A dix huit ou vingt ans j’étais comme un géant
A plus de cinquante ans j’ai depuis fors longtemps
Percé quelques mystères
Et les pieds bien sur terre
Je ne veux plus combattre des moulins à vent.
A dix huit ou vingt ans ce monde était le mien
A plus de cinquante ans je n’en attends plus rien
Sinon quelques surprises
Quand l’amour me reprise
Quelques accrocs laissés sur le bord du chemin.
A dix huit ou vingt ans j’étais impétueux
A plus de cinquante ans me voilà vertueux
C’est peut-être en souffrance
Toute la différence
Si vieillesse pouvait ce que jeunesse veut.
A dix huit ou vingt ans les mots sont volatils
A plus de cinquante ans ils deviennent subtils
Avec plus de substance
Et moins d’intolérance
Ils vont à l’essentiel, moins gamins, plus virils.
A dix huit ou vingt ans j’avais toujours le temps
A plus de cinquante ans je compte mes printemps
Chaque jour se compose
Au rythme de l’arthrose
Et je crie haut et fort : « C’est beau d’avoir vingt ans. »
C’est beau d’avoir vingt ans, alors profitez-en,
Croquez dés aujourd’hui l’amour à pleines dents,
Et quoique l’on vous dise
Ou que l’on vous prédise,
Sachez bien que la vie c’est encore épatant
A plus de cinquante ans. (2)