A genoux
Mireille Roques
A genoux… Elle s’est mise à deux genoux,
Au bout du monde, au bout de tout ;
Un fichu sur ses cheveux noirs,
A bout de forces, à bout d’espoir.
Partir… Il avait bien fallu partir,
Fuir les bourreaux et les martyrs,
Ne plus se courber sous le joug
Et ne plus vivre à genoux
A genoux… Elle tient entre ses mains crispées
Un carton où des mots tremblés
Disent la faim et s’il vous plaît
Disent le froid et par pitié…
Partir…Il avait bien fallu partir,
Quitter amours et souvenirs,
Ne plus se laisser mettre en joue
Et ne plus tomber à genoux
A genoux… Les gens en l’approchant s’écartent
Cherchent un ticket, sortent une carte,
Il va pleuvoir il se fait tard :
7 heures du soir, gare Saint Lazare
Partir…Il avait bien fallu partir
Entre deux peurs devoir choisir,
Ne plus se rompre sous les coups
Et ne pas mourir… à genoux
Partir… Elle aussi, elle voudrait partir
Vers un ailleurs, un avenir,
Ne plus se traîner à genoux
Et pouvoir vivre enfin… DEBOUT.