A la poursuite de l'insaisissable
anonymous-writer
Du haut d'un promontoir laissé vacant par les générations aveuglées, le regard au loin, impassible. Statue de la déchéance sur son socle bancal, individu lambda sans statut remarquable.
Cherchant à ouvrir les yeux, désillusion qui crève sa bulle et l'éloigne de sa candeur ingénue. Tombé des nues. Surplombant le marasme qui s'étale à perte de vue, tableau terne et désolant d'une espèce attirée par le "tout compris" pour ne plus avoir à comprendre.
Partisans du moindre effort bien qu'ils ne sachent plus consciemment prendre parti, ils suivent le courant, le torrent qui à chaque crue emporte des innocents dans les profondeurs de l'obscurantisme.
Pour dépasser le simple constat fataliste, c'est dans les souterrains qu'il faut se risquer. Retourner aux origines, descendre parmi les entrailles de la Terre. Sur le passage, croiser dans les sous sols des fourmis lasses accomplissant leur tâche hâbitées, absentes. Puis continuer toujours plus bas, en quête d'une vérité insaisissable.
Frisant la surchauffe de son moteur cérébral, ralentir peu à peu, mais s'acharner pour surpasser son être, ses peurs. Voyage introspectif, traquant les racines du mal qui se répand à la surface.
Mais l'essentiel n'est pas d'atteindre ce après quoi l'on court. C'est la poursuite de cet idéal fugitif, c'est ce dont on prend conscience le long du parcours.
Et, arrivé au point mort, esseulé dans l'abysse suffocante, remonter vers la lumière imprégné de cette expérience enivrante. Au gré des trajectoires, exécutant les mouvements si familiers et pourtant délaissés du ballet de l'Humanité: Le mouvement.