A la recherche de l'Amour perdu

mylou32

suite 1

Mon rêve de vivre auprès de lui s'est brisé, comme une vague sur des rochers. Aucun ressac. Pourquoi? mes interrogations sont nombreuses et restent sans réponses. Où est la clé pour m'ouvrir les portes du chemin qui me mènent à son coeur? Je m'égare, mes larmes coulent en silence quand le steward me demande gentiment d'abaisser ma tablette devant salade verte, fromage et vin rouge, poulet et purée, je mange pour faire comme mes voisins, l'appétit n'y est pas, je ne me souviens plus du goût. Repas insipide , j'ai d'autres préoccupations que de me nourrir. Après le service restauration, vient la soirée cinéma:"Le cousin" avec Patrick T , film violent où à côté une mère cache les yeux de sa fille quand le sang coule sur l'écran. Je fais le vide dans ma tête, mes paupières se ferment, je retrouve le vide du noir sommeil, quelques minutes. Je ne trouve pas de position confortable, mes jambes sont engourdies et je ne puis les étendre. Au petit matin, les passagers commencent à bouger et se lever pour aller aux toilettes. De temps en temps un passager soulève le rideau et une lumière éblouissante jaillit en faisceau lumineux dans l'avion troublant la pénombre artificielle. Les hôtesses s'activent et nous servent le petit déjeuner, elles sont fraîches comme des roses et leurs sourires calqués sur leurs visages nous réveillent davantage. L'arrivée: le commandant l'annonce d'une voix morne, fatigué de le répéter, le récitant presque. Les conversations s'arrêtent. Une vidéo des endroits de l'île à visiter nous tient en haleine, puis un vent d'excitation, d'étonnement traverse l'appareil à l'annonce de la température "trente-six degrés!" A l'atterrissage et l'immobilisation de l'appareil, je bondis dans l'allée, je suis la première devant l'écoutille, attendant l'ouverture de la porte. Enfin elle s'ouvre, la chaleur et le soleil envahissent le palier, je suis dehors, un voile de chaleur me suffoque, j'ai du mal à respirer, mon coeur cogne dans ma poitrine. Emotions pures, impossible à décrire. Je descend les marches machinalement. Une rangée de policiers m'indique la route à suivre. Je me sens robot; je suis le mouvement des passagers et montre mon passeport avant d'arriver à la salle des bagages. Derrières de grandes baies vitrées, des visages inconnus nous observent, je panique quelques instants pour une banale pièce de dix francs pour le chariot. Je m'allume une cigarette pour me poser, me calmer(cela fait onze heures que je n'ai pas fumé), au fond de mon sac à main je trouve de quoi débloquer l'un de ces maudits charriots pour récupérer mes bagages: toute ma vie est là : mes effets personnels. Je me sens seule à cet instant, seule mais tellement grande, j'ai fait un grand voyage et je ne m'en croyais pas capable. Je traîne tous mes bagages et franchis la douane sous l'oeil goguenard des douaniers. Je comprends pourquoi: je suis habillée à la française: pantalon, chemisier à manches longues, veste que je quitte rapidement et encore!, ils ne savent pas que sous mon pantalon j'ai des collants, je sue à grosses gouttes quand je capte le regard de ma mère, à ses côtés un homme que je reconnais entre mille: Le père P: mon père, que je crois toujours mon père. Elle fend la foule de son pas lourd et me cueille dans ses bras en pleurant. Je pleure avec elle, j'ai atteint un but, je ne sais lequel encore. Le corps de ma mère contre le mien me pèse, j'étouffe(en plus de la chaleur) je me sens engluée dans une robe de chair collante, humide et dégoutante. Je capte le regard de Père P au dessus de son épaule et je me retrouve dans un mouvement impulsif dans ses bras: "Ma petite fille chérie, c'est toi Myléne? comme tu es belle! c'est toi ma fille?"ses petits yeux noirs me dévisagent cherchant je ne sais trop quoi. Il me serre dans ses bras et là au creux de son épaule, j'ai l'impression d'être arrivée à bon port...

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