A Rhoxâne, chatte Sacrée de Birmanie
aude-castell
Rhoxâne
Je l'ai baptisée Rhoxâne
Doux nom d'une princesse Persane
Qu'enleva Alexandre à Sogdiane.
De princesse, elle a la beauté
Mais aussi la préciosité
N'eut égard à sa royauté.
Tout en elle n'est que grâce
Jusqu'à la pointe des moustaches.
Choisit les meilleures couches
Le linge propre, la laine douce.
Dédaignant le mulot et l'oiseau
Se délecte du plus petit souriceau.
Elle ne marche pas, elle danse
Toute posture n'est qu'élégance.
Elle ne court pas, elle sautille
Comme évitant des escarbilles.
Si la rosée vient à mouiller
Le velours de ses petits pieds,
Secoue une à une ses pattes
En rentrant dans ses pénates.
A sa fourrure bien ordonnée,
Elle porte un soin particulier
Et ôte à petits coups de langue
Ce grain de sable qui dérange.
Féminine jusqu'au bout des griffes
Elle a parfois quelques caprices.
Si son frère Monsieur Rangoon
Vient lui jouer quelque bon tour,
Elle gronde, feule et crache
Cinglante comme une cravache.
S'en va la mine courroucée
En digne Majesté offensée.
Puis retourne et se ravise
Et d'une façon exquise
Promène au nez de l'incompris
Une queue plus que lascive.
Elle est aussi douce et câline
Caressante soie de chine.
Répondant à nos caresses
Par de multiples tendresses.
Elle ne miaule pas, elle chante
Et sans cesse nous enchante
De sa voix de tourterelle
De vocalises toutes aussi belles
Qu'une Diva de l'opéra.
Mais un jour il me faudra
Me résoudre à son trépas,
Ma jolie princesse Birmane
A une sale maladie rénale.
En hommage à sa beauté
Et à l'Amour qu'elle nous portait
Dans mon jardin, j'élèverai
Le plus beau des mausolées.
Juillet 2012