A toi.

briseis

Chère Joséphine.


Je sais qu'en ce moment, ça ne va pas trop fort. Il t'est arrivé des trucs pas toujours très sympathique, cette année. Je sais que souvent, il t'est venu l'idée de tout abandonner. Baisser les bras, laisser couler la vie comme tous les autres, sans plus jamais te battre pour l'avenir radieux que tu imagines quelquefois, cela revient souvent. Tu souris, cependant ; c'est bien. Je ne veux pas que tu oublies, malgré tout ce que peut réserver la vie, que tu peux toujours être heureuse. Ce n'est pas facile parfois, de trouver de la joie dans ce qu'il y a de l'existence humaine de plus angoissant. Ce n'est pas le plus triste, ni le plus terrible. Tu regardes ta vie en te disant qu'il y a pire, même s'il t'arrive de pleurer bien plus que les gens moins bien lotis.

J'aimerais te parler comme à une enfant, mais tu détestes cela. Certains adultes n'ont pas vécu ce que tu as pu vivre, ceux qui l'ont fait n'ont pas toujours réagi aussi bien que toi. C'est ce qu'ont dit les gens à qui tu en as parlé, tu te souviens ? Je crois que tu peux être fière, un peu au moins, pour réussir à aller bien, de temps en temps. Contentons-nous de cela, rien d'autre. Pardonne-toi les ratés, les pleurs, les colères ; respire un peu, et pardonne-leur aussi. La vie, ce n'est pas facile. Ça demande du courage. Si tu n'en as pas assez, ce n'est pas grave ; fais des pauses avec la vie. Personne n'est parfait, ne t'en demande pas trop. On avance petit à petit. Il y a des hauts, des bas. C'est ainsi.

On sait que ce n'est pas fini. Les galères viennent juste d'arriver. On va s'en occuper. Manger l'éléphant bouchée par bouchée. Je crois qu'il faut se mettre en tête que tu n'arriveras peut-être pas au bout entière, que tu n'arriveras peut-être pas là où tu voulais arriver. Peut-être. On y changera rien. Je crois qu'il faut l'accepter, et passer à autre chose. Se fixer d'autres buts, plus accessibles, peut-être. Plus humains.

Je sais que tu veux être quelqu'un d'extraordinaire. Je pense que tout le monde l'est. Je ne sais pas d'où t'est venu le besoin d'être la meilleure possible, de te surpasser, de guérir le monde, d'être ... Je ne sais pas. Faire partie des grands de ce monde, c'était ton rêve. Ça l'est toujours, d'ailleurs. Mais peut-être que ce n'est pas pour toi. Tu veux faire la différence, mais chaque jour qui est fait, tu te demandes si c'est ce qui te rendra heureuse. Quel paradoxe, de vouloir faire le plus grand bien, mais de ne pas toujours distinguer ce qui l'est pour soi-même. Quelle ironie. Tu as toujours été un peu compliquée à comprendre, pour moi. Et compliquante, aussi. Pourquoi tout est toujours si emmêlé dans ta tête, hein ? Il faudra travailler là-dessus, défaire tous ces sacs de nœuds. Mais cela demande tellement de temps et d'énergie ... Tu seras fatiguée. Tu es déjà exténuée. Pardonne-toi les faiblesses de ton corps qui ne suit pas toujours. Il n'a pas demandé à tomber malade, non plus. Prends-en soin, comme tu l'as fait. Bouge-le, un peu. Ca lui fera du bien.


Bien à toi,

Joséphine.


Ps: N'oublie pas la caisse du chat !

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